Il est la jolie surprise du début de saison des Warriors. Méconnu du grand public avant l’entame de la saison, Alfonzo McKinnie a su saisir sa chance pour intégrer le roster des champions en titre, après un parcours qui était loin de le prédestiner à jouer en NBA. Récit de cette histoire des plus atypiques.
Le 11 octobre dernier, Alfonzo McKinnie et ses coéquipiers des Warriors se dirigent à San Jose pour le dernier match de leur présaison. Assoupi, McKinnie se voit réveillé par des membres du staff, qui lui demandent de rejoindre l’arrière de l’avion pour y retrouver Steve Kerr. À cet instant, l’ailier se voit déjà renvoyé chez lui, et ce, à quelques jours du début de la saison.
« Ils m’ont réveillé et m’ont dit d’aller parler à Coach Kerr à l’arrière de l’avion. Dans ce genre de situations, vous redoutez tout et n’importe quoi. J’étais simplement là, les yeux au ciel, à penser que j’allais recevoir le Jugement dernier dans cet avion. »
Heureusement pour lui, c’est tout le contraire qui s’est produit. L’ancien des Raptors, pour qui il avait disputé 14 rencontres la saison dernière, a plu au staff de Golden State et au technicien lors du training camp. Sa capacité à effectuer les petites choses utiles sur le terrain ont d’ailleurs impressionné Draymond Green, qui raconte l’ascension de son nouveau partenaire.
« Lors du training camp, il ne ressortait pas du lot dans un premier temps. Mais au fur et à mesure, il excellait par sa capacité à prendre des gros rebonds et faire preuve d’une grosse activité. Il a commencé à impressionner. Il est venu et a obtenu ce spot. Je respecte ça. Dès qu’il a commencé à faire sensation, j’ai souhaité en apprendre plus sur son histoire. Je respecte un gars comme ça et ce qu’il fait. Il s’est sorti de la boue et a mérité une place dans cette rotation. »
Car oui, le parcours d’Alfonzo McKinnie pour rejoindre la grande ligue est bien éloigné des sentiers battus habituels. En réalité, il était loin d’avoir une chance de pouvoir un jour évoluer en NBA.
À sa sortie du lycée, McKinnie était ainsi considéré comme le 196e meilleur ailier fort du pays dans sa classe d’âge. Son passage dans les universités d’Eastern Illinois et Green Bay n’a pas non plus attirer l’attention des scouts NBA. Durant ses quatre saisons en NCAA, il n’a en effet compiler que 7,2 points et 5,2 rebonds de moyenne. Des statistiques somme toute banales, qui ne lui ont pas permis d’obtenir des workouts NBA et l’ont conduit à poursuivre sa carrière… Au Luxembourg.
Dans une équipe des East Side Pirates où la plupart de ses coéquipiers travaillaient en dehors des rencontres, McKinnie ressent rapidement le mal du pays.
« J’étais le seul Américain dans cet équipe et j’étais loin de chez moi. C’était un choc culturel parce que j’étais souvent seul. Beaucoup de gars dans l’équipe avaient des jobs en dehors du basket. Lorsqu’ils travaillaient, j’étais seul à la maison. »
Après une seule saison et seulement deux petites victoires, il décide donc logiquement de retourner aux États-Unis. Mais son séjour à Chicago ne se prolonge pas : il obtient rapidement un contrat avec l’équipe mexicaine de Rayos de Hermosillo, évoluant dans une ligue mineure. Cette fois-ci, McKinnie s’amuse sur le terrain avec des moyennes de 15,3 points et 7,3 rebonds en 25 matchs disputés et se plait dans son nouvel environnement. Seuls quelques road trips vont lui faire découvrir des aspects plus terrifiants de la vie mexicaine.
« La police se déplace avec des mitrailleuses. Je n’avais jamais vu ça. Il y avait des villes dans lesquelles notre coach nous disait de ne pas se balader seul, de toujours être accompagné. »
Après une participation à la Coupe du monde de basket 3×3 en 2016 avec Team USA, où il obtient une médaille d’argent malgré une faible contribution, le joueur alors âgé de 24 ans établit enfin un contact avec la NBA. Tout cela pour 175$, soit le prix d’un essai avec l’équipe de G League des Chicago Bulls. Intégré dans le roster de Windy City, il est sélectionné pour le All Star Game où il inscrit 16 points, avant d’être coupé en fin de saison malgré un bon exercice de sa part.
C’est lors de la saison suivante qu’il obtient sa chance en NBA, sous le maillot de Toronto. Il dispute cependant la plupart de ses rencontres avec les Raptors’ 905 en G League, avec qui il tourne à 14 points et 7,5 rebonds par match. De quoi pousser les Warriors à lui proposer une invitation à leur training camp l’été dernier, pour finalement obtenir un two-way contract le 11 octobre, puis un contrat régulier le lendemain.
McKinnie a nécessairement bénéficier de causes favorables pour hériter de son spot. Le mystère autour de la situation de Patrick McCaw, qui n’est lui plus sous contrat avec Golden State, ou encore la blessure de Shaun Livingston lui ont permis de bénéficier d’assez de temps de jeu pour s’exprimer, et désormais de faire son entrée à chaque rencontre de son équipe. Des entrées remarquées et saluées par son coéquipier Stephen Curry, ainsi que son coach, Steve Kerr.
Curry : « Il essaye toujours d’avoir un impact, que ce soit au rebond, en défendant bien ou en rentrant des tirs. On ne peut qu’adorer la confiance avec laquelle il entre en jeu. Il sait qu’il est à sa place. Il sait qu’il peut nous aider à gagner. Et il sait qu’il peut avoir un impact sur le match. »
Kerr : « Il est une énorme surprise pour nous cette année. Il s’est vraiment bien intégré et a pleinement saisi l’opportunité. »
Présent en conférence de presse il y a quelques jours après la victoire face aux Wolves, le principal intéressé est revenu sur son drôle de parcours devant les journalistes.
« Peu importe d’où vous partez, vous devez juste continuer à travailler dur jour après jour, attendre que la bonne opportunité se présente, et lorsque c’est le cas, en tirer pleinement profit et voir ce qui se passe. C’est en quelque sorte ce que j’ai fait. J’ai juste continuer à travailler. Vous voyez où je me trouve maintenant. »
Les Warriors ont jusqu’au 7 janvier pour garantir le contrat et le salaire d’1,3 millions de dollars d’Alfonzo McKinnie. Et au vu de ses performances et de son apport grandissant dans la rotation des Dubs, ses chances de voir cette échéance se produire s’agrandissent de jour en jour.
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