Le nom de Jack Molinas ne vous dit probablement rien. C’est pourtant l’homme qui a failli anéantir la crédibilité et la légitimité du basket dans les années 1950 et au début des années 1960. Rien que ça.
Des dizaines de matchs truqués. 22 universités concernées, 37 joueurs arrêtés, dont le futur Hall of Famer Connie Hawkins, et de nombreux autres à la réputation détruite. Pendant une bonne partie de sa vie, Jack Molinas régnait sur le trucage de matchs universitaires et NBA.
A la manière de Frank Abagnale Jr, brillamment interprété par Leonardo DiCaprio dans « Attrape moi si tu peux », Jack Molinas était un génie qui a vite compris que son intelligence et sa fourberie pouvaient l’amener au sommet.
En 1944, à l’âge de 12 ans, il commence le basketball et les paris sportifs. Très vite, l’adolescent – qui est un très bon joueur – commence à contrôler les matchs de sa propre équipe en pariant dessus. Parfois, il joue excessivement mal pour être certain de perdre. D’autres fois, il s’assure de maintenir l’écart de points sur lequel il avait parié. Un observateur raconte :
Pour Molinas, jouer dans un match de basket truqué était bien plus excitant que jouer un match normal
En 1953, après trois années à l’université de Columbia – où il a poursuivi ses activités illégales, il intègre la NBA et les Fort Wayne Pistons via une sélection en 3ème position de la draft. Grâce à son jeu dos au panier et à un tir de loin efficace, il devient rapidement l’un des meilleurs ailiers de la ligue. Mais en plein milieu de sa première saison dans l’élite, il est radié de la NBA pour ses paris illégaux et les trucages de matchs à Columbia. A 23 ans, sa carrière de basketteur prend fin… mais celle de bookmaker continue.
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Molinas parcourt les campus universitaires et corrompt de nombreux joueurs avec du cash et des prostituées. A l’époque, le basket ne rapporte pas énormément d’argent : de son temps avec les Pistons, il n’avait par exemple qu’un contrat de 10.000$ pour une année complète en NBA.
Grâce à son système de corruption de matchs universitaires, il encaisse jusqu’à 50.000$ par semaine pour lui et ses partenaires, qui incluent les mafieux Tommy Eboli et Vincent « The Chin » Gigante de la famille Genovese.
Jack Molinas ne s’arrête pas au basket. L’homme trempe aussi dans le milieu de la boxe, où il n’hésite pas à droguer un des combattants pour s’assurer de l’issue du combat. Il s’adonne aussi aux courses de chevaux, avec plusieurs techniques à son actif. Quand il n’envoie pas une décharge électrique à distance sur un cheval pour le booster, il pirate les horloges des bureaux de paris pour pouvoir placer de l’argent sur des courses déjà terminées.
En 1961, après l’infiltration d’un détective dans les combines de Molinas et de ses associés, le scandale éclate. Il est traduit en justice et écope d’une peine de 10 à 15 ans de prison. Libéré après 5 années à l’ombre – en partie grâce à sa complaisance avec les autorités, il refait sa vie à Hollywood, où il mène un train de vie exorbitant.
Un peu trop, d’ailleurs. Criblé de dettes, il est abattu dans sa villa en 1975 dans un règlement de compte mafieux ordonné depuis New York, quelques mois après que son associé fut tabassé à mort dans son appartement.
Jack Molinas avait 43 ans, et restera dans l’histoire comme un génie maléfique qui a mis le monde du basket à ses pieds pendant une décennie entière.