Alors que Kobe Bryant verra ses numéros 8 et 24 monter au plafond du Staples Center cette nuit, il s’est confié dans un entretien à Slam Magazine. L’occasion d’aborder cette cérémonie, mais aussi et surtout plusieurs joueurs de la ligue. Morceaux choisis.
Q : La cérémonie est ce soir. As-tu pensé aux émotions que tu allais ressentir ? Tu as dit par le passé que le basket ne manquait pas, mais revenir sur le parquet devrait faire ressurgir des émotions.
KB : Je pense qu’il y aura de la nostalgie. Voir des fans et des visages dans la foule que j’ai grandi en voyant chaque jour, vivre ce moment, ça va être très émouvant. Mais ça va être fun aussi. J’ai hâte d’y être.
Q : Je voulais avoir ton opinion sur quelques sujets en NBA. D’abord, on voit que les Warriors jouent avec de la hargne cette année, et Kevin Durant ou Draymond Green se sont faits éjecter. En tant que personne qui a joué des finales plusieurs fois de suite, est-ce que ça pourrait être un moyen de rester motivé durant la saison régulière ?
KB : Je ne sais pas s’ils font ça dans ce sens là, mais je pense que la saison régulière est très importante pour eux. Le fait qu’ils soient aussi investis émotionnellement et qu’il y ait ces accrochages montre que le titre de l’année dernière leur est déjà passé au-dessus : ils veulent celui de cette année, et ils le veulent sacrément. Pour moi, ça montre qu’ils sont motivés et qu’ils ne se reposent pas sur les championnats qu’ils ont déjà gagnés.
Q : Quels sont les quelques joueurs dont tu es fan ?
KB : Giannis [Antetokounmpo] est vraiment, vraiment fun à regarder. La manière avec laquelle il joue, et sa passion pour le jeu… J’adore vraiment le voir jouer.
Q : Est-ce qu’il te rappelle de la manière avec laquelle toi tu jouais ?
KB : Il joue avec la même passion et la même agressivité. Il est toujours agressif des deux côtés du terrain.
Q : Les Lakers sont dans une phase de transition avec leurs jeunes joueurs. Quel est ton avis sur Lonzo, Ingram, Kuzma et leur jeu ?
KB : Je trouve qu’ils se débrouillent bien. C’est toujours dur d’être dans une période de transition avec des jeunes joueurs car ils se cherchent encore individuellement. Mais la beauté de la chose, c’est qu’ils grandissent ensemble. Comme Golden State. Quand ces gars sont arrivés dans la ligue, ils étaient jeunes et [la franchise] les a conservé ensemble. Ils les ont développé et tout d’un coup on a eu ce rouleau compresseur. Les Lakers ont définitivement du potentiel. Brandon Ingram a passé un cap dans sa manière de jouer.
Q : Lonzo a reçu beaucoup d’attention. Ce qui se passe hors du terrain mis à part, quel est ton avis sur lui ?
KB : Ses qualités athlétiques et sa longueur sont très importantes. Sa taille, sa vision aussi. C’est un bon rebondeur, ce qui est important pour un meneur car ça permet de mieux contrôler le tempo du match. Le problème du shoot, ça viendra, il faut qu’il s’habitue. Il sent bien le jeu et de ce qu’on me dit, il travaille dur. Grâce à ça, il va continuer à progresser et s’améliorer.
Q : Tu avais le même âge quand tu étais rookie. Tu imagines forcément la pression qu’il vit en étant vu comme le futur des Lakers. Trouves-tu qu’il gère ça bien ?
KB : Comment je pourrais le savoir ? Je ne sais pas, j’espère. Tout ce qui compte, c’est se focaliser sur le travail. Se concentrer sur ton jeu, le développer, faire ce que tu dois faire mentalement et physiquement, tout ça. Le bruit autour de toi, c’est rien d’autre que du bruit. Ce qui est important lundi ne le sera plus mardi. Mais ce qui est important chaque jour, c’est comment tu t’améliores. S’il raisonne comme ça, tout ira bien.
Q : LeBron James est dans sa 15ème saison. Es-tu impressionné par cette longévité ?
KB : Je ne sais pas si je suis impressionné. J’étais persuadé qu’il aurait une longue carrière du fait de son physique, de sa dévotion au jeu et de sa capacité à prendre soin de son corps. C’est une formule assez simple. On a joué tous ensemble dans une équipe olympique, et je disais aux gars : « Si vous faites le taf, que vous prenez soin de vous et faites les choses que vous êtes supposés faire, vous jouerez longtemps. Si vous ne le faites pas, ce ne sera pas le cas ».
Q : Il n’y a jamais eu d’opposition en finale entre LeBron et toi. Est-ce un regret ?
KB : Bien sûr, ça aurait été une opposition fun. Il y a les affrontements entre Magic et Bird, Magic et Jordan, Jordan et Drexler… Ca aurait été sympa, ça c’est clair.
Q : Certains anciens critiquent les joueurs actuels par rapport à l’argent qu’ils gagnent et la manière avec laquelle ils jouent au basket. Est-ce que ce sont des critiques justifiées ?
KB : Personne ne peut déterminer ce qui est juste et injuste, tout le monde a le droit de critiquer. Personnellement, je m’en fous un peu. Le jeu est fait pour évoluer, et il l’a toujours fait. Quand Dr J est arrivé dans la ligue, c’était différent de l’ère Bird/Magic, qui était différente des années 90 avec la domination des Bulls… Le jeu évolue et le style change. Il y aura un moment où on reviendra à nouveau vers les grands qui dominent, mais ce n’est pas pour maintenant. C’est une affaire de cycles.
Q : Kyrie Irving a pris un gros risque en quittant les Cavaliers cet été, mais il réalise un gros début de saison. As-tu remarqué des différences dans sa manière de se comporter maintenant qu’il est la pièce maitresse d’une équipe ?
KB : Il fait les mêmes choses. Tu ne peux pas changer qui tu es. Il est à Boston comme il était à Cleveland. Je pense juste que le jeu et les systèmes sont différents. Les Cavs avaient un peu une approche centrée sur 2 joueurs quand il était là [lui et LeBron]. Boston a une vision plus démocratique. Kyrie a été critiqué parce qu’il aime avoir toujours la balle en main, et c’est vrai. Son jeu n’a pas changé, le système a changé et ça nous a permis de voir un autre aspect de son jeu.