Bienvenue dans notre rubrique « Et si on redraftait ? » . Le concept est inspiré par celui du média HoopsHype mais reste, bien sûr, totalement adapté à notre vision. Le principe ? Il est simple. On reprend une draft NBA et on refait une sélection dans l’ordre qui serait le plus logique si elle devait avoir lieu aujourd’hui.
Les critères ? Ils sont larges, mais sont basés en priorité sur l’impact du joueur sur le jeu et sur la ligue, le niveau global de sa carrière, son niveau intrinsèque, sa longévité et sa régularité à travers les années. Pour les drafts suffisamment récentes, la marge de progression peut également entrer en compte. Pour les drafts où la majorité (ou tous) des joueurs sont à la retraite, ce sera les mêmes critères, mais avec évidemment un regard beaucoup plus global sur l’entièreté d’une carrière et ses accomplissements. Par contre, l’ordre n’est absolument pas influencé par les équipes qui pickaient à l’époque, nos choix en sont totalement indépendants. Étant donné que procéder sur 60 choix sera rarement très pertinent, nous nous contenterons de simuler le 1er tour en s’attardant prioritairement sur le top 10.
Pour cette fois, intéressons-nous donc à la promotion de 1998. Le 24 juin de cette année-là, alors que l’Équipe de France de football affronte le Danemark en Coupe du Monde et s’apprête à vivre le plus grand moment de son histoire quelques semaines plus tard, de l’autre côté de l’Atlantique se tient la draft NBA. Dans l’histoire des grandes drafts, celle-ci ne revient pas forcément de manière régulière dans nos esprits. Elle est pourtant solide et possède de sérieux arguments en sa faveur. Retour sur une des cuvées les plus complètes des 20 dernières années.
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1. Dirk Nowitzki (Position réelle : 9ème)
En attendant que Giannis Antetokounmpo ou Luka Doncic viennent peut-être le détrôner un jour, Dirk Nowitzki est considéré assez unanimement comme le meilleur joueur européen de l’histoire en NBA. MVP, Champion NBA, 7e meilleur scoreur de tous les temps, 13x All Star… L’Allemand vient d’entamer sa 21e saison dans la ligue, le tout sous un seul et même maillot. Encore un record pour un homme au CV long comme le bras. Détenteur d’un style de jeu à part, il a révolutionné le poste 4 à son arrivée et a laissé son empreinte de bien des manières. Notamment grâce à un signature move souvent copié mais jamais égalé : le fadeaway sur une jambe. Homme d’une seule franchise à la personnalité plus qu’attachante, il est bien plus que le meilleur joueur de cette draft. Il fait tout simplement partie de la crème de la crème du basketball tous temps confondus.
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2. Paul Pierce (Position réelle : 10ème)
Le n°34 des Celtics n’était pas Kobe, ni LeBron. Mais il fut peut-être le plus féroce adversaire direct de ces deux énormes légendes. Ce qui vous classe un compétiteur. The Truth était le style de joueur qui vivait pour les grandes échéances et les moments clutchs. On pourra toujours être déçu de ne pas l’avoir vu terminer sa carrière à Boston, une tenue qui semblait être la seule à lui convenir. Car c’est bien dans un maillot vert que Pierce restera dans les mémoires, même si son passage de qualité à Washington mérite d’être mentionné. Dans l’une des plus grandes franchises de l’histoire, il a su créer sa propre légende pour en devenir l’un des joueurs les plus marquants. Depuis quelques mois, son jersey est désormais élevé au plafond du TD Garden, rejoignant celui d’une ribambelle de légendes du jeu dont il fait aujourd’hui entièrement partie.
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3. Vince Carter (Position réelle : 5ème)
Non, Nowitzki et Pierce ne sont pas les seuls futurs Hall Of Famers de cette draft. C’est le destin qui est également promis à Vinsanity…. Quand il en aura fini avec ce sport. Car pour le moment, celui qui est actuellement le joueur le plus âgé de la ligue, semble encore prêt à prolonger son passage dans la ligue. Contrairement à ses deux compères, il prendra sans doute sa retraite sans aucune bague mais son empreinte n’en restera pas moins forte. Joueur parmi les plus influents des années 2000, Vince Carter était de ces stars auxquels les gosses voulaient ressembler, partout autour du monde. Sa prestation lors du concours de dunks 2000, sans doute la meilleure jamais vue, a marqué plusieurs générations et restera dans les esprits pour encore un très long moment. Si son palmarès collectif peut laisser à désirer, il aura quoiqu’il arrive laissé des souvenirs impérissables durant ses 21 années dans la ligue.
