Un joueur NBA abattu dans un vestiaire par un de ses coéquipiers. Cette scène vous parait surréaliste ? C’est pourtant bien ce qui a failli se passer entre le 20 et le 21 décembre 2009, quand Gilbert Arenas et Javaris Crittenton ont été à deux doigts de se supprimer dans le vestiaire des Wizards. Retour sur un épisode de folie qui aurait pu faire un mal incroyable à la ligue.
Nous sommes le 20 décembre 2009, les Wizards sont sur un de leurs innombrables trajets en avion. Ils ne le savent pas encore, mais une ridicule escalade va bientôt démarrer. Tout commence quand Gilbert Arenas se réveille d’une sieste pendant une partie de booray, jeu de cartes très populaire parmi les joueurs NBA. Leader des Wizards, Arenas est un compétiteur de tous les instants, sur et en dehors du terrain.
C’est ma nature. Je parierais sur n’importe quoi. Pour un athlète, tout est dans la confiance. Si tu ne l’as pas… Un compétiteur ne peut pas fuir le challenge. Tu peux pas me dire que je peux scorer 60 points sur Kobe puis ensuite refuser un concours de tirs avec DeShawn Stevenson ! Tu sais quoi, je vais te battre avec une main, 20.000 dollars, c’est parti. Ceux qui sont avec lui, 20.000 dollars aussi. Je prends tous les paris.
Pas surprenant, donc, de voir l’Agent Zero, qui plus est trashtalkeur devant l’éternel, s’intéresser de près à cette partie de cartes où son coéquipier Javaris Crittenton est en difficulté. Arenas décide, évidemment, de rentrer dans la partie. Selon les règles des Wizards, un joueur pouvait s’ajouter dès lors qu’il mettait en jeu la somme présente dans le pot. L’ex-meneur de Washington se souvient :
Javaris était en train de tout perdre. Il se faisait saigner. Je suis rentré dans la partie quand c’était mon tour de distribuer, et il était livide. « C’est quoi ce bordel ! Comment tu peux rentrer dans la partie maintenant ? » Il était au bout parce qu’il allait être la dernière personne à avoir les cartes.
Sentant son coéquipier en sueur, Arenas parle, parle, et parle encore. D’un coup, il aperçoit JaVale McGee faisant un signe à Earl Boykins, pour indiquer qu’il a une main exceptionnelle. Boykins se couche. On vous passe les détails, mais Arenas piège alors Crittenton plus ou moins honnêtement, et McGee emporte la mise. Crittenton commence à sérieusement s’énerver et accuse l’Agent Zero, retourné au fond de l’avion, de l’avoir piégé exprès. Le jet des Wizards atterrit, et la partie est encore au centre de toutes les discussions.
L’avion atterrit et Javaris dit à Javale : « Tu vas me laisser perdre mon argent comme ça ? Tu vas même pas être un vrai et me donner une chance de récupérer mon bif ? Tu déconnes mec, c’est le genre de trucs qui pardonne pas dans la rue ». Et moi j’en rajoute, je dis : « Javaris, je vais brûler ta voiture pendant que t’es dedans, et après on ira chercher un extincteur ». Il me dit : « Bah je vais juste te descendre alors ». Je réponds : « Ah ouais ? Je t’amènerai les pistolets pour que tu le fasses ! »
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Bingo. C’est cette escalade puérile qui mène à l’épisode suivant. Le fameux. Lors de l’entrainement des Wizards un jour plus tard, le 21 décembre 2009, Gilbert Arenas amène 4 armes non-chargées dans le vestiaire. « Je répondais juste à son bluff », explique le joueur. « Tu dis que tu veux me descendre ? Ok, je t’amène les guns pour le faire ». Arenas explique que ce n’était qu’une blague, mais certains de ses coéquipiers ont un avis différent. Caron Butler raconte :
Quand je suis entré dans le vestiaire, j’ai cru que j’étais de retour à Racine [la ville du Wisconsin où il a grandi, réputée dangereuse]. Gilbert était devant son casier, avec 4 pistolets. Javaris était devant le sien, et il tournait le dos à Gilbert. « Hey enc*lé, viens en choper un, je vais te descendre avec un de ces pistolets ». Javaris se retourne : « Oh non, t’as pas besoin d’un de ceux-là. J’ai le mien
L’arme de Crittenton, à la différence de celle d’Arenas, est bien chargée. Le joueur la pointe sur l’Agent Zero. Leurs coéquipiers qui arrivaient sur les lieux croient halluciner en découvrant la scène, et font demi-tour en fermant la porte derrière eux. Finalement, aucun coup de feu n’est tiré, et tout est revenu à la normale.
Tout, ou presque. En apprenant l’incroyable affaire, le commissionnaire de l’époque David Stern voit rouge et décide de suspendre les deux joueurs jusqu’à la fin de la saison. Crittenton n’a jamais rejoué en NBA.
Deux ans après, il s’est distingué en abattant par erreur une femme de 22 ans, mère de 4 enfants, alors qu’il voulait tirer sur un homme qui l’avait extorqué. Relâché contre une caution de 230.000$ dans l’attente de son procès, il en a profité pour s’adonner à du trafic de drogue. Il purge en ce moment une peine de 23 ans de prison, qui s’achèvera en 2036.
Gilbert Arenas, lui, est revenu à la compétition après sa suspension, changeant son numéro 0 en numéro 9 pour oublier cet épisode du passé. Mais après 24 matchs et un triste bilan de 6-18 pour les Wizards, il est échangé à Orlando. Sa carrière décline alors rapidement, et il quitte la NBA moins de deux ans après.
Une décennie plus tard, le « gun incident » reste un épisode marquant et surréaliste de l’histoire de la ligue.