Depuis quelques années, la NBA connaît l’essor d’un nombre important de meneurs de grand talent. Longtemps délaissée, la place de pivot est en train de retrouver des couleurs grâce à une génération dorée. Un autre poste est très chargé en concurrence : il s’agit du poste d’ailier. Celui qu’on aimait appeler « petit ailier » ou « ailier shooteur ». Des termes qui ont, aujourd’hui, presque disparu avec l’explosion du small ball qui a appelé à la banalisation de la polyvalence sur les postes 3 et 4. Avec LeBron James, Kevin Durant, Giannis Antetokounmpo, Kawhi Leonard, Paul George, Gordon Hayward, Carmelo Anthony ou encore Andrew Wiggins, on y trouve une belle liste de All-Stars en puissance et des talents hors du commun. Mais au milieu de tout ce beau monde, il est dur de se faire une place et de se faire reconnaître à sa juste valeur. Lieutenants, remplaçants de luxe, futures stars, anciens franchise players… Zoom sur les postes 3 qui s’accomplissent dans l’ombre des stars.
LE COÉQUIPIER IDÉAL
Andre Iguodala – Golden State Warriors / Stats sur la saison : 6.2pts (47%FG-28%3p-64%LF), 3.9rbds, 2.9asts en 26.3min (23 matchs)
Même s’il n’est jamais vraiment rentré dans la cour des superstars, pour tout fan NBA, Andre Iguodala n’est plus à présenter. Premier option des Sixers durant plusieurs années, il a dû succéder à Allen Iverson en tant que go-to-guy de l’équipe. Pas une mince affaire pour celui qui fut All-Star en 2012 (on parie que vous aviez oublié). Avoisinant les 20pts/match plusieurs saisons d’affilée et impressionnant l’auditoire par ses qualités athlétiques, autant en match que lors du concours de dunk auquel il a participé. Du côté de Golden State, Iggy a connu une deuxième carrière. Spécialiste défensif, leader du banc, all around player… Il s’est réinventé et son travail de l’ombre a été récompensé par le titre individuel suprême en 2015. Celui de MVP des finales NBA. Si son impact en chiffres se fait désormais moins ressentir, son importance est toujours la même et il sera sans doute encore dans les discussions quant au titre de meilleur 6ème homme de la saison.
LE SCOREUR MULTICARTE
Tobias Harris – Detroit Pistons / Stats sur la saison : 18.8pts (48%FG-46%3p-90%LF), 5.3rbds, 1.6asts en 33.2min (25 matchs)
Joueur de banc à Milwaukee, puis scoreur irrégulier du côté d’Orlando, Tobias Harris a enfin trouvé un rôle dans lequel s’épanouir. Très utilisé au poste 4 depuis le début de la saison grâce notamment à sa taille, il n’en demeure pas moins que l’arme offensive des Pistons reste un ailier dans la plus pure tradition. Stan Van Gundy s’appuyait énormément sur une relation Reggie Jackson-Andre Drummond qui a vite connu ses limites. Désormais, Harris est bien plus impliqué dans les systèmes et ça se ressent dans les chiffres. Il est tout simplement devenu le joueur qui prend le plus de shoots chez les Pistons, avec 15 tentatives par match. Il est aussi dans le top 20 des joueurs qui tentent le plus de shoots à 3 points, mais surtout du win share offensif (top 15) et de l’offensive rating, statistique utilisée pour mesurer l’impact d’un joueur sur l’attaque de son équipe. Redoutable menace extérieure, il est une des raisons principales du début de saison très satisfaisant de Detroit.
LA PÉPITE DE L’OMBRE
T.J. Warren – Phoenix Suns / Stats sur la saison : 18.8pts (49%FG-21%3p-76%LF), 5.7rbds, 1.3asts en 31.4min (25 matchs)
Chaque saison marque une nette progression dans la carrière de T.J. Warren. Le développement de l’ancienne star de NC State est constamment sur la pente ascendante. L’apprentissage est tout de même très compliqué au niveau des résultats collectifs. Dans une équipe en plein chantier, il n’a pour l’instant gagné que 60 de ses 181 matchs NBA. Mais avec Devin Booker ou encore Josh Jackson, il constitue la principale source d’optimisme des fans des Suns. Dans une NBA moderne qui ne jure que par le shoot extérieur, il fait partie de ceux qui recherchent sans cesse à se rapprocher du panier pour scorer avec efficacité. Avec ses 18.8pts de moyenne à 49% de réussite, on peut dire que ça fonctionne plutôt bien.