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4. Antawn Jamison (Position réelle : 4ème)
Antawn Jamison est-il un joueur sous-estimé dans l’histoire de la NBA ? Tout porte à croire que oui ! All-Star à deux reprises, cinq saisons à plus de 20 points de moyenne, plus de 20 000 points en carrière… Les adeptes de la NBA des années 2000 se souviennent forcément de ses années fastes à Golden State en tant que franchise player ou encore du trio percutant qu’il formait avec Gilbert Arenas et Caron Butler du côté de Washington. Un “big three” qui se cassa malheureusement plusieurs fois les dents sur LeBron James en playoffs. Comme beaucoup de grands joueurs, sa fin de carrière n’a pas été à la hauteur de son parcours, s’en allant dans l’indifférence après deux saisons à Los Angeles. D’abord chez des Lakers à bout de souffle, puis en tant que vétéran en fin de rotation chez les Clippers.
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5. Rashard Lewis (Position réelle : 32ème)
Que le sentiment devait être doux. Ce 20 juin 2013 lorsque Rashard Lewis a enfin pu toucher et contempler son premier trophée Larry O’Brien, à 33 ans. Une juste récompense pour un joueur dont les performances ont souvent été oubliées. De son rôle de scoreur fou chez les Supersonics en passant par celui de maillon essentiel chez le Magic. C’est justement à Orlando qu’il connaîtra le goût de ses premières Finales, perdues face aux Lakers. Une désillusion qu’il effacera quatre ans plus tard avec Miami, avec un rôle moindre, certes, mais utile. Un titre rendu possible grâce à un shoot légendaire de Ray Allen dans le game 6. Ray Allen. Son fameux binôme avec qui il avait tant briller auparavant du côté de Seattle. L’histoire est belle. Il laisse derrière lui de sérieux accomplissements, tels que deux sélections au match des Étoiles ou sa présence dans le Top 15 des meilleures gâchettes à 3 points de l’histoire.
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6. Mike Bibby (Position réelle : 2ème)
La place de Mike Bibby dans l’histoire aurait pu être tout autre si les Sacramento Kings étaient parvenus à remporter un titre si convoité au début des années 2000, tant son aura était indispensable dans ce collectif. Avec une bague en plus, aurait-il pu être l’égal d’un Chauncey Billups dans les mentalités ? Peut-être. Mais la faute aux Lakers (ou une théorie du complot pour d’autres), le meneur n’a jamais pu assouvir ses ambitions de champion. Tout comme Chris Webber. Eux n’ont jamais eu la chance de remporter un titre en fin de carrière comme leur ami Peja Stojakovic. Mais ce produit de la fac d’Arizona restera dans cette liste des “perdants magnifiques” ayant su marquer une génération. Il est d’ailleurs le joueur favori d’Evan Fournier, qui a grandi au son de ses exploits.
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7. Jason Williams (Position réelle : 7ème)
Lorsqu’on jette un coup d’oeil aux statistiques en carrière du “White Chocolate”, ce sont celles d’un joueur assez ordinaire. Ce qui le dessert forcément lorsqu’on se retourne sur son parcours. Mais au-delà de ça, son impact fut considérable dans la ligue. Connu de par sa créativité et sa folie, illustrées par ses passes et ses dribbles, il avait l’insouciance d’un joueur de playground mêlé au Q.I. basket d’un vrai meneur de jeu. Une vision hors pair qui l’a notamment guidé à une place de deuxième meilleur passeur du championnat en 2003. Et que dire de sa capacité à défier les limites du possible comme ce jour où il a osé tenter (et réussir) une passe aveugle du coude, restée dans la légende. À défaut d’être un immense joueur de basket, Jason Williams était un formidable créateur et a su marquer la culture de son empreinte. Lorsqu’on cite les Allen Iverson et autre Penny Hardaway, l’ancien meneur des Kings a également souvent sa place parmi ces joueurs qui ont transposé des codes forts de la culture street dans ceux du basketball professionnel. En 2006, il est le meneur titulaire d’une équipe de Miami championne NBA, terminant meilleur passeur des Finales. Avec Gary Payton en back-up s’il vous plaît. Certes, Williams ne laissera pas la même trace qu’un “The Glove” dans l’histoire, ou que tout autre meneur dominant. Mais il est bien devenu une icône. À sa façon.
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8. Larry Hughes (Position réelle : 7ème)
Les Cavs sur lesquels Antawn Jamison et Washington se sont souvent cassés les dents, Larry Hughes en a fait partie. Lieutenant de LeBron James -durant la fulgurante ascension du Chosen One- après avoir été associé d’un Michael Jordan en fin de carrière, aux Wizards justement, l’arrière a souvent été en bonne compagnie. Ce qui n’enlève rien à son talent qui le rendait redoutable des deux côtés du terrain. Scoreur de métier et intercepteur fûté, sa capacité à enflammer un match était aussi implacable que sa frustrante irrégularité. Celui qu’on appelait “Smooth” a été un joueur qui compte dans la première partie des années 2000 et il serait bien de s’en souvenir.
