Voilà 26 ans qu’un des plus grands joueurs à avoir jamais eu un ballon de basket entre les mains a tiré sa révérence. Un quart de siècle après, alors que Larry Bird souffle ses 61 bougies, hommage à un génie absolu du basket que le poids des années a parfois sous-côté.
Je ne sais pas où je me situe par rapport aux plus grands. Je sais simplement que j’ai joué contre certains des meilleurs joueurs et que j’ai pas mal figuré contre eux. Tout ce que je veux, c’est qu’on se souvienne de moi comme quelqu’un qui donnait son maximum chaque soir.
C’est par ces mots que Larry Bird s’est exprimé à la conférence de presse qu’il avait convoqué le 18 août 1992 pour officialiser la fin de sa carrière, quelques jours après avoir glané une médaille d’or olympique avec la Dream Team. Rien, pourtant, ne prédestinait Larry Joe Bird à finir sur le toit du monde.
Né en 1956 dans la petite bourgade de French Lick au fin fond de l’Indiana, Larry Bird se passionne rapidement pour le basket. Il s’entraine chaque jour sur un panier installé au-dessus de la grange à côté de sa maison.
Au collège, il tourne à 31 points et 21 rebonds et devient le meilleur marqueur de l’histoire de son école. A 18 ans, il intègre Indiana University mais n’y reste qu’un mois : timide, réservé et mal à l’aise, le jeune homme trouve trop le passage de son village à une grande université trop difficile. Il revient à French Lick et va de petits boulots en petits boulots. A la même période, son père, qui était aussi son meilleur ami, se suicide d’une balle dans la tête. Il gardera de Claude Bird une éthique de travail exemplaire. Chaque matin, le père Bird marchait des heures pour aller au boulot. Un soir, il rentre du travail la cheville incroyablement enflée, violette. Le lendemain matin, il réussit tant bien que mal à mettre ses chaussures, et repart au travail. Larry gardera cette même mentalité toute sa vie.
Après une année difficile, le numéro 33 rejoint en 1975 Indiana State University, qui lui correspond beaucoup mieux. Il y passera 4 années, menant les Sycamores à leur premier tournoi NCAA, puis à la finale contre les Spartans du Michigan d’un certain… Magic Johnson. Le pays se passionne pour leur opposition qui devient le match universitaire le plus regardé de l’histoire, avec près de 25% de la population du pays rivée à son écran. Le record tient toujours. Sur le parquet, les Spartans ciblent un Larry Bird esseulé et remportent le match. L’ailier considère toujours cette défaite comme la plus dure de sa carrière.
La rivalité entre Bird et Magic va ensuite se traduire dans une NBA alors pas loin d’être en perdition. Les deux hommes révolutionnent le jeu et font renaitre la ligue de ses cendres. Arrivé à Boston, Bird propulse les Celtics à un bilan de 61-21, impensable si l’on considère le piètre 29-53 réalisé l’année précédente. Larry Legend remporte le titre de rookie de l’année en 1980, puis son premier sacre dès l’année suivante, après avoir réussi une remontée de 1-3 à 4-3 contre le grand Philadelphie de Malone et Erving.
En 1984, les Lakers et les Celtics s’affrontent en finale, offrant le duel Magic/Larry que l’Amérique entière attendait. Pulvérisés 137-104 au Game 3, les C’s sont au bord de la rupture. Bird secoue alors ses coéquipiers dans la presse, et surtout montre l’exemple. Au Forum de Los Angeles, il compile 29 points et 21 rebonds dans un match étouffant. A 123-123 en prolongation, il scelle le match en marquant le tir de la gagne sur la tête de Magic Johnson. Les Lakers ne s’en relèveront pas.
Bird gagne ainsi un second titre et le MVP des finales avec 27 points et 14 rebonds de moyenne. Si les Lakers prennent leur revanche en 1985, Larry Legend ajoute un troisième titre à son palmarès en 1986 à l’issue d’une finale contre Houston couronnée d’un triple-double au Game 6 (« le meilleur match de ma carrière, j’aurais du prendre ma retraite juste après », déclarera le Celtic). Entre 1984 et 1986, Larry Bird est élu 3 fois de suite MVP de la Ligue, glane 2 titres, et empoche 2 MVP des finales.
Au sommet de son art, il se permet de dire aux adversaires ce qu’il va faire avant ses buzzer beaters, de jouer des matchs uniquement avec la main gauche et de trash-talker toute la ligue. Il est respecté par tous, même les plus éminents :
« Si je dois prendre un shoot pour gagner un match, je choisis Michael Jordan, mais si je dois prendre un shoot pour sauver ma vie, je choisis Larry Bird » – Pat Riley
« Larry Bird était le seul joueur que je craignais. Beaucoup de noirs me demandent toujours si Larry Bird était si bon que ça. Je leur réponds : « vous ne comprenez pas, Larry Bird était tellement fort que c’en était effrayant » – Magic Johnson
« Mon top 3 all-time ? Michael Jordan, Julius Erving et Larry Bird » – LeBron James
« Mettez-nous tous dans une pièce, moi, Jordan, Magic, Bird… Bird est probablement celui qui sort vivant de la pièce au bout du compte » – Isiah Thomas
Malheureusement, l’année 1986 marque – déjà – la fin de l’époque faste pour Larry Bird. Le génie du basket va payer son style de jeu intense et son dévouement à sa discipline. Son dos commence à le lâcher. Il ne sera plus jamais le même, malgré des coups d’éclat comme son interception mythique contre Détroit en 1987, son duel avec Wilkins en 1988 ou encore son triple-double monstrueux (49-14-12) contre Portland à 35 ans et brisé par les blessures. Bird doit en effet passer ses journées dans une espèce de plâtre géant qui englobe tout son corps. Il passe sur le billard et manque une saison entière mais doit se rendre à l’évidence : les JO de 1992 seront son chant du cygne. Il boucle la boucle avec Magic Johnson, comme un symbole, et se retire du jeu.
Conseiller à Boston jusqu’en 1997, il prend ensuite les rênes des Pacers de son état natif. Après avoir gagné le titre de coach de l’année en 1998, il pousse les Bulls de Jordan à un Game 7 étouffant, et passe à deux doigts de ruiner le baroud d’honneur de Sa Majesté. En 2000, il mène les troupes de Reggie Miller jusqu’à la finale NBA puis se retire. Il a ensuite été impliqué à différents étages de l’organisation des Pacers, avant d’en démissionner l’année dernière.
On ne saura jamais quelle carrière Larry Bird aurait eu s’il était resté en bonne santé, mais sa domination entre 1984 et 1986 en donne un bon aperçu. Shooteur exceptionnel au QI basket incroyable, passeur de génie, rebondeur acharné, défenseur intelligent, trash-talkeur devant l’éternel et clutch comme personne, Larry Legend reste dans l’histoire comme un des meilleurs joueurs ayant jamais foulé un parquet. 26 ans déjà. Merci pour tout, monsieur Larry Bird.