LE FIDÈLE AU POSTE
Robert Covington – Philadelphie 76ers / Stats sur la saison : 15.3pts (45%FG-43%3p-81%LF), 6.2rbds, 1.9asts, 1.6stls en 32.2min (25 matchs)
Il est arrivé en NBA par la toute petite porte. Non-drafté après son année senior universitaire, allers-retours en G-League, coupé par les Rockets après y avoir disputé seulement sept matchs… Rob Covington tient sa revanche. Le voilà meilleur que jamais et les Sixers sont de retour sur le devant de la scène, formant un trio d’avenir redoutable avec Ben Simmons et Joel Embiid. Son shoot est plus fiable que jamais et le rend capable de prendre feu à tout moment, comme en atteste sa première mi-temps face aux Warriors le mois dernier, le lendemain de sa prolongation. Comme pour remercier ses dirigeants, qui comptent désormais sur lui pour les quatre prochaines années. Une belle récompense pour celui qui a connu les années les plus noires du Process.
LA TROISIÈME OPTION
Otto Porter – Washington Wizards / Stats sur la saison : 15.3pts (50%FG-46%3p-82%LF), 7.0rbds, 1.8asts, 1.6astls en 32.6min (25 matchs)
Prolongé à prix d’or cet été, Otto Porter est devenu le cinquième joueur le mieux payé à son poste. Les quatre joueurs le devançant ? LeBron James, Gordon Hayward, Carmelo Anthony et Kevin Durant. Autant dire qu’il n’a pas vraiment d’autre choix que de répondre aux attentes. Performant cette saison, il a néanmoins souvent déçu en l’absence de John Wall. Bradley Beal devant parfois porter un peu seul son escouade. Des performances qui pourraient finir de convaincre ceux qui pensent que son nouveau contrat est trop lourd pour ses « frêles épaules » . Mais Porter a de quoi les faire mentir. Toujours aussi régulier sur l’adresse à 3 points, son impact défensif est également plus élevé que jamais dans les chiffres. Et une performance comme celle qu’il vient de délivrer face aux Clippers plaide en sa faveur. On ne peut pas attendre de lui des cartons à répétitions, mais si Otto Porter éxécute son rôle de 3-and-D à merveille tout en parvenant à soulager son duo de stars dans les moments clés, il pourra avoir le sentiment du devoir accompli.
LE CAMÉLÉON
Harrison Barnes – Dallas Mavericks / Stats sur la saison : 18.5pts (44%FG-32%3p-84%LF), 7.6rbds, 2.1asts en 35.2min (26 matchs)
« HB » avait quitté les Warriors afin de changer de dimension. À Dallas, il a réussi son pari en devenant un scoreur régulier, passant de 11.7 à 19.2pts de moyenne. Cette saison, dans une équipe de Dallas au fond du trou, il est difficile pour lui de confirmer sa progression. Mais il demeure tout de même le scoreur numéro 1 de la bande à Rick Carlisle, avec un temps total de jeu parmi les plus importants de toute la ligue. De là en faire le successeur de Nowitzki en tant que visage de la franchise, se trouve un pas à ne pas franchir. Mais il a prouvé sa capacité à être performant autant dans une fonction de go-to-guy dans une équipe médiocre, que dans celui d’un role player d’une équipe championne. Ce qui permet de constater que peu importe le rôle qu’on lui offrira à l’avenir, Harrison Barnes saura faire le caméléon et s’adapter à tous les dispositifs. Du pain bénit pour un coach.
LE CALIFORNIEN NOUVEAU
Danilo Gallinari – Los Angeles Clippers / Stats sur la saison : 13.4pts (34%FG-26%3p-97%LF), 4.4rbds, 2.6asts en 31.7min (11 matchs)
Derniers mois compliqués pour l’Italien. Absent du dernier Euro après une blessure insolite, il a pu se rétablir pour le début de saison avant de se reblesser. Sa réputation de joueur injury prone refaisant surface. De nouveau de retour, il va devoir endosser de grosses responsabilités en l’absence de Blake Griffin. Au sortir de deux belles saisons avec les Nuggets il vient combler le poste 3 chez les Clippers, désert depuis des années. Joueur plutôt complet, il reste avant tout un scoreur qui a besoin d’être alimenté. Dans une équipe décimé de ses playmakers, arrivera t-il à s’en sortir ? Après un temps d’adaptation attendu, il aura en tous cas un vrai coup à jouer et un statut à retrouver.
LE PATRON RECONVERTI
Rudy Gay – San Antonio Spurs / Stats sur la saison : 12.4pts (48%FG-30%3p-81%LF), 5.6rbds, 1.8asts, 1.0stls en 23.5min (25 matchs)
« Je veux réaliser le meilleur comeback de tous les temps » . C’est avec ces mots que Rudy Gay fêtait son arrivée aux Spurs en juillet dernier. Absent près du tiers de la saison passée pour une rupture du tendon d’Achille, l’ancien prolifique scoreur des Grizzlies est de retour plein de motivation. Auteur d’un début de saison convaincant, et épanoui dans les systèmes de Gregg Popovich, il se réinvente dans un rôle de remplaçant de luxe. Rapportées sur 36 minutes, ses stats actuelles sont de 19 points, 8.6 rebonds et près de 3 passes. Un vrai atout pour les Spurs. On n’ira pas jusqu’à qualifier ça de « meilleur comeback de l’histoire » mais Rudy Gay est en train de réussir sa reconversion. Avec 18 points par match en carrière, sa réputation de pur scoreur n’est plus à faire. Une réputation qui l’a propulsé aux portes d’un statut de All-Star il y a quelques années, mais sans jamais y parvenir. Où qu’il aille, Rudy Gay mettra des points. C’est son métier. Aujourd’hui, il n’est plus une première option, ni une seconde, et c’est finalement comme ça qu’il va peut-être connaître sa meilleure saison sur le plan collectif.
