Quand on pense aux playoffs, on pense souvent d’abord à une action marquante. A un match marquant. Mais rarement à une série. Pourtant, c’est bien une série de légende que les Boston Celtics et Philadelphia 76ers ont donné à voir aux spectateurs lors de la finale de la conférence Est 1981. Le 3 mai, elle prenait fin au terme d’un match 7 suffocant.
Nombreux sont les spécialistes qui la qualifient de plus belle série de playoffs de l’histoire. Rarement deux équipes auront été de niveau si équivalent, auront été si complémentaires l’une de l’autre, si parfaites pour offrir un spectacle de haut vol. Dans cette série de 7 matchs, 5 ont été décidés sur la toute dernière possession : seuls les matchs 2 et 3 ne se sont pas joués sur l’ultime phase de jeu.
On aurait du se douter de cette symétrie entre les équipes quand, à l’issue de la saison régulière, les Celtics et les Sixers étaient en tête de la conférence Est à égalité, avec un bilan de 62 victoires pour 20 défaites. Les C’s avaient néanmoins empoché le tiebreaker, leur donnant l’avantage du terrain. Ce détail s’avèrera crucial.
Après plusieurs semaines de playoffs, Philadelphie et Boston se retrouvent en finale de conférence. En face, ce sont les surprenants Houston Rockets et leur bilan de 40-42 (!) qui les attendent. Le pays comprend vite que la finale de l’Est est la « vraie » finale. L’affrontement est beau. Les deux meilleurs ailiers de la ligue s’opposent en la personne du jeune Larry Bird – première apparition en finale – et du vétéran Julius Erving. Surtout, une rivalité qui date de plusieurs décennies anime les fans de chaque camp. Ce « derby » a toujours une saveur particulière, d’autant que les Sixers ont battu les Celtics 4-1 l’année précédente, et Larry Legend ne manque pas de le rappeler :
Ce n’est jamais facile contre Philadelphie… mais il n’y a personne sur terre que je préfère battre
Philadelphie gagne le premier match 105-104 malgré 33 points de Bird, avant que Boston n’empoche confortablement la partie suivante pour ramener la série à un partout. Le match 3 est une formalité pour les 76ers, qui enchainent par une victoire cruciale 107-105 lors du game 4, portant leur avance à 3-1 dans la série. Le match 5 commence mal pour les hommes en vert. Dans leur antre du Boston Garden ils sont menés de 10 points à la mi-temps et font face à une nouvelle élimination 4-1 aux mains de leurs rivaux.
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Mais Boston n’abdique pas. Mieux, les Celtics refusent de perdre. Dans un match ou chacune des deux équipes tire 39 lancers francs, l’effort collectif des coéquipiers de Cédric Maxwell permet d’arracher une victoire 111-109 pour revenir à 3-2. Les Sixers ne paniquent pas. Le match suivant est dans leur salle, où ils restent sur 11 victoires de rang face aux Celtics. Sans surprise, Boston plie, et accuse rapidement 17 points de retard. Mais à nouveau, Boston survit, porté par son leader orné du numéro 33 :
« Larry a tout simplement refusé de nous laisser perdre » – Robert Parish
Derrière 25 points et 16 rebonds de Larry Legend, les Celtics réussissent l’impossible et ramènent la série à 3-3 en gagnant 100-98 en Pennsylvanie. Un match 7 les attend au Boston Garden dans une salle chauffée à blanc. Le scénario est parfait. « Celui qui aura le plus de c**illes gagnera », avance Bird. « Aucune équipe ne veut se battre mutuellement comme les Sixers et les Celtics », renchérit Erving.
Le match est beau, vivant, rythmé. Les deux équipes choisissent de courir, ce qui bénéficie aux 76ers moins à l’aise sur demi-terrain. Sans surprise, le match est serré. Dans le quatrième quart-temps, il devient irrespirable. Les défenses s’intensifient, les corps volent sur le parquet au rythme des duels dans la peinture alors que les arbitres avalent leur sifflet. A 1 minute du terme, le score est de 89-89. Larry Bird récupère un rebond, remonte le terrain et rentre un tir avec la planche qui fait basculer le Garden dans l’extase. Ce sera le dernier panier du match, à l’exception d’un lancer franc de Maurice Cheeks. 91-90. Le parquet est envahi par la foule. Boston, revenu de l’enfer, gagne la série 4-3, et s’en ira battre les Rockets 4-2 quelques semaines plus tard.
Le score cumulé des 7 matchs est de 104,2 à 102,6 pour Boston, signe du niveau si équivalent des 2 équipes. Les C’s ont dominé leurs adversaires 175-171 aux lancers francs, et 279-273 au tir. Sur l’ensemble de la série, chaque équipe n’a marqué qu’un seul tir à trois points (les temps changent…). Bird a mené les siens avec plus de 26 unités par match, tandis Dr J a tourné à 20 pions.
Cette série mythique est depuis passée à la postérité. Bientôt 4 décennies, et pas une ride. Merci messieurs.
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