Au cours de l’été 2018, un long papier de la journaliste Jackie MacMullan (ESPN) faisait couler beaucoup d’encre et permettait à un bon nombre de joueurs d’évoquer un sujet tabou en NBA : la santé mentale. Marcus Morris décrivait lui aussi ses déboires.
Le 6 mars 2018, la lettre de Kevin Love sur The Players Tribune au sujet de la santé mentale en NBA provoquait une grande vague de réactions au sein de la ligue américaine. Beaucoup de joueurs osaient alors s’exprimer sur ce sujet très personnel, notamment Marcus Morris.
Pour comprendre le comportement instable de l’ailier, il faut remonter à son enfance dans les quartiers Nord de Philadelphie. C’est au cours d’une interview avec la journaliste Jackie MacMullan (ESPN) qu’il détaillait son passé difficile :
Nous essayions de survivre tous les jours. Enfant on est relativement protégé, on s’amuse, on ne se voit pas le danger. Une fois adolescent, on ne l’est plus, on devient une cible.
Si on porte des Jordan, on est une cible. Il y a beaucoup de fois où j’ai dû me défendre. On sort tous les jours en regardant autour de soi, en surveillant ses arrières, en essayant simplement de rester à l’écart du danger.
Tu vois des coups de feu, une seule mauvaise décision, un seul mot erroné, et ça dégénère rapidement en une guerre. C’est comme ça à Philadelphie, tu es piégé dans une boîte.
Notre chance est si petite qu’une fois que quelqu’un s’empare de quelque chose, il la protège avec sa vie. C’est difficile à expliquer si on ne l’a pas vécu. J’ai dit à mon frère : « Tu sais, ce n’est pas une façon de vivre ».
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Violence, drogue, crime : l’enfance de Marcus Morris est malheureusement similaire à ces milliers d’enfants vivant dans les quartiers de Philadelphie dans les années 1990. Malgré tout, c’est dans ce contexte de stress perpétuel que les frères Morris sont devenus des joueurs professionnels en NBA.
Mais la stabilité professionnelle n’empêche pas les vieux démons de refaire surface. Les troubles comportementaux de Marcus se manifestent durant son passage à Houston. Il ne garde pas de bons souvenirs de cette époque, comme à l’été 2012 où il manque des séances d’entraînement avant de devoir s’expliquer au téléphone avec le GM des Rockets, Daryl Morey :
Il me disait : « Tu fais du mal à ta carrière », mais je rétorquais : » Eh bien, VOUS faites du mal à ma carrière « .
Je ne leur faisais pas confiance. Je ne faisais confiance à personne.
Après trois saisons à Phoenix, les résultats ne sont guère mieux à Detroit (2015-2017), comme le détaille Jackie MacMullan :
Morris n’arrivait pas à dormir, son esprit n’était jamais tranquille. Les Pistons ont essayé de l’accueillir du mieux qu’ils pouvaient, mais il n’était pas très réactif. Il était souvent debout toute la nuit à rejouer un tir raté ou une erreur, et son jeu en souffrait.
Il a sérieusement envisagé de cesser de jouer, mais que ferait-il ? Retourner à Philadelphie ? Cette notion a entraîné plus d’anxiété, plus de stress. Il a essayé les somnifères. Il fumait de la marijuana. Rien ne lui accordait la paix.
Depuis, Marcus Morris a été transféré pour deux saisons avec les Celtics avant de faire un incroyable faux-bond aux Spurs lors de la free agency 2019. Il rejoindra finalement les Knicks une semaine plus tard, pour une année.