Lorsque LeBron James a signé à Los Angeles cet été, on imaginait tous que les stars suivraient aisément. Mais malgré leurs efforts, les Lakers n’ont pas su attirer un autre All-Star aux côtés du King cet été, ni même cette saison. Pourquoi ? Plusieurs raisons font office d’explication.
Ric Bucher de Bleacher Report a sorti aujourd’hui un papier très intéressant sur les raisons pour lesquelles beaucoup de stars de la ligue ne sont pas forcément prêtes à jouer avec LeBron James. Cet été, Paul George, qui avait pourtant rendu claire son intention de jouer à Los Angeles, a finalement préféré rester à OKC. A l’automne, Jimmy Butler avait mis les Clippers sur sa liste lors de sa demande de transfert, mais pas les Lakers. Même constat pour Kawhi Leonard, dont il se murmure qu’il préférerait les Clippers à leurs voisins s’il venait à rallier la cité des anges. Pas anodin, d’autant que du temps de Cleveland, déjà, Kyrie Irving s’était empressé de quitter l’ombre du King.
Ces défections ou ces refus s’expliquent d’abord par l’aura de LeBron James et ce que sa présence implique. « Si tu as LeBron, tout tourne autour de LeBron », résume Tyson Chandler, qui l’a rejoint il y a quelques semaines. « Il faut savoir coexister et accepter ça. C’est un sacrifice, mais c’est un sacrifice pour gagner ». Aucun problème pour des role players donc, au contraire, mais plus délicat pour des stars déjà établies. Kevin Durant complète :
« Ca dépend quel joueur tu es. Si tu es Kyle Korver, c’est logique. Ce n’est pas une option n°1 en attaque, loin de là. Donc il peut bénéficier d’un gars comme LeBron. Si tu es un joueur plus jeune comme Kawhi, s’associer à James ne fait pas beaucoup de sens. Il aime avoir le ballon dans ses mains, contrôler l’attaque, dicter le tempo sur ses post-up. Beaucoup de jeunes [stars] jouent comme ça, ils n’ont pas besoin d’un autre gars »
Trevor Ariza, en instance de départ de Phoenix, a le même avis sur la question :
« Les gars [comme Paul George et Kawhi] qui ont le même jeu que LeBron, pourquoi voudraient-ils jouer avec quelqu’un qui fait les mêmes choses qu’eux ? Je comprends qu’ils veuillent jouer ailleurs »
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En plus de la question évidente de la complémentarité pour des joueurs extérieurs comme ceux cités, il y a aussi la question du partage inéquitable des projecteurs : jouer avec LeBron, c’est s’effacer à son profit. Avant d’être coéquipiers du King, Chris Bosh et Kevin Love étaient des franchise players à part entière. Mais, s’ils ont certes glané leurs titres de champions, l’histoire se souviendra davantage d’eux comme des sidekicks de James. Ce choix, certains joueurs refusent de le faire. Rudy Gay, qui note que la nouvelle génération (avec Jayson Tatum notamment) n’a pas vraiment peur du King, perçoit ce changement :
« Beaucoup de joueurs sont revenus au mode de pensée : « Je peux être aussi bon que lui ». Et parfois, ils pensent que jouer avec LeBron, ça les en empêchera, car c’est lui qui a les opportunités de briller sur le terrain – et à juste titre, car il est excellent depuis si longtemps »
Kawhi Leonard, par exemple, est un de ces joueurs qui ne considèrent pas LeBron comme une référence à laquelle se mesurer : « J’ai quoi à prouver ? Il m’a battu en finale, et l’année suivante on l’a battu. Quand je joue un match contre lui, j’essaie juste de le gagner. C’est tout ». Autre problème lié, celui de l’héritage et de la legacy de LeBron. Un scout de la ligue confie :
« Plusieurs stars regardent la situation en se disant : « Pourquoi est-ce que je voudrais contribuer à améliorer son palmarès ? »
Vient enfin l’attention – voire l’admiration – que vouent les médias à LeBron. Une situation qui déplait fortement à Kevin Durant :
« Il a tellement de fanboys dans les médias. Même les beat writers l’admirent. Je comprends pourquoi il y en a qui ne veulent pas jouer dans cet environnement, car c’est toxique. »
L’idée, c’est aussi que si l’équipe de LeBron gagne, c’est grâce à lui, mais si elle perd, c’est la faute de ses coéquipiers. Être à ses côtés suppose donc d’être prêt à endosser un rôle ingrat. Kyle Lowry le reconnait volontiers :
« C’est l’effet LeBron. Il met beaucoup de pression sur toi, mais il en enlève beaucoup aussi. Tu sais dans quoi tu t’engages. Si tu as une personnalité assez forte, tu peux gérer ça »
Érigé par les médias et par la plupart des gens comme le meilleur joueur de la planète, LeBron James semble donc davantage susciter une envie de le battre qu’une envie de le rejoindre à ce stade de sa carrière. Et d’un point de vue compétitivité de la ligue, on ne va pas s’en plaindre. Reste à savoir si le King pourra attirer un autre joueur de très haut standing à L.A. avant la trade deadline. Sans ça, les Lakers risquent de ne pas menacer grand monde pour le titre.
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