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9. Cuttino Mobley (Position réelle : 41ème)
10 saisons et 4 franchises pour une moyenne de 16 points, voilà le rendu affiché par l’un des plus gros steals de cette draft. Cet arrière spécialisé dans le scoring et au shoot souvent redoutable a fait souffrir quelques défenses durant son passage dans la ligue. Tout particulièrement aux Rockets. Indispensable, il passait plus de 40 minutes sur les parquets lors de ses trois dernières saisons dans le Texas. Bien avant James Harden, un arrière gaucher sévissait déjà à Houston. Mais son tandem avec Steve Francis n’était pas destiné à perdurer. Soulignons que sa fin de carrière aux Clippers fut plus qu’honorable. Il eu notamment sa part de responsabilité en 2006 lorsque la franchise retrouva les playoffs après 8 ans d’absence, le tout en passant un tour pour le première fois en 20 ans. Il tournait même à 16 points par match lors du 1er tour.
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10. Al Harrington (Position réelle : 25ème)
Drafté en 25e position par Indiana sans passer par la fac, Harrington a d’abord eu du mal à s’imposer malgré une concurrence pas très forte à son poste. Il lui faudra attendre sa quatrième saison pour devenir un 6ème homme de qualité (passant d’ailleurs tout proche du trophée en 2004, finalement obtenu par… Antawn Jamison) et sa septième année et un départ chez les Hawks pour devenir un titulaire à part entière dans la ligue pour quelques années. En 2009, il délivre sa meilleure saison en carrière chez les New York Knicks, tournant à plus de 20 points de moyenne. Mais malgré des qualités certaines, il n’était pas le type de joueur autour duquel il était possible de construire un projet durable. À équipe instable, joueur instable. Les Knicks plonge et lui aussi. Après un passage correct à Denver, il termine par deux passages quelconques à Orlando et Washington. Une carrière bâtie autour d’un gros talent offensif, de quelques fulgurances et d’une forte polyvalence. Mais entre un palmarès vierge, un fort attrait pour le cannabis et un épisode pas très valorisant de trash-talking signé Paul Pierce resté dans les annales, beaucoup ne retiendront pas forcément le positif de la carrière d’Al Harrington. Peut-être à tort.
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Mais aussi :
11. Bonzi Wells (position réelle: 11ème)
12. Ricky Davis (position réelle: 21ème)
13. Raef LaFrentz (position réelle: 3ème)
14. Matt Harpring (position réelle: 15ème)
15. Rasho Nesterovic (position réelle: 17ème)
16. Michael Olowokandi (position réelle: 1er)
17. Nazr Mohammed (position réelle: 29ème)
18. Rafer Alston (position réelle: 39ème)
19. Ruben Patterson (position réelle: 31ème)
20. Tyronn Lue (position réelle: 23ème)
21. Michael Dickerson (position réelle: 14ème)
22. Pat Garrity (position réelle: 19ème)
23. Keon Clark (position réelle: 13ème)
24. Brian Skinner (position réelle: 22ème)
25. Jerome James (position réelle: 36ème)
26. Shammond Williams (position réelle: 34ème)
27. Greg Buckner (position réelle: 53ème)
28. Michael Doleac (position réelle: 12ème)
29. Robert Traylor (position réelle: 6ème)
30. Sean Marks (position réelle: 44ème)
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Bilan :
Marquée par l’énorme flop du premier choix, Michael Olowokandi, le curieux destin de Raef LaFrentz ou par la présence de gars instables (Davis, Harrington, Hughes…), la draft 98 a subi de nombreuses moqueries. Mais il serait temps de lui rendre ses lettres de noblesse. Avec trois hommes assurés d’entrer au panthéon du basketball en son sein, quelle draft peut se vanter d’avoir plus de Hall Of Famers certifiés sur les 20 dernières années ?
Réponse : La 2003 (qui est accessoirement l’une des toutes meilleures de l’histoire), peut-être, à terme, la 2009 (Curry et Harden + Derozan et Griffin ?) et la 2011 (Irving, Leonard, Thompson, Butler ?). Certes, au-delà du Top 10, les noms présents dans cette liste de 58 (et non pas 60) n’ont pas forcément une propension à durer dans le temps, ce qui nuit à son équilibre d’ensemble. Mais d’immenses joueurs et des noms très marquants ont pu éclore de cette belle promotion. Sans oublier des profils notables tels que l’auto-proclamé « Kobe-stopper » Ruben Patterson ou l’ex-roi des playgrounds, Rafer « Skip To My Lou » Alston. Mention pour les « undrafted », Brad Miller et Earl Boykins, auteurs de deux surprenantes carrières.
Vous pouvez également retrouver les autres numéros de notre chronique « Et si on redraftait ? » :