Interview Iliana Rupert : « C’est un honneur pour moi de porter le même numéro que mon père »

Iliana Rupert, nous n’avons qu’une chose à vous dire, retenez son nom… Souvent rattachée à la mémoire de son père, cette jeune intérieure a tout l’avenir devant elle, mais elle se démarque déjà par ses performances. Élément incontournable de sa catégorie, Iliana Rupert a été très logiquement élue MVP du championnat d’Europe des moins de 16 ans qui s’est déroulé à Bourges au mois d’Août dernier. L’occasion pour Parlons-Basket de revenir sur le titre des Bleues.

Parlons-Basket Féminin : Bonjour Iliana, avant toute chose, peux-tu te présenter très rapidement à nos internautes ?

Iliana Rupert : Bonjour, je m’appelle Iliana Rupert, j’ai 16 ans. Je joue à l’Insep en LF2 où je vais y débuter ma 3e année.  Mes coéquipières et moi avons été sacrées Championnes d’Europe U16 le 12 août dernier. Parlons du sujet qui nous intéresse tous, l’Euro.

PBF : Un Euro à domicile, à Bourges, j’imagine que cela avait une sensation très particulière pour vous les joueuses ?

IR : J’ai eu la chance de faire le championnat d’Europe avec les 2000 l’année dernière. Nous avons été médaillées de bronze à Udine en Italie.  Ces deux expériences ont été totalement différentes mais toutes les deux enrichissantes. À Bourges, plus on avançait dans la compétition, plus la salle se remplissait, et plus les supporters nous poussaient…et croyez moi, jouer devant 2500 personnes, pour des jeunes filles de 16 ans, c’est complètement fou.

(Crédit photo : FIBA)

PBF : Penses-tu que cela vous a portées?

IR : Je pense que l’Euro à domicile devant notre public et la sensation que cela procure, nous a fait faire de belles choses . Quand vous voyez plusieurs milliers de personnes avec des drapeaux aux couleurs de la France, chanter la marseillaise avec vous, vous supporter tout au long des matchs, votre famille dans les tribunes, etc.. vous réalisez la chance et le privilège de porter le maillot tricolore et de représenter son pays. Et là vous vous devez de tout donner pour les remercier.

PBF : Rentrons dans le vif du sujet, et parlons des résultats… Vous avez tout simplement survolé toute les phases de poules pour l’euro. Et voici, les ½. Ici, on sent une atmosphère un peu plus tendue, avec un adversaire plus proche de votre niveau. Selon toi, quelle a été votre force pour l’emporter ?

IR : Nous avons abordé tous les matchs de l’Euro de la même manière. Nous nous focalisions d’abord sur nous, sur ce que nous devions améliorer par rapport au match précédent, ou continuer de faire ce qui a été bien fait. Nous avons pris les matchs les uns après les autres. Je pense que cela nous a permis de ne pas se laisser prendre par l’euphorie des victoires, et toujours se projeter vers le match d’après. On a su garder la tête froide au fur et à mesure de la compétition, et je suis persuadée que cela a été notre force.

(Crédit photo : FIBA)

PBF : Vous aviez démarré votre préparation à Nice, à l’occasion du tournoi Laure Ecard où vous aviez déjà rencontré la Hongrie, votre adversaire en finale de l’Euro, comment avez vous envisagé ce match ?

IR : Certaines personnes peuvent se dire et se sont certainement dit,  » elles les ont déjà battues, ça va être facile « …mais loin de là. Un match de préparation ou une finale de l’Euro ce n’est pas pareil. Jouer un adversaire que vous avez déjà croisé et battu en préparation peut être traitre. Mais comme je l’ai dit, nous avons abordé ce match de la même manière que les autres et nous avons su garder la tête froide. Ces 2 points là sont primordiaux si vous voulez performer.

PBF : Particulièrement adroite, les Hongroises ont bien démarré le match, vous n’arriviez malheureusement pas à imposer votre rythme. Avez vous douté ?

IR : Je ne pense pas que l’équipe ait vraiment douté, mais nous avons eu peur. C’est vrai que lorsque vous voyez +10 au tableau d’affichage pendant une finale de l’Euro, vous n’êtes pas toute sereine. Mais nous avons eu du mal à débuter les 3 derniers matchs de la compétition, j’étais donc confiante quant au fait de retrouver du rythme en défense et en attaque. Et puis une finale ça ne se joue pas, ça se gagne.

PBF : Surtout que sur ce match, le secteur intérieur a particulièrement été bien défendu par les Hongroises… Où as-tu trouvé la force de sortir ton épingle du jeu ?

IR : Aucune défense n’est parfaite, il y a toujours une faille. J’ai donc su les repérer et m’en servir pour produire mon jeu. Cette analyse prend un peu de temps, c’est pour cela que je n’ai pas fait un très bon premier quart temps, mais encore une fois, je suis restée sereine et le jeu est venu par la suite.

PBF : Et en seconde mi-temps, vous élevez votre niveau de jeu, plus agressives que votre adversaire, les hongroises perdent pied, vous déroulez et l’emportez. Un soulagement ?

IR : Un soulagement oui parce que je pense que nous attendions tous ce moment avec impatience. Mais d’un autre côté, nous avons eu cette médaille car nous le méritions. Rien n’arrive par hasard. Nous avons su nous donner les moyens d’y arriver, même avec un parcours très très compliqué et c’est pour cela que la victoire est d’autant plus belle.

