Le champion NBA 2004 Rip Hamilton (meilleur marqueur des Pistons lors de ces finales) est actuellement de passage à Paris dans le cadre du NBA Crossover. Parlons Basket était présent lors d’une séance de questions/réponses organisée avec les médias. L’occasion de lui poser quelques questions sur des sujets légers, et d’autres un peu plus polémiques !
Question : Qu’est-ce que ça te fait d’être en France ?
Rip Hamilton : Il n’y a pas si longtemps, j’étais un fan, et je le suis encore. Et maintenant, le basket est international, il est partout dans le monde. Et avoir l’opportunité de venir, visiter plusieurs pays, rencontrer des fans comme vous et comprendre votre vision du basket et que vous puissiez parler de la mienne, c’est très important.
Question : Que penses-tu du basket européen ?
Hamilton : Je pense que le basket européen est génial, on peut voir à quel point il a évolué. Avant, les gens d’avant pensaient – et certains pensent peut être toujours – que Sabonis est le plus grand joueur européen de tous les temps, maintenant c’est peut-être plus Dirk Nowitzki… Beaucoup de joueurs sont venus [en NBA] de plein de pays, notamment Giannis Antetokounmpo, qui est un de mes joueurs favoris dans la NBA actuelle. D’un point de vue « globalisation », le basket est plus gros que jamais.
Question : Tu étais l’un des meilleurs au niveau du jeu sans ballon. Qui est actuellement en NBA le meilleur dans ce domaine ?
Hamilton : Je pense que le meilleur en ce moment est… Non, en fait il y a deux joueurs, Klay Thompson et Stephen Curry. Les gens doivent comprendre que c’est déjà très dur d’en défendre un, mais quand tu en as deux dans la même équipe, c’est juste indéfendable.
Question : Imagine si tu avais la chance de jouer à nouveau demain avec les Pistons. Préfèrerais-tu l’équipe de Grant Hill, ou la nouvelle génération avec Blake Griffin ?
Hamilton : Je choisirais Grant Hill, car Blake n’a pas encore fait une année complète à Détroit. Grant a fait 4-5 années formidable avec les Pistons, c’est un Hall of Famer. Blake est encore en train de travailler pour devenir tout ce que Grant Hill était.
Parlons Basket : Tu as bien sûr joué avec Michael Jordan [aux Wizards, ndlr], et tu as affronté LeBron James à plusieurs reprises. Récemment, Ray Allen a expliqué pourquoi il choisissait MJ. Comment te positionnes-tu sur ce débat ?
Hamilton : Tu choisirais qui, toi ?
PB : Je choisirais Jordan.
Hamilton : Ah, très bien. Je prendrais Jordan aussi. 6-0 en finales, comment tu peux aller contre ça ? C’est parfois injuste de comparer LeBron à Jordan, car ils sont deux types de joueurs différents. Michael dominait en attaque et était l’un des tous meilleurs poste 2 défensifs de l’histoire, tandis que LeBron… Sa qualité principale est la passe, ce n’est pas scorer, même s’il peut aussi dominer en scorant. Je choirais en tous cas Michael Jordan.
Question : Tu as joué avec Michael à Washington. Comment était-il avec toi, et quel est le meilleur conseil qu’il t’ait donné ?
Hamilton : Michael était très cool, c’était une super période pour moi. Le meilleur conseil ? Un jour, j’étais à l’entrainement, je défendais sur lui. Il a posé deux dribbles et s’est levé pour un shoot à distance. Il l’a mis. En revenant en défense il me dit : « Hey Rip, ajoute ça à ton jeu. C’est le geste le plus dur à défendre, driver vers le panier et shooter pendant que le défenseur recule ». Et ça de là que j’ai tiré mon jeu à mi-distance.
Question : Tu as passé l’intégralité de ta carrière dans la conférence Est. Dirais-tu qu’elle est plus faible désormais ?
Rip Hamilton : Oui. La conférence Ouest est blindée, encore plus cette année avec toutes les nouvelles arrivées en provenance de l’Est. Je pense que la conférence Est reste malgré tout compétitive, notamment avec l’arrivée de Kawhi Leonard aux Raptors, Giannis, Embiid, qui est pour moi le meilleur poste 5 actuel en NBA – je mets plutôt AD en 4. Mais oui, l’Est n’a pas autant de superstars que l’Ouest.
Question : Quels joueurs ont inspiré ton jeu ?
Hamilton : Je dois dire que Michael Jordan m’a beaucoup inspiré, Magic Johnson également. C’est d’ailleurs pour ça que je porte le numéro 32. J’ai toujours voulu porter le 23, mais ça met une sacrée pression quand tu rentres dans la salle avec le 23, tout le monde pense que tu es le meilleur joueur ! Le 32 est un peu plus discret (rires). Sinon, il y a aussi Penny Hardaway, ce genre de grands arrières qui pouvaient jouer plusieurs positions.
Parlons Basket : J’aimerais avoir ton avis sur les superteams. Tu as gagné un titre contre une sorte de superteam [les Lakers en 2004, ndlr], même si Karl Malone et Gary Payton étaient sur la fin. Penses-tu que les superteams sont une bonne chose pour la ligue ? Penses-tu qu’il est positif d’avoir 3-4 équipes ultra-dominantes et le reste loin derrière, où est-ce que tu préfèrerais une ligue plus homogène et équilibrée ?
Hamilton : Je pense que tous les fans veulent que le degré de compétition soit élevé, qu’il y ait beaucoup d’excellentes équipes. Personne ne veut que la saison débute et qu’on se dise : « ok, je sais déjà quelles sont les deux équipes qui vont se retrouver en finale ». Je crois que Golden State a fait un super boulot pour drafter correctement. Ce n’est pas tous les jours que tu peux drafter 2 des meilleurs shooteurs de l’histoire, et ajouter Draymond Green au 2ème tour. Après, en ce qui concerne l’arrivée de Kevin Durant, KD a regardé la situation. Au début, il a vu ce que LeBron faisait et s’est dit qu’il ne s’associerait jamais avec un autre grand joueur, mais il a compris que pour avoir son titre… Les gens ne se souviendront pas de comment il est venu à Golden State, ils se souviendront juste du nombre de titres qu’il a remportés. Je trouve ça bien que les joueurs aient pris le contrôle, et qu’ils fassent équipe s’ils le veulent pour gagner des bagues.
Parlons Basket : Donc ça ne te dérange pas qu’on sache quasiment à l’avance que les Warriors vont très certainement gagner l’Ouest ?
Hamilton : Non, ça ne me gêne pas. Ca fait travailler tous les autres encore plus dur, car ils savent qu’il y a une équipe à abattre.
Merci à Rip Hamilton pour sa disponibilité et sa gentillesse durant cette session.
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