Pour le fan lambda, un lancer franc n’est pas précisément le moment le plus excitant du match. Nombreux sont les fans qui en profitent ainsi pour changer de chaîne, regarder leur téléphone, voire même faire un tour rapide du côté des toilettes. Pour les joueurs, en revanche, c’est une autre histoire. Plongée dans l’intimité de cette zone pas comme les autres.
The Athletic a sorti un excellent papier sur les règles et les codes non-écrits en vigueur durant les lancers francs, quand les joueurs profitent d’une pause dans le rythme effréné du jeu pour se retrouver côte à côte. Qu’est-ce que les joueurs peuvent bien se dire à ce moment-là ? Un peu de tout, à commencer par du trash-talking ou des blagues. Blake Griffin se souvient notamment des trolls de Tim Duncan :
« Chaque fois qu’on se mettait côte à côte, il était genre… Je me rappelle, ça devait être ma 3ème ou 4ème saison dans la ligue, il me regarde, et il me dit : « Ah tiens, t’es encore là ? » Je parlais tout le temps avec lui. Il y a beaucoup de gars avec qui tu parles à la ligne des lancers, et clairement, des relations se créent »
Des relations ? Pas pour Andre Drummond, qui est convaincu que son statut d’excellent rebondeur et sa présence en font davantage une menace qu’un potentiel camarade :
« Je ne dirais pas qu’on devient vraiment proche avec les gars [à la ligne des lancers], mais tu dis un ou deux trucs, une petite blague, quelques mots… La plupart du temps, cela dit, je suis du genre : « Gros, je te parle pas ». Mais si quelqu’un que j’aime bien ou un joueur d’élite me parle, je parle. Après, avec moi, l’objectif principal [de l’adversaire] est de me tenir loin du panier. Tu me laisses une fraction de seconde, et j’ai pris la position »
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Un peu plus loin du cercle et des colosses de 2m10, Ish Smith s’adonne lui à du trash-talking avec ses homologues meneurs et arrières. Sa technique ? Aux antipodes d’un Kevin Garnett ou d’un Gary Payton. Smith fait en effet dans le compliment plutôt que dans la critique pour déstabiliser ses adversaires. En attendant de savoir si ce procédé est efficace, sachez qu’il n’y a pas que du trash-talking ou de la confrontation à la ligne des lancers. Bien souvent, il y a même de la bienveillance, comme l’explique Blake Griffin :
« Si des jeunes ou des nouveaux rentrent dans le match, je profite de l’occasion pour les accueillir ou les féliciter, ce genre de choses. Les gars avec qui je m’entends le mieux, par contre, je leur parle moins »
Autre sujet populaire pour du small-talk pendant les lancers : les chaussures. Avec la levée des interdictions de la part de la ligue, les joueurs sont plus créatifs que jamais avec leurs sneakers. Langston Galloway en est persuadé : « Avec l’autorisation récente, les gars vont parler de plus en plus de ça à la ligne ».
Mais au-delà des petits mots et du trash-talking occasionnel, un sujet beaucoup plus surprenant : le box-out sur les rebonds… et ses petits arrangements. Et là, c’est de parole d’homme qu’il s’agit. Ça peut surprendre, mais souvent, le « low man » (l’intérieur de l’équipe adverse, situé le plus proche du panier) demande à son adversaire s’il va disputer le rebond ou non. La question ne se pose pas vraiment quand un mauvais shooteur est sur la ligne, mais beaucoup plus quand un sniper à la Steph Curry s’apprête à shooter. Le big man Jon Leuer des Pistons explique :
« Tu demandes à l’autre, c’est tout. « Hey, tu le joues vraiment celui là ? »
Mais alors comment être sûr de ne pas se faire flouer par un petit malin qui mentirait ? Zaza Pachulia vous donne la réponse dans son style caractéristique :
« Ils ont intérêt à être honnêtes. Sinon, la fois suivante, ils prennent un coup de coude. C’est une question du respect, tu dois être honnête. Si un bon shooteur est sur la ligne, son coéquipier peut te dire qu’il ne va même pas disputer le rebond. Si c’est un mauvais shooteur, évidemment, il y va »
Savoir si il doit se préparer à lutter au rebond, c’est bien la seule chose qui intéresse Zaza à la ligne des lancers. Tout ce qui est discussions de comptoir, compliments ou trash-talking ne lui importent pas :
« Je trouve ça idiot. Dans un match, il n’y a pas de temps pour ça. Tu veux parler de quoi ? Tu parles aux arbitres, aux coéquipiers et aux coachs. Je n’ai pas envie de parler aux adversaires, sauf si j’en connais un et que je veux le trash-talker ».
Du Zaza dans le texte.
Vous en savez en tout cas désormais un peu plus sur les codes et coutumes des joueurs pendant les lancers francs. Un sacré endroit, qui doit regorger de secrets qui ne sortiront probablement jamais…
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