Les Warriors, on le sait, dominent la Conférence Ouest depuis quelques années et chaque été, les 14 autres franchises redoublent d’efforts pour venir leur faire concurrence, sans réel effet.. jusqu’à cet été 2017, où Houston accueillait Chris Paul pendant que James Harden sortait d’une saison de MVP (même si les résultats ne vont pas dans ce sens, mais là n’est pas le débat). Alors un backcourt de cette envergure satisfait-il nos espérances?
Cette saison, quand on pense aux Rockets, on voit apparaître dans notre crâne une image de James Harden et Chris Paul sous le même maillot, bien que l’ex-Clipper n’ait débuté sa saison qu’il y a peu, suite à une blessure au genou gauche. La force de frappe que ces deux-là développent à eux seuls est impressionnante, à tel point que Harden à d’ores et déjà repris sa place dans les discussions au trophée de MVP. Auteur de 31,4 points et 9,8 passes à 44,6% au tir, le barbu le plus célèbre de ce sport régale autant ses coéquipiers que les (télé)spectateurs assistant au festin. Et il faut dire qu’il y a du monde autour de la table où Mike D’Antoni, à la place du roi, gère la distribution des parts d’une manière remarquable.
Disons que le travail du coach adverse se complique dès lors que les options offensives texanes semblent se démultiplier à chaque match, tel un buffet à volonté. Si, non sans mal, la défense parvient à contrer les lobes de James Harden pour Clint Capela (en pleine forme lui aussi cette saison), elle aura alors à faire au pick-and-pop à la sauce Chris Paul, assisté sur ce coup par Ryan Anderson. Notez bien : sur 36 minutes, Chris Paul envoie quasiment 6 passes décisives à destination seule du shooter lorsque celui-ci est placé derrière la ligne des 3-pts.
Pourtant nous le disions, Chris Paul semblait avoir besoin d’un petit temps d’adaptation pour rentrer dans le moule Rockets, mais que nenni. En cinq matches joués, CP3 a déjà envoyé un total de 51 passes décisives, en ne perdant que sept ballons en tout. De plus, Mike D’Antoni n’a qu’à mettre les pieds sous la table puisque son nouveau meneur est en tête des passes décisives débouchant sur un 3-pts primé. Surtout quand le deuxième sur la liste s’appelle James Harden.
Mais Houston est aussi synonyme de Eric Gordon, lui-même synonyme de renaissance lorsque l’on revient rapidement sur sa dernière saison, qu’il terminera d’ailleurs avec le titre de Sixième Homme de l’Année. Pendant que Harden foule pendant 36 minutes le parquet, Gordon et Paul se partagent le reste du gâteau. Autant dire que peu importe si l’un ou l’autre a besoin d’un peu de repos, la relève est là, comme en témoignent les performances d’Eric Gordon en l’absence de Chris Paul : en 33 minutes, Gordon affiche une moyenne de 23,1 points à 42,4% au tir, mais surtout cette folle progression à la pénétration. En effet, s’il n’a pas pris de potion magique, on aimerait savoir ce que mange celui qu’on appelle le Hobbit. Admirez plutôt la dextérité avec laquelle il prend la direction du panier :
Alors forcément, c’est difficile pour la défense adverse de se concentrer sur trois potentielles options : Chris Paul, James Harden et Eric Gordon, alors il faut faire des choix. Et autant dire qu’avec deux meneurs de talent comme peuvent l’être ses copains, et en ajoutant le fait que ses talents permettront de garder le contrôle sur les minutes jouées par Chris Paul, Eric Gordon n’a pas de souci à se faire pour ses chiffres, surtout lorsque l’on apprend que Gordon inscrit presque un tiers de ses 343 points grâce aux passes de James Harden.
Mais là où cela peut faire peur. C’est qu’en vérité. Chris Paul, James Harden et Eric Gordon n’ont passé que 5 minutes ensemble sur le terrain. Depuis 5 matches. Se prendre à imaginer ce que cela peut donner peut donner le vertige, mais il semblerait qu’à l’instant où sont écrites ces lignes, Houston n’a pas besoin de plus. Ajoutez-y les talents respectifs de Nene Hilario, Trevor Ariza, PJ Tucker ou encore Luc Mbah A Moute (historique cette saison) et vous obtenez une recette des plus alléchantes.
Toujours en tête de la Conférence Ouest avec un bilan de 15 victoires et quatre défaites et sur une série de quatre succès, les Texans se montrent aux yeux de tous – et surtout des Warriors – comme une équipe ultra solide capable de faire tomber les meilleurs. Et il reste encore 63 matches à jouer avant une potentielle mais déjà quasi certaine place en Playoffs. La question se pose alors : peuvent-ils aller chercher un titre s’ils restent sur cette dynamique indéfendable et pleine de vitesse?
Source : Sports Illustrated