Tony Parker est une véritable légende vivante à San Antonio. Après 17 saisons sous les mêmes couleurs, il a rejoint Charlotte à la surprise générale l’été dernier. Même les Spurs n’y croyaient pas. Plongez pour la première fois dans les coulisses du départ de TP.
Tout a commencé en mai 2017, avec la grave blessure de Tony Parker au genou. Les premiers retours plongent les Spurs dans la stupeur : le meneur de jeu ne reviendra peut-être jamais en NBA. Refusant la fatalité, TP attaque sa rééducation comme son plus gros challenge. Chaque jour, il bosse, encore et encore. Son coach actuel James Borrego, encore assistant à San Antonio à l’époque, se souvient l’avoir vu en salle de musculation lors de la reprise. La première phrase de Parker, entre deux exercices ? « Je ne partirai pas de cette manière ».
Alors il a travaillé dur comme jamais, est revenu avec une large avance sur les temps de passage, et a repris la mène de San Antonio à 35 ans. Une responsabilité trop lourde pour un joueur si âgé, et revenant surtout d’une blessure qui aurait pu lui coûter sa carrière : en janvier, il cède sa place de titulaire à Dejounte Murray comme un gentleman. La saison galère des Spurs se termine finalement, marquée par une embrouille avec Kawhi Leonard que TP regrette (« c’est incroyable et faux si les gens pensent que [mes commentaires] l’ont fait partir, j’adorais jouer avec lui »). Vient alors le temps de parler business.
« Ils n’ont pas vraiment pris au sérieux un potentiel départ de ma part. Pop m’a dit que j’allais être le troisième meneur, et j’ai dû réfléchir très sérieusement à la question de savoir si j’allais rester. Puis je lui ai dit que je ne resterai pas. Je pense qu’ils ne croyaient vraiment pas que j’allais partir, quoiqu’il arrive. Je crois qu’ils pensaient que je ferais comme Manu et que je resterais. »
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Mais Parker a encore trop d’énergie et trop de choses à prouver pour cirer le banc et « devenir coach avant d’être coach ». Les Hornets lui viennent alors à l’esprit. James Borrego a été nommé coach là-bas, et TP veut jouer pour un entraîneur qui le connait sur le bout des doigts. Il contacte Nicolas Batum, échange avec lui. Quelques jours plus tard, Batman apostrophe son entraîneur : « Je crois qu’on a une chance de récupérer Tony ». Borrego, lui aussi, a du mal à y croire. TP se souvient :
« Comme Pop et R.C. Buford, JB ne pensait pas que j’allais partir. Donc je l’ai rappelé 2 ou 3 jours après, et je lui ai dit : « Je ne dis pas ça pour faire augmenter l’offre des Spurs. Faites-moi une offre, et je signe directement »
Deux autres facteurs ont fini d’ancrer la décision de Tony Parker : un coup de téléphone de Michael Jordan, propriétaire des Hornets et idole d’enfance du Français, ainsi que la retraite de Manu Ginobili : « Quand Manu m’a dit qu’il était à 99% sûr de prendre sa retraite, ça a rendu la décision plus facile. Je me suis dit que si Timmy et Manu n’étaient plus là, ce ne serait plus pareil ».
Avant de définitivement s’engager pour Charlotte, TP s’est justement tourné vers Tim Duncan et sa sagesse légendaire. Les deux hommes se sont retrouvés au milieu de nulle part, dans le ranch de l’ancien numéro 21 des Spurs. Au programme ? Une chasse au sanglier (infructueuse), puis une discussion jusque tard dans la nuit :
« C’était juste lui et moi. C’était cool. On a parlé de ma situation, et il était genre : « Je comprends ». Parce qu’il était dans la même situation. Il aurait pu rester encore, mais il ne voulait pas finir en ne jouant presque plus. On a parlé de tout, et Timmy m’a juste dit de suivre mon cœur »
La décision prise, il était temps de l’annoncer à Gregg Popovich. Une ultime rencontre entre Pop et celui qu’il a si souvent qualifié de « fils ». TP en garde un souvenir ému :
« C’était dur. Sa voix était un peu tremblante. J’ai dit : « Tu sais, Pop, je t’adore. Et j’aimerai toujours les Spurs. Mais je ne peux pas rester parce que je ne pense pas que j’en ai fini, et je ne pense pas que ce soit la bonne solution. Je ne veux pas finir sur le banc et ne pas jouer. »
Après ça, c’était scellé. Parker est parti du côté de Charlotte, où il s’éclate dans son rôle de mentor et a retrouvé des jambes et de la liberté sur le terrain. Les Spurs ont eux aussi su faire la transition, et cela malgré la grave blessure de Dejounte Murray.
Ce soir, ce ne sont pas les souvenirs de ces ultimes semaines qui remonteront à la surface, mais bien ceux des 17 années précédentes. De 4 titres de champion, d’une aventure sportive et humaine exceptionnelle, qui a marqué à jamais l’histoire du sport américain. Les larmes risquent de couler.
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