Faire de sa passion son métier. On a tous déjà réfléchi à ce plan de carrière. Romain Arlot, lui, est aux portes de son rêve. A 19 ans, il joue en Nationale et tente d’allier sport professionnel et étude supérieure. De Nanterre aux Etats-Unis en passant par son match-up face à Frank Ntilikina, voici le parcours nourrit d’enseignement d’un jeune Français qui tente de percer dans le basket.
Le début d’une carrière
C’est dans le 78 que Romain commence le basket, au club de Houilles. Il est repéré lors d’un match en Région par des recruteurs qui voulaient lui faire poursuivre l’aventure à travers la sélection du 78. Il a alors 13 ans. Très bon shooter extérieur, c’est tout naturellement que l’adolescent évolue au poste d’arrière quand il est repéré par des scouts de Nanterre qui souhaient qu’il intègre leur centre de formation. Romain va jouer pendant 6 saisons à Nanterre.
« Etre jeune basketteur en France si on ne nous prédit pas la NBA, c’est dur »
Malheureusement, c’est extrêmement difficile pour un jeune du centre de formation de franchir la passerelle qui sépare les espoirs de l’équipe professionnelle qui évolue au plus haut niveau. Seulement quelques exceptions sont amenées à sauter le pas. Un grand nombre d’entre eux décide alors de changer de cap pour tenter de parvenir à leurs objectifs. C’est un premier frein dans la jeune carrière de Romain qui va l’emmener vers d’autres horizons après l’obtention d’un Baccalauréat scientifique.
En effet, il estime très compliqué pour un jeune sportif de réussir dans le basket et aussi en parallèle sur le plan scolaire. Le système français ne lui permettait pas de s’épanouir complètement car il ne bénéficiait pas d’aménagement spécialisé. De plus, la priorité pour les grands clubs est de garantir le succès sportif des équipes sur le plan national et pourquoi pas sur le plan européen. Seules les pépites du basket français sont incorporées à la compétition professionnelle dès leur plus jeune âge. C’est le cas pour Frank Ntilikina qui a progressé dans les catégories de jeunes de Strasbourg avant de rejoindre l’équipe A. Néanmoins, les grands espoirs français n’ont pas tous suivi le même chemin que l’actuel meneur des Knicks. Kevin Cham, qui était coéquipier de Romain Arlot à Nanterre, en est l’exemple parfait puisqu’il a choisi de quitter la France et de voyager aux Etats-Unis et en Europe avant de revenir sur ses terres dans l’équipe professionnelle de Monaco. C’est une première grande décision que les jeunes Français doivent prendre : rester en France ou tenter leur chance à l’étranger.
De son côté, Romain est repéré par Sébastien Sako, le directeur de la prestigieuse Team Skywalker, et Xavier Calvaire, son ancien coach en sélection du 78 et fondateur de Coach X. Ils deviennent ses agents et vont préparer ensemble, avec Romain et son entourage, l’avenir du jeune homme. Muni d’une bourse, Romain décide de quitter Nanterre et la France pour s’exiler outre-Atlantique. Direction les Etats-Unis.
Les Etats-Unis, sa nouvelle opportunité
L’aventure américaine commence à l’été 2016 où il va faire un certain nombre de Summer Leagues avec la Team Skywalker, notamment celle de Las Vegas. C’est lors de ces camps américains que les recruteurs d’universités sont présents pour juger les jeunes basketteurs et tenter de trouver la perle rare. Pendant 2 semaines, Romain traverse les Etats-Unis avec les jeunes de la Team Skywalker. C’est une fabuleuse opportunité pour des jeunes joueurs de tenter leur chance face à des adversaires américains et ainsi avoir la possibilité de montrer le meilleur de son basket à d’autres publics que ceux qu’ils ont l’habitude de connaître en France.
Romain va alors poser ses valises à Atlanta, tout seul, pendant un an, où il intègre la Combine Academy, l’équivalent d’une Prep School, l’école qui précède les universités américaines. Il va ainsi bénéficier d’un programme centré sur la réussite sportive mais aussi sur un suivi scolaire. Romain étudie le matin puis effectue 3 entrainements par jour. Le but ici est de poursuivre une progression sur le plan sportif mais aussi sur le plan académique. Avec sa nouvelle équipe, il va voyager à travers principalement à travers la côte Est des Etats-Unis pour faire des « Showcase » ou des Tournois comme le NACA, très coté aux États-Unis. Romain effectue de très bonnes performances, notamment au niveau du scoring. Il tournait à 24 points de moyenne par match à Atlanta.
Romain Arlot scored 29 points (7 3pt FGM) & Leo Lightner added 14 points to lead Combine ATL Blue vs. DME Blue on Tuesday. @COMBINE_BBALL
— Matt Morris (@MattHMorris) December 16, 2016
C’est lors de ces évènements que les scouts d’Université sont présents pendant l’année pour recruter les futurs éléments de leurs équipes pour la saison qui suit. L’objectif était d’être repéré par les meilleures universités possibles et ainsi poursuivre, ou pas, l’aventure américaine. Romain Arlot cherchait des opportunités pour poursuivre sa progression sans toutefois arrêter les cours. Il a reçu un certain nombre d’offres, avec des bourses partielles ou complètes. Certaines lui convenaient, d’autres moins. A la même période, il reçoit des offres de plusieurs clubs de Nationale en France.
