2 décembre 2010. LeBron James fait son retour à Cleveland sous le maillot du Heat, dans une ambiance de haine et de dangerosité permanente. Retour sur cette soirée unique qui restera gravée à jamais dans la mémoire du King… pour les mauvaises raisons.
2 décembre 2010. C’est le grand jour. 6 mois après avoir quitté Cleveland alors qu’il leur avait promis fidélité jusqu’au titre, 6 mois après avoir mis en scène son départ dans « The Decision », désastre de communication que le King a depuis admis, 6 mois après être parti former une « superteam » sous le soleil de Miami, abandonnant derrière lui la grisaille de l’Ohio et les millions d’espoirs qui l’entouraient, en ce 2 décembre 2010, ça y est : LeBron James est de retour.
Pour l’occasion, il s’en doute bien, la rage et la haine d’une région entière vont lui revenir en pleine face. La veille, en ville, des bars ont collé des photos de l’idole déchue sur les urinoirs. Les maillots ont été brûlés, déchirés. Le Chosen One le sait. Il ne se défile pas :
Je comprends la passion des fans pour le sport. Je suis prêt à recevoir quelque réaction que ce soit.
Il avouera plus tard que c’était pourtant pire que tout ce qu’il avait imaginé. Dès sa sortie pour l’échauffement, James reçoit une indescriptible bronca. Quand les assourdissantes huées se taisent, elles laissent place à des chants. Les plus soft évoquent un « traitre », d’autres sont carrément des insultes (« asshole », « fuck you LeBron »…).
Enormément de fans des Cavs sont également venus au match avec des pancartes. LeBron y est injurié (« jerk », « traitor », « quitter », « liar », « crybaby »…) et souvent ramené à un simple lieutenant de Dwyane Wade (« You’re only a prince in Wade’s county »). La salle chante même « Scottie Pippen », symbole de l’éternel lieutenant.
A plusieurs reprises, certains spectateurs basculent même dans l’inacceptable. Des piles sont lancées sur le King, et une pancarte « tel père, tel fils » fait son apparition, en référence au père biologique de LeBron, qui a abandonné sa famille quand son fils n’était encore qu’un bébé. Au total, 5 fans sont expulsés de la salle durant la soirée – l’un d’entre eux étant même arrêté par la police et conduit au commissariat.
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Le match débute, et James est évidemment hué à chaque prise de balle. Il marque 10 points dans le premier quart-temps et climatise autant que possible la salle. Il finira la partie avec 38 unités, son plus haut total de la saison à ce moment-là, et une très confortable victoire (118-90). Après le match, le numéro 6 du Heat choisit de ne pas envenimer les choses :
Ce n’est rien de personnel. J’ai juste essayé de rester concentré. Je comprends leur frustration, et je sais que les choses auraient pu mieux se passer cet été. Mais j’avance.
Tous les observateurs sont unanimes. « Je n’ai jamais vu ça en 30 ans dans le basket« , explique Charles Barkley à l’antenne. Kenny Smith acquiesce. Howard Beck du Bleacher Report confirme :
En 21 ans à suivre la NBA et à assister à des centaines de match, je n’ai jamais rien vu de tel que ce soir, et j’espère ne jamais le revoir
La suite, on la connait. Un retour au pays 4 ans après, une promesse tenue avec le sublime titre de 2016, et un statut d’icône dans l’Ohio qui perdure jusqu’à ce jour.
Pour son deuxième retour en novembre 2018, le King avait en revanche eu droit à une standing ovation bien méritée ainsi que beaucoup d’amour et de reconnaissance. Mais personne n’oubliera jamais cet incroyable 2 décembre 2010, quand 6 mois de frustration, de haine et de trahison ont déferlé sur la carcasse du King.