Durant le Jordan Brand Classic, nous avons eu la chance de rencontrer un jeune homme brillant qui représentera un jour la France au plus haut niveau. Jaylen Howard, formé à l’INSEP, évolue depuis 2 ans aux États-Unis où il est un des meilleurs joueurs du pays.
Dans deux entretiens accordés à Parlons Basket – un après l’entrainement et un en conférence de presse, Jaylen a évoqué son expérience, son avenir, ses ambitions, le tout avec sobriété et surtout une grande maturité. Entretien avec l’un des plus grands espoirs du basket tricolore.
Après la première journée d’entraînement.
Jaylen, quel est ton ressenti par rapport à cette première journée d’entraînement ?
Ça s’est bien passé. On a pris beaucoup de tirs au début, on a fait des petits systèmes et après on a joué contre l’équipe adverse et je pense que ça s’est bien passé.
Comment tu t’es préparé pour cet évènement ?
Cette semaine j’ai beaucoup pris de tirs, je me suis entrainé en plus, je me suis reposé et puis c’est tout.
Tu as été formé à l’INSEP, t’es arrivé aux États-Unis il y a 2 ans, comment tu te sens par rapport au jeu américain ? Comment t’es-tu adapté à ce jeu plus individualiste ?
Au début c’était difficile, mais après je me suis habitué. Aux États-Unis comme tu dis c’est vraiment différent, les joueurs sont plus individualistes qu’en Europe mais ça va, je pense m’être bien adapté.
Sur un match comme le Jordan Brand Classic où chacun va essayer de se montrer, est-ce que tu abordes la rencontre en voulant toi aussi montrer ce que tu sais faire ou est-ce que tu vas faire primer le collectif ?
Non, dans un match comme ça il faut vraiment pas faire primer le collectif, c’est pas comme ça que tu vas te montrer… Quand t’as une opportunité il faut la saisir, il faut exploiter toutes les ouvertures que tu as.
L’an prochain tu joueras à Wake Forest (une grosse université qui a notamment formé Tim Duncan et Chris Paul). Qu’est-ce que cette fac va t’apporter pour la suite de ta carrière ?
Ça va beaucoup m’aider. La ACC c’est vraiment la conférence la plus forte des États-Unis, et ça va aider car je vais jouer contre les meilleurs joueurs tous les jours. Donc ça va être bénéfique pour la suite. Mon objectif c’est vraiment d’arriver en NBA.
À propos de NBA, il y a de plus en plus d’Européens qui brillent, est-ce que tu penses que ça peut t’aider ?
Oui maintenant en NBA ils ont l’habitude des Européens donc je pense qu’ils ne vont pas forcément hésiter à me prendre parce que je suis Européen.
Conférence de presse après le match, Jaylen Hoard (13 points, 4 rebonds, 2 passes, 1 contre) répond à notre micro et celui de Basket Info.
Comment t’es-tu senti pendant ce JBC ?
Au début je commençais à marquer beaucoup, après je n’ai plus eu de ballons… Mais sinon c’était une expérience fantastique ! C’était un de mes objectifs et je l’ai atteint. J’ai pu bien me montrer, c’était fun, pas trop de défense, puis en attaque je me suis bien amusé, je me suis mis en évidence. On a rencontré beaucoup d’athlètes sponsorisés Jordan qui nous ont donné des conseils pour plus tard et ça peut nous aider pour la suite.
Comme qui ?
On a vu Ray Allen, après il y a Jabari Parker qui est venu nous voir à l’hôtel et il nous a donné des conseils de vie qui pourraient nous aider par la suite, sur le terrain et en dehors du terrain.
C’est important d’avoir des conseils sur les deux ?
Oui il faut maintenir la balance. Il faut penser à sa carrière de basketteur et à l’après-basket. La carrière de basketteur ça va s’arrêter un jour donc il faut des conseils sur la suite et aussi pendant qu’on joue, les choses à ne pas faire, à faire, les choses comme ça…
C’est pour ça que t’es venu aux États-Unis aussi ? Pour l’aspect scolaire ?
Moi je voulais avoir mon diplôme universitaire, c’était important. Mes deux parents ont leur diplôme et à chaque fois quand j’étais petit ils en parlaient et ça m’intéressait. Je pense qu’avoir mon diplôme universitaire aux États-Unis ça pourrait m’aider pour ma carrière professionnelle. En plus les Américains après leur carrière, s’ils font toutes les choses bien à côté, en général leur (longue hésitation) reconversion, je cherchais le mot… Leur reconversion est plus facile.
Pour revenir au match, t’as bien commencé en première mi-temps, t’étais leader en points de ton équipe, mais en deuxième ça n’a pas duré…
C’est un All-Star Game, c’est pas parce qu’on joue bien dans ce match là qu’on va forcément percer. Quand tu gardes ça en tête je suis pas trop mécontent. J’ai pu me montrer, je me suis bien amusé tout le week-end, du coup je suis content. Par exemple D’Angelo Russell a mis 3 points dans ce match là et ça l’a pas empêché de finir 2ème pick de la draft.
Le point d’orgue de ta saison c’est le Hoop Summit ?
C’est vraiment important. Il a des gens qui pensent que c’est qu’un match, c’est un All-Star Game, des choses comme ça mais c’est vraiment important. Il y a beaucoup de joueurs qui sont pas connus, et après le Hoop Summit on les voit sur les « draft boards » (la liste des joueurs à suivre pour une équipe NBA en préparation de la draft.)
Quel aspect de ton jeu tu as encore à travailler selon toi ?
Ma qualité offensive et aussi mon habilité à défendre sur n’importe quelle position, poste 4, 3, 2 et même s’il faut switcher sur un 1.
Tu vas être avec un autre Français la semaine prochaine au Hoop Summit (Bathiste Tchouaffé). Comment vous comptez vous entraider ?
On va s’entraider, moi et Bathiste on était à l’INSEP ensemble et justement j’en parlais avec mon parrain, c’est parce qu’avec Bathiste on avait fait un tournoi ensemble, l’Euroleague junior en Lituanie je crois, et je me rappelle qu’avant un match il m’avait donné beaucoup de conseils. J’étais quelqu’un qui était vraiment stressé avant les matchs, j’étais vraiment anxieux, et il m’a donné beaucoup de conseils pour me calmer, avoir confiance en moi. Je vais le retrouver à la Hoop Summit et je pense qu’il va pouvoir m’aider et je pourrai l’aider aussi. Vu que moi j’ai joué aux États-Unis pendant 2 ans je vais pouvoir lui donner des conseils et vu que lui est un peu plus âgé il va me donner des conseils aussi.
Tu dis que t’étais stressé mais quand on te voit aujourd’hui avant les matchs, t’as un visage imperturbable. T’as travaillé là-dessus ?
J’ai pas forcément travaillé, je me suis juste habitué parce que par exemple en AAU (ligue d’été pour les jeunes lycéens) on joue devant tous les coachs universitaires. J’ai fait des matchs devant coach K (Duke), devant Calipari (Kentucky) donc je me suis habitué. Avant j’étais un petit peu stressé devant les matchs quand je voyais des grands coachs, des grandes personnalités sur le côté du terrain mais maintenant ça va.
Tu préfères que les gens te connaissent ?
Oui, aussi un de mes objectifs c’étaient de montrer aux jeunes Français que peu importe où t’es, que tu sois en Europe ou aux États-Unis tu peux réussir, et je préfère que ce soit médiatisé. Comme ça ils voient ce que je vis et ça pourrait peut-être les inspirer pour la suite.
Propos recueillis à Brooklyn.