Après un été fou qui a vu un nombre impressionnant d’échanges entre les franchises, la saison va reprendre. L’occasion de faire le point sur les coulisses des trades, et laisser les principaux concernés en parler : les joueurs.
Pour réussir, il n’y a pas de sentiments. Si quelque chose est marquant en NBA vu depuis notre œil européen, c’est bien le traitement des joueurs en cas d’échange. Au foot, par exemple, il est inconcevable d’envoyer un joueur dans un autre club contre son gré, du jour au lendemain, sans qu’il ne soit au courant. En NBA, c’est pourtant le cas, et c’est une tradition qui a à la fois son charme et ses inconvénients. Demandez à Nicolas Batum, échangé de Portland à Charlotte (4500 kilomètres, s’il vous plait) il y a deux ans. Pour certains observateurs, les sommes mirobolantes gagnées par les joueurs justifient bien ces quelques désagréments, tandis que pour d’autres, c’est un pan un peu plus sombre du business.
Ce qui est certain, c’est que sans aucune explication ou délai, on peut être envoyé à l’autre bout du pays en un claquement de doigts, ou voir son nom associé à des rumeurs persistantes. Dans cette situation, Caron Butler voit deux situations possibles :
« J’ai vu les deux possibilités. Soit les gars se surpassent sur le terrain pour prouver leur valeur, soit ils disent « allez vous faire f*utre » et ils se désintéressent complètement. Ca joue sur l’entente dans l’équipe. Un joueur peut commencer à se dire « pourquoi je devrais en avoir quelque chose à faire qu’on perde ou qu’on gagne si bientôt je ne suis plus là ? »
La plupart des joueurs s’accordent par ailleurs sur le fait qu’un front office pas sincère ne fait qu’envenimer la situation. L’honnêteté est à privilégier, car les mensonges n’apportent que des soucis supplémentaires. Le vétéran Garrett Temple explique :
« Tout dépend comment le front office communique avec le joueur. Bien souvent, on veut juste qu’on nous dise la vérité, que ce soit bon ou mauvais. Ce qui énerve le plus les gars, c’est quand le GM leur dit une certaine chose en face de lui et dit ou fait l’opposé dans leur dos »
Dans tous les cas, les joueurs (et notamment les plus expérimentés) ont pour la majorité accepté le fait que leur destin pouvait basculer en une poignée de secondes. Après tout, la NBA est un business, et ce n’est pas Dorrell Wright et ses 12 ans dans la ligue qui vont dire le contraire.
« La mentalité pour les joueurs NBA c’est « si tu n’es pas dans le top 2 de ton équipe, tu n’es pas à l’abri ». On sait qui est intouchable. Et si tu n’es pas dans le top 2, tu peux bouger. Parfois, c’est même couru d’avance. Si ton équipe a de mauvais résultats, tu sens que ça va péter »
Quoiqu’il en soit, l’omerta règne dans les vestiaires NBA : on ne parle pas des rumeurs. « On en parle vraiment pas », acquiesce Garrett Temple. « Tu fais ton boulot jusqu’au jour où t’as le coup de téléphone. Je n’ai jamais été dans une équipe où les gars parlent de ça. Tout le monde est au courant, mais personne n’en parle ». Rashard Lewis confirme, expliquant que même pour un vétéran de sa trempe c’était « toujours dans un coin de sa tête ».
Un autre consensus qui se dégage des conversations avec les joueurs est la question de la jeunesse et de la maturité. Tous s’accordent à dire que les joueurs les plus jeunes sont les plus vulnérables. Avec l’âge et l’expérience, on apprend à gérer les situations plus intelligemment, d’autant que tous les trades ne sont pas forcément négatifs. Le joueur de G-League Jarnell Stokes rappelle à juste titre que les joueurs sont de grands compétiteurs, et que si l’échange permet à l’équipe de s’améliorer, le vestiaire est satisfait. Ce propos est néanmoins à nuancer dans le cas où le joueur transféré est un vétéran respecté ou un joueur particulièrement apprécié.
Voilà pour cette petite incursion dans les coulisses des transferts NBA. L’occasion de se rappeler que derrière le jeu qui nous fait tous rêver, la grande ligue est aussi (et surtout ?) un impitoyable business.
Source : HoopsHype