PBF : Sur le plan personnel, tu as survolé ce tournoi en tournant quasiment à un double-double par match… Que penses tu de tes performances personnelles? Tu as d’ailleurs été élue MVP de la compétition, en retires-tu une certaine satisfaction ?

IR : Je pense que la phrase  » n’abandonnez jamais et allez au bout de vos rêves  » prend énormément de sens à l’heure actuelle pour moi. J’ai été blessée toute l’année, en raison d’un problème rotulien. J’ai eu de grosses périodes de doutes et de pertes de confiance mais je n’ai jamais jamais abandonné. Je me suis donnée des objectifs bien précis, et j’ai travaillé dur pour les atteindre. Je n’ai jamais lâché même dans les moments les plus durs. Beaucoup de gens n’y croyaient pas trop, parce qu’une saison de basket manquée à notre âge c’est énorme. Mais moi j’y croyais quand même. Je n’ai repris les matchs que le 7 juillet alors que l’Euro débutait le 4 août. Mais avec les préparateurs physiques, les kinés et les coachs on a fait un énorme boulot pour faire en sorte de préparer au mieux ma reprise. Ce titre de MVP, c’est aussi grâce à eux car ils ont cru en moi et ont tout fait pour que je sois prête le jour J.

(Crédit photo : FIBA)

PBF : On a pu sentir une vraie cohésion sur le terrain, quelle a été l’ambiance au sein de l’équipe dans les vestiaires ? Penses-tu que cela a joué dans la quête de l’or ?

IR : La cohésion est primordiale au sein d’une équipe qui prétend vouloir faire des médailles. Nous avions une très bonne entente et une belle cohésion sur et en dehors du terrain. Dans les vestiaires avant le match, tout le monde était très sérieux. Il y a peu de paroles, tout le monde est concentré. Mais au fur et à mesure des matchs et des victoires, le vestiaire est devenu notre lieu de décompression avant de retourner au travail et nous reconcentrer pour le match suivant. Il y avait une très bonne ambiance, de la musique, des rires, des petites vannes sur des actions qu’il y a eu pendant le match etc…  c’était vraiment top.

PBF : Parlons un peu de ton numéro de maillot… Le 12, un superbe hommage à ton papa qui est encore dans la tête de nombreux basketteurs… C’était pour toi comme une évidence d’honorer ce numéro ? N’est ce pas trop difficile parfois de faire face aux comparaisons des médias ?

IR : Mon père a marqué le basket français sur et en dehors du terrain. C’est un honneur pour moi de porter le même numéro que lui et je suis fière d’être la fille de Thierry Rupert. Il était évident pour moi de rendre hommage à mon père en portant le numéro 12. J’ai toujours porté ce numéro que ce soit en club, à l’insep ou en équipe de France, et j’espère vraiment pouvoir le porter tout au long de ma carrière. Il est vrai que les médias font souvent allusion à mon père en faisant des comparaisons. Je suis fière d’être comparée à lui. C’était un grand joueur de basket et un grand homme. Il est et sera toujours un modèle pour moi. Je lui dédie ce titre de championne d’Europe et de MVP. Maintenant, j’essaie de me distinguer et de m’affirmer en tant que Iliana Rupert et non en tant que fille de Thierry Rupert. À moi de continuer à travailler dur pour écrire ma propre histoire dans le basket français. Mais si cette étiquette « de fille de » doit me suivre jusqu’à la fin de ma carrière et même toute ma vie, cela ne me dérange absolument pas car c’est un honneur, un plaisir et une grande fierté pour moi.

PBF : Après une expérience comme celle ci, comment appréhendes tu le retour en championnat ?

IR : Il va falloir un petit temps d’adaptation mais il faut juste savoir switcher, passer à autre chose. Ce que l’on a fait est grandiose mais il faut se remettre au travail rapidement pour justement confirmer ce que l’on a accompli et espérer faire mieux encore . Pour ma part, la page du Championnat d’Europe est tournée. Je dois vite me concentrer sur la saison qui commence et travailler dur pour continuer à progresser

PBF : Quels sont tes objectifs personnels suite à ce premier titre ?

IR : Je souhaite avant tout confirmer que ce qui s’est passé cet été n’était pas le fruit du hasard. Car après une saison blanche et des résultats comme ceux de cet été, les équipes adverses vont m’attendre et c’est à moi de répondre présente au moment venu. Pour cela, je dois continuer à travailler dur avec les préparateurs physiques, les coachs, et tout le staff pour continuer à progresser et à étoffer mon jeu. Mon objectif premier est de réussir ma saison en LF2, et de gagner des matchs.Mon second objectif est de réaliser un podium au prochain championnat du monde l’été prochain.

(Crédit photo : FIBA)

PBF : Une semaine après vous, les U16 masculins ont eux également remporté le titre… On parle beaucoup de votre génération en osant aborder les Jeux Olympiques de 2024 qui auront lieu à Paris… Oses-tu y penser ?

IR : Bien sûr….les JO 2024 c’est un rêve. C’est présent dans un coin de ma tête mais avant ça il y a beaucoup d’étapes à franchir et surtout beaucoup de travail à fournir pour espérer un jour faire partie de cette belle Equipe de France A. Mais Paris 2024 est sans aucun doute un objectif pour moi.

Toute l’équipe remercie grandement Iliana Rupert de nous avoir accordé du temps pour répondre à nos questions. Encore une fois nous lui adressons toutes nos félicitations pour ce titre et nous lui souhaitons pleins de bonnes choses pour la saison à venir. 

 

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