Retiré du basket depuis plusieurs années avec le statut de légende incontestable du jeu, Allen Iverson aurait pu voir sa vie basculer avant même de fouler les parquets NBA. En 1993, à 17 ans, il était condamné à 15 ans de prison dans une affaire qui reste floue à ce jour, et dont on peut soupçonner qu’elle a de vilains relents racistes.
Né dans les quartiers difficiles de Hampton en Virginie, Allen Iverson a échappé aux tentations du crime grâce au sport. Excellent au foot US comme au basket, celui que le monde entier connaitra sous le surnom de The Answer a amassé de nombreuses récompenses dans les catégories jeunes.
Il a notamment mené Virginia au titre de l’Etat à la fois en foot US et en basket, et a été élu High School Player of the Year dans ces deux sports, une performance époustouflante. Mais alors qu’il se destinait à un brillant futur, un évènement a tout fait basculer.
14 février 1993. En ce soir de Saint-Valentin, Allen Iverson est au bowling avec des amis. Puis, pour des raisons différentes selon les versions, le ton monte. Selon Iverson et son clan, un groupe de jeunes blancs utilise le n-word à leur encontre. Ceux-ci expliquent, eux, que AI et ses amis étaient trop bruyants et perturbaient la soirée. L’une de ces versions n’empêche d’ailleurs pas l’autre.
Quoiqu’il en soit, une grosse bagarre a lieu. 4 personnes sont arrêtées : Allen Iverson et 3 de ses amis, tous noirs. The Answer est le plus durement ciblé : on lui reproche d’avoir frappé une femme dans la tête à l’aide d’une chaise. Lui explique être parti dès que les choses ont mal tourné, et a toujours nié.
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J’aurais été assez idiot pour être au bowling dans un endroit où tout le monde me connait et éclater des chaises sur la tête des gens ? C’est dingue ! Et quel genre d’homme je serais si je frappais une femme avec une chaise ? Je préférerais encore qu’ils disent que j’ai frappé un homme, mais pas une femme.
Avant son passage au tribunal, AI est peu optimiste. « J’étais coupable avant même le procès« , expliquera-t-il plus tard. Iverson doit répondre d’un chef d’accusation propre à l’Etat de Virginie, crée pour combattre les lynchages et qui se caractérise par la volonté de « frapper, blesser ou mutiler quelqu’un avec l’intention de le tuer ou gravement le blesser« . Un peu excessif dans ce cas de figure, tout de même… Rapidement, la sentence tombe : Allen Iverson est condamné à 15 ans de prison : 5 ans ferme, et 10 avec sursis.
Pour le jeune AI, tous les espoirs s’envolent. De 17 à 22 ans, il devra passer sa vie derrière les barreaux et vraisemblablement faire une croix sur la carrière de sportif qui lui tendait les bras. Dès l’issue du procès, il est incarcéré à Newport News, ville voisine. Les protestations vont bon train dans la région, et après 4 mois derrière les barreaux, le gouverneur de l’Etat Douglas Wilder gracie Iverson. Sa condamnation est annulée pour « absence de preuves suffisantes« .
A cause de son passif, AI doit passer sa dernière année de high school dans un établissement dévolu aux jeunes à risque, et ne peut y pratiquer ni le basket ni le foot US. Heureusement, le coach de Georgetown John Thompson en a assez vu lors des années du jeune joueur sur les parquets, et il lui propose de rejoindre les Hoyas, lui sauvant probablement son destin sportif, voire plus. La suite, vous la connaissez.
L’histoire d’Allen Iverson est alors en marche. Avec, malgré tout, un goût amer au fond de la bouche.