Luka Doncic a déjà une main sur le trophée de Rookie de l’Année alors que nous n’en sommes qu’à la mi-saison. Le Slovène impressionne et fait taire les critiques, au point d’être considéré comme le successeur de son coéquipier Dirk Nowitzki dans le Texas. Si Luka réfute modestement la comparaison, la comparaison se justifie. Explications.
Plus de références pour Doncic
Quand Dirk Nowitzki est arrivé en NBA en 1998, c’était un joueur de deuxième division allemande, à Würzburg. Il était peu connu aux yeux du grand public, mais son potentiel ne faisait pas de doute. Au point que Don Nelson, un des meilleurs coachs de l’histoire, a absolument tenu à l’avoir dans son équipe des Mavericks.
Pour Luka Doncic, son parcours est étonnant de précocité. Il est arrivé au Real Madrid à l’âge de 13 ans et a fait ses débuts avec l’équipe professionnelle à 16 ans, devenant le troisième plus jeune joueur de l’histoire du championnat espagnol. Il a continué son irrésistible ascension en contribuant à la victoire de la Slovénie lors de l’Eurobasket 2017, puis en étant nommé MVP de la saison régulière et des finales de l’Euroleague la saison dernière, compétition qu’il a d’ailleurs remporté avec le Real.
Sous-estimés lors de la draft ?
Pourtant, lors de la draft, le Slovène est tombé en troisième position, après avoir été longtemps considéré comme un potentiel premier choix. Il a de plus été échangé dans la foulée par les Atlanta Hawks aux Dallas Mavericks contre Trae Young. Pourquoi une telle réticence ? De nombreux scouts ont pensé que Doncic n’arriverait pas à faire la transition Europe-NBA malgré toutes ses qualités. En cause, son premier pas jugé trop lent, des doutes sur sa défense, et même sur son shoot à 3 points. Charles Barkley a considéré qu’il « jouait contre une opposition de m****« .
Pour Nowitzki, c’est un peu la même situation. Des voix se sont élevées, notamment sur son physique trop frêle. Il est intéressant de noter que lui aussi a été échangé aux Dallas Mavericks, cette fois-ci en provenance des Milwaukee Bucks. La différence, c’est que si Don Nelson le voulait absolument, le propriétaire de l’époque Ross Perot Jr a mis son veto sur ce choix. Les Mavericks avaient donc drafté Robert Taylor à la place, avant l’échange avec les Bucks.
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Une influence sur la manière de voir les Européens ?
S’il est encore trop tôt pour juger l’apport à long terme de Luka Doncic, la comparaison avec Dirk Nowitzki amène à se poser la question de l’influence qu’il va avoir sur la perception des Européens outre-Atlantique. L’Allemand a inspiré toute une génération, et a transformé la vision des scouts sur les européens (ce que les drafts en 2001 de Pau Gasol et Tony Parker ont également confirmé). Beaucoup de jeunes intérieurs lui ont été comparés, et cela a créé un engouement autour des big men européens, parfois à tort. Deux exemples : les immenses déceptions qu’ont été Darko Milicic, deuxième choix en 2003 (devant Carmelo Anthony, Chris Bosh et Dwyane Wade), et Andrea Bargnani, premier Européen numéro 1 de la draft, en 2006 (devant LaMarcus Aldridge, Rudy Gay, ou Rajon Rondo).
Le chemin est encore long pour Luka Doncic. Mais la précocité qu’il a montré depuis ses débuts en NBA laisse présager du meilleur pour lui. Dernier exemple en date, son match monumental dans la nuit de vendredi à samedi. Sa performance de 29 points, 8 rebonds et 12 passes, ainsi que sa maîtrise du money time (7 points dans les 90 dernières secondes et premier rookie depuis 1999 à inscrire 3 go-ahead buckets dans les 2 dernières minutes) ont permis aux Mavs de l’emporter à l’arraché sur les Wolves. Sa moyenne de saison de 20 points, 6.7 rebonds et 5 passes parle également pour lui. Quoi qu’il en soit, Luka Doncic a eu la chance d’être tombé dans la même franchise que son illustre aîné, et qui croit en lui pour construire l’avenir. « Il se comporte comme un gars qui a 10 ans d’expérience », s’extasiait encore Dirk à propos du jeune Luka avant le match face aux Wolves.
Luka Doncic pourra-t-il devenir le deuxième européen à être nommé MVP de la saison régulière (le premier n’étant autre que Dirk Nowitzki) ? La balle est désormais dans ses mains, et l’avenir devant lui.
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