« Choisir de rester et de continuer à vivre le rêve américain ou bien rentrer en France et devenir professionnel, c’est assurément un tournant de ma carrière »
Ici se dresse la seconde décision importante de la carrière du jeune homme. Que ce soit pour Romain ou pour d’autres jeunes Français, un grand nombre de paramètres entrent en compte. Tout d’abord, sur le plan sportif. Il n’était pas emballé à l’idée de rester aux Etats-Unis uniquement pour poursuivre dans un pays duquel il était tombé sous le charme, au détriment de la compétitivité des universités qu’ils le voulaient dans son équipe. Si l’on fait encore le rapprochement avec Kevin Cham, lui a aussi été aux Etats-Unis, dans la même Prep School que Ben Simmons et D’Angelo Russell à Montverde, et a décidé de retourner en Europe et donc de ne pas rejoindre d’université pour ainsi jouer en NCAA. Le choix de rester outre-Atlantique est très compliqué sur le plan personnel. Pour un jeune de 17-18 ans, rester seul, loin de sa famille peut être un facteur qui fait réfléchir. De plus, jouer dans le pays du basket est une fierté pour un joueur étranger, c’est pour cela qu’il ne faut pas tomber dans le piège de rester pour au final voir s’éloigner des opportunités. L’entourage du jeune est alors nécessaire, que ce soit les agents mais aussi la famille, quant au choix de carrière du jeune basketteur.
Du côté de Romain Arlot, la famille souhaitait qu’il continue sa progression sportive mais aussi qu’il intègre une école post-bac en France. Après avoir pesé le pour et le contre, Romain décide de rentrer en France et de signer en Nationale à l’Entente Seine Ouest. Il joue actuellement avec l’ancien international français Raphaël Desroses. Il devient professionnel mais a aussi la possibilité d’étudier en école de commerce puisque les entrainements sont tous les soirs de la semaine. Il rejoint donc PSB Paris School of Business ce qui lui permet d’allier parfaitement sport et étude supérieure.
« C’est un bonheur d’apprendre avec des gars comme Raph (Desroses) ou Jovan (Antic) ! Je me nourris de leur expérience pour améliorer mon jeu »
L’accès au plus haut niveau passe incontestablement par les échelons inférieurs, et comme la plupart des jeunes comme Romain, ils choisissent de mettre en action leurs capacités au service d’un collectif pour engranger de l’expérience et espérer gravir ces fameux échelons.
« Frank Ntilikina ? A 15 ans, c’était déjà un monstre »
Lors de ces années à Nanterre, Romain Arlot a eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises des jeunes espoirs français qui sont maintenant connus du grand public. C’est le cas de Frank Ntilikina, qu’il a affronté lorsque que le meneur des Knicks jouait à Strasbourg en équipe de jeune. Romain a retenu la prestation de Frank. Il a été frappé par la justesse de jeu du strasbourgeois de l’époque.
« Il faisait les bonnes passes au bon moment, il avait une présence défensive au-dessus de la moyenne. J’étais resté frappé par l’intelligence de jeu qu’il avait à l’époque. La simplicité était une qualité qu’il avait déjà, ce qui lui garantissait une efficacité offensive et défensive supérieure à ses adversaires. A 15 ans, c’était déjà un monstre. A la fin du match, il avait mis 28 points et fait 12 passes décisives. C’était déjà énorme mais ce n’est pas sa ligne de stats qui m’avait impressionné mais bien son activité sur le terrain et sa précision. C’est probablement le meilleur jeune que j’ai rencontré. Je savais qu’il irait loin »
Mais Romain a aussi joué contre celui que l’on annonce comme être le futur Français en NBA dans un an, Sekou Doumbouya. Il jouait alors à l’Insep. Lui aussi fait partie de la Team Skywalker.
« Il fait partie de ces joueurs qui sont indispensables pour leur équipe quand ils sont sur le terrain. Il avait une tête de bébé mais il jouait déjà comme un adulte. Il avait une présence physique et athlétique très importante. On voyait tous déjà son potentiel »
Romain a aussi joué aussi contre l’actuel joueur de Nanterre en Jeep Elite, Bapthiste Tchouaffé, lorsqu’il évoluait à l’Insep.
Pour Romain Arlot, le futur est fait de basket. Il souhaite ainsi poursuivre sa progression et pourquoi pas rejoindre progressivement un club de Pro B ou bien même de Jeep Elite dans les années qui suivent. S’il ne réussit pas dans le basket, Romain souhaite créer son entreprise dans le sport après avoir obtenu son diplôme.
Il ne reste plus qu’à lui souhaiter bonne chance !