Les années 80 furent fastes pour les Lakers. Au cours de la décennie, les Californiens ont gagné 5 titres, et crée sous l’impulsion de Pat Riley un style de jeu devenu légende : le fameux Showtime. Mais derrière ce succès se cache un mode de vie fou, souvent rempli d’excès, qui contribue à faire de cette équipe une des plus mythiques de l’histoire de la ligue.
Les années 80. La Californie. Hollywood. La balle orange. Le succès. Voilà les ingrédients d’un cocktail explosif qui a accompagné les Lakers pendant plus de 10 ans, de l’arrivée de Magic Johnson à la fin brutale de son règne, avec l’annonce de sa séropositivité en 1991. Au centre de cette période, les bagues et le sexe. Auteur de l’excellent livre Showtime, Jeff Pearlman explique :
Les Lakers étaient des superstars dans une ville incroyable à une époque où on connaissait à peine le SIDA et où les groupies étaient à leur apogée.
Il y avait des femmes dans les hôtels, dans les arènes, sur la route… Partout ! Alors oui, c’était très présent
De Magic à James Worthy en pensant par Kareem Abdul-Jabbar, les angelinos s’en donnent à coeur joie. Parfois, immédiatement après les matchs, ils retrouvent des groupies ou des cheerleaders dans l’intimité du vestiaire. Quelques instants après, le vestiaire s’ouvre à nouveau et les joueurs répondent aux traditionnelles questions des journalistes. Ce mode de vie était si ancré dans le quotidien des Lakers que même les femmes de joueurs devaient l’accepter :
Au début de chaque saison, Pat Riley faisait un discours dans un restaurant que la franchise avait privatisé. Les femmes des joueurs étaient là, et Riley donnait un long speech passionné sur l’importance du rôle de chacun pour gagner un titre.
Les hommes devaient se concentrer sur le basketball, et les femmes s’occuper du reste. Un gamin pleure à 2h du matin ? La femme s’en occupe. Le joueur a faim ? La femme lui fait un sandwich.
Mais ce qui était non-dit, c’était aussi que ce qui arrive sur la route reste sur la route. « Ne posez pas trop de questions, ne mettez pas des problèmes dans cette superbe vie. Et si tout se passe bien, les titres pleuvront et tout le monde en bénéficiera ».
C’était ça, l’idée.
A l’exception de James Worthy, dont la femme a craqué après l’implication de son mari dans une affaire de prostitution en 1990, tout cela était accepté par les foyers des joueurs des Lakers. A Los Angeles, deux endroits en particulier faisaient office de haut-lieu de la vie nocturne : le manoir de Jerry Buss, le propriétaire de l’équipe, et celui de Magic Johnson.
Les fêtes chez Buss avaient beau être hors-normes, c’est bel et bien chez le meneur des Lakers que les soirées les plus folles avaient lieu. 18 chambres, un système d’enceintes unique en son genre qui crachait du Michael Jackson ou du Earth Wind & Fire, des jacuzzis, une vue imprenable… et certaines des plus belles femmes du monde. Actrices, mannequins, strippeuses, danseuses : la plupart des Lakers s’accordent à dire que les plus belles femmes qu’ils aient jamais vu de leur vie se trouvaient chez Magic Johnson.
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Les coéquipiers du quintuple champion NBA sont évidemment conviés, de même que les adversaires de passage à Los Angeles pour les affronter. Quant aux femmes acceptées, elles devaient répondre à trois critères : sublimes, peu habillées et prêtes à répondre aux désirs des conviés. Coéquipier de Magic pendant un an, Franck Brickowski raconte :
Quand je mourrai et que j’irai au paradis, je veux que le paradis soit les fêtes de Magic. Il avait les plus belles femmes du monde chez lui. [Dans les soirées], à minuit, il fallait avoir séduit une femme, ou te dégageais !
Alors si t’étais un mec, juste avant minuit, tu te rapprochais de la plus belle femme possible. Puis Magic faisait le tour comme un voyeur, il vérifiait, regardait les gens. Des gars criaient « Magic ! Elle ne veut pas s’y mettre », puis Magic arrivait et elles s’y mettaient.
La célébrité à L.A, c’est quelque chose. C’est triste, mais quand on est jeune et célibataire…
Si Magic Johnson et l’immense majorité des Lakers avaient un goût prononcé pour les femmes, le meneur n’a jamais touché à l’alcool ou aux drogues, mêmes douces. Pas surprenant, quand on sait ce qui se dit sur son exceptionnelle éthique de travail. Mais certains de ses coéquipiers n’ont pas eu cette force. Dans une NBA où l’usage de drogues dures était répandu, certains se sont perdus, à l’image de Spencer Haywood.
Très bon joueur dans les années 70, il a signé au début des années 80 avec les Lakers, réalisant ainsi le rêve pour lequel il avait travaillé si dur. Mais une fois en Californie, la vie nocturne l’a totalement avalé. Perdu dans la cocaïne, il a rapidement été renvoyé après s’être endormi lors d’un entrainement. Gérer la vie de Laker dans le Hollywood des années 80, ce n’était pas à la portée de tout le monde.
Quoiqu’il en soit, ce qui était au coeur du quotidien des Lakers, c’était bien le sexe. Et quand le rookie A.C Green a débarqué dans l’équipe en 1985, Magic et consorts étaient perplexes. Le nouvel arrivant avait en effet la réputation d’un homme pieux, religieux, qui ne jurait jamais et n’envisageait pas l’acte charnel avant le mariage. Amusé par ce gamin qui ne connaissait pas Michael Jackson ou Prince et qui se désintéressait totalement des avantages liés à la célébrité, Magic lui a alors lancé un pari : « Dans deux mois maximum, t’auras craqué ».
La casquette de A.C Green a donc tourné dans le bus, et quand elle lui est revenue entre les mains, 300 dollars s’y trouvaient. Le pari était acté. Un mois plus tard, après un match à Portland, les Lakers étaient tout heureux d’observer de loin le rookie parler à une très belle jeune femme. Persuadés de le voir enfin craquer, ils sont alors allés le voir et lui ont demandé de qui il s’agissait. « Je vous présente Vanessa, ma soeur », a alors répondu A.C Green. On imagine la déception de ses coéquipiers…
Au-delà de ces histoires, les Lakers ont surtout réussi à gagner 5 titres sur la décennie, preuve que leur style de vie pour le moins débridé ne les a pas détourné de leur objectif majeur : dominer la ligue. Mais au même titre que le bras roulé de Kareem, la no-look passe de Magic, le tomar de James Worthy ou le costume immaculé de Pat Riley, ce style de vie est passé à la postérité. Showtime. Sur, et en dehors du terrain. Témoin d’une époque « dorée ».