Encore une fois très solide cette nuit face à Cleveland (12 points, 4 passes et 4 rebonds en 18 minutes), Tony Parker est en train de réussir haut la main son pari estival. Et pourtant, ils étaient bien peu nombreux, ceux qui pensaient que l’air de la Caroline du Nord revigorerait notre TP national…
L’annonce avait fait l’effet d’une bombe cet été. Après 16 ans d’excellents et infiniment loyaux services dans le Texas, Tony Parker faisait ses valises et quittait San Antonio pour Charlotte. L’arrivée du MVP des finales 2007 dans une franchise pas franchement réputée pour son ADN de succès avait alors laissé beaucoup d’observateurs circonspects, et l’optimisme ne régnait pas forcément autour de l’avenir de TP. Fallait-il s’attendre à une fin de carrière en pente douce, comme sa dernière saison chez les Spurs (7.7 points de moyenne) le laissait présager ? Le héros d’une nation allait-il devenir de ceux qui, cruellement défaits par le temps qui passe, finiraient leur carrière davantage comme figurants qu’acteurs de leur propre destin ? On pense évidemment à des joueurs comme Paul Pierce, dont la fin de parcours a forcément terni dans l’inconscient collectif le formidable joueur qu’il a été.
Ces questions, inutile de le nier, beaucoup se les posaient au sujet Tony Parker, et peu y trouvaient de réponses positives. C’était mal connaitre le plus grand basketteur français de tous les temps.
Le meneur est arrivé à Charlotte avec deux objectifs : l’un individuel, l’autre collectif. L’objectif individuel était, en grande partie, d’à nouveau prendre prendre du plaisir. Désormais totalement remis de sa grave blessure au genou lors des playoffs 2017, TP surprend par sa vitesse. Rappelons aux plus jeunes que c’est la 17ème saison du Français dans la ligue, et qu’avec tant de kilomètres au compteur, rares sont ceux encore capables de produire des performances de la qualité de celles qu’il propose cette saison. Parker tourne en effet à 10.4 points et 5.1 passes par match en 18 minutes, des stats qui devraient encore augmenter si l’on considère la dynamique du Frenchie. Sur ses 4 dernières sorties, TP compile en moyenne 17.8 points et 6.8 passes décisives. Des chiffres dignes, par exemple, de sa saison 2010-2011, et qu’on n’aurait pas imaginé revoir un jour dans sa box score. Face au Heat, le quadruple champion NBA s’est offert une ligne de stats à 24 points et 11 passes. Du jamais vu pour un remplaçant si âgé depuis Magic Johnson il y a 22 ans.
Avec ses 18 minutes passées sur le parquet en moyenne, Parker ne joue pas plus que l’année dernière – il joue même moins. Mais son rôle est totalement transfiguré. A San Antonio, TP était devenu davantage coach que joueur, se contentant de poser les systèmes et, bien souvent, de mettre le ballon dans les mains de LaMarcus Aldridge puis Kawhi Leonard. Un petit gâchis, auquel Gregg Popovich n’est pas étranger, et que le Parker version Hornets vient d’autant plus mettre en relief. En sortie de banc, il bénéficie de ticket shots et d’un grand contrôle sur le jeu. Agressif sur le drive et sur la prise de tirs, toujours aussi bon organisateur, TP s’éclate, et ça se voit.
C’est quoi l’âge, finalement ? 🌪️ pic.twitter.com/G36u2tSh23
— Parlons NBA (@ParlonsNBA) 4 novembre 2018
Si la contribution individuelle de Parker est une bouffée d’oxygène, celle-ci est bien évidemment au service du collectif. Vainqueur dans l’âme, le sextuple All-Star avait annoncé la couleur à son arrivée en Caroline du Nord, affirmant sans détour son souhait que les Hornets retrouvent les playoffs. Dans cet effectif jeune (Malik Monk, Willy Hernangomez, Miles Bridges, Frank Kaminsky…), TP s’est rapidement imposé comme le gagneur vétéran que tout le monde respecte, et a très vite endossé son costume de patron. Il y a quelques semaines, nous vous parlions d’ailleurs de son fascinant nouveau rôle de l’ombre, que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
Evidemment, quoiqu’il fasse lors des dernières années de sa carrière, Tony Parker restera éternellement estampillé San Antonio. Rien n’effacera jamais le run incroyable de ce gamin devenu homme à San Antonio. Rien ne réduira la trace de géant laissée sur le basket par le Big Three et Pop. Rien n’empêchera, non plus, le maillot frappé du numéro 9 d’être accroché au plafond de l’AT&T Center sitôt la carrière du Français terminée. Mais comme une relation qui tombe dans la routine et que l’on sait acquise, peut-être que TP et les Spurs ont un peu oublié de s’apprécier ces dernières années. La proposition texane de l’été, qui visait à faire de Parker le 3ème meneur seulement, en est un regrettable exemple. Après tout, TP n’avait plus rien à prouver à San Antonio. Peut-être même plus assez. A Charlotte, le feu du compétiteur semble avoir été ravivé, et Parker, qui se dit en excellente santé, parait délesté du poids de quelques années.
A l’heure de tirer un premier bilan de ce début de saison, la décision de rejoindre Charlotte semble avoir été excellente pour Tony Parker. Le Français apparait revigoré et rajeuni sur le parquet, et le rôle qui lui est confié est bien plus à la mesure de son talent. Il ne reste plus qu’à souhaiter au plus grand basketteur tricolore de l’histoire de rester en bonne santé et de maintenir ce niveau de performance. Quant à nous, fans, une seule chose à faire : profiter.
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