LA MACHINE À FICELLES
Bojan Bogdanovic – Indiana Pacers / Stats sur la saison : 14.9pts (50%FG-44%3p-85%LF), 3.1rbds, 1.3asts en 31.5min (26 matchs)
À 28 ans, Bogdanovic ne connaît que sa quatrième saison NBA. Mais avant ça, sa carrière a été marquée par plusieurs faits d’armes sur la scène européenne et internationale, dont une présence dans le meilleur cinq de l’Euro 2013 et un titre de meilleur marqueur des J.O 2016. Arrivé en 2014 sur les parquets américains avec le plein d’expérience, trois ans après sa draft, le joueur a tout de suite impressionné par ses qualités de shooteurs et sa maîtrise des fondamentaux. Des qualités qu’il met aujourd’hui au service des Indiana Pacers dont il est le deuxième meilleur marqueur. À la surprise générale, les Pacers sont playoffables et la forme actuelle du Croate n’y est pas étrangère.
LE COUTEAU SUISSE
James Johnson – Miami Heat / Stats sur la saison : 11.3pts (49%FG-36%3p-69%LF), 5.2rbds, 4.1asts, 1.0stls en 27.6min (24 matchs)
Alors qu’il menait une carrière des plus discrètes, c’est en débarquant au Heat que James Johnson s’est vraiment révélé. Dans une saison surprise d’Erik Spoelstra et ses hommes, il a été l’un des moteurs de l’équipe. Poste 3 ou 4, la question peut se poser, mais il fait preuve d’une telle polyvalence que cela a finalement peu d’importance. Gros Q.I. basket, leader de vestiaire, couteau-suisse… il est un vrai baromètre dans les performances du Heat, autant dans la second unit que lorsqu’il est titularisé. Le genre de joueur dont l’influence ne se ressent pas que dans les chiffres. Détenteur d’un nouveau contrat de quatre années à 60 millions de dollars, il a désormais la reconnaissance qu’il mérite. Miami doit désormais retrouver les playoffs et son rôle sera déterminant.
LE JEUNE VÉTÉRAN
Trevor Ariza – Houston Rockets / Stats sur la saison : 11.5pts (45%FG-40%3p-91%LF), 4.5rbds, 1.9asts, 1.7stls en 34.0min (22 matchs)
Drafté en 2004 par les Knicks, l’ailier des Rockets donne l’impression d’avoir toujours été là. À seulement 32 ans, il fait désormais office de vétéran. Partout où il est passé, Ariza a toujours été un joueur de devoir. Prometteur avec le Magic, champion avec les Lakers, faire valoir d’un duo aux Hornets et aux Wizards, il est désormais un joueur essentiel dans le collectif des Rockets. Véritable « iron man » , il n’a manqué que 4 matchs sur les 4 dernières saisons. Si Ariza a toujours été un joueur sous-estimé et peu mis en avant dans les médias, ce n’est pas le cas de la plupart de ses coachs. Depuis l’arrivée de Mike D’antoni à la tête de l’équipe, il est le second joueur le plus utilisé, devancé uniquement par James Harden. Un temps de jeu qui résume son importance. Dans ce run and gun, Ariza s’amuse dans un rôle de 3-and-D au sein d’un rouleau compresseur offensif. Un coéquipier modèle qui va tenter de remporter sa deuxième bague au terme de cette saison que Houston a entamé de la meilleure des manières.
Vous l’aurez compris, le poste d’ailier est l’un des plus fournis en NBA. Derrière une ribambelle de stars, les autres bénéficient de peu de reconnaissance médiatique. Si notre Nicolas Batum national aurait pu être cité, il évolue désormais essentiellement au poste d’arrière, d’où sa non-présence dans le classement. On peut évidemment y ajouter des mentions à des joueurs de devoir tel que Jae Crowder, Wilson Chandler, Joe Ingles, DeMarre Carroll, Luc Mbah a Moute. P.J. Tucker et bien d’autres. Sans oublier les stars ou lieutenants de demain qui répondent aux noms de Brandon Ingram, Jaylen Brown, Justise Winslow, Jayson Tatum ou encore Kelly Oubre. Dans une ère où la définition des postes n’a plus la même importance et où le frontcourt tend à se fondre en une seule et unique position, le poste 3 est peut-être dans la meilleure forme de son existence et a encore de très beaux jours devant lui.