A bientôt 24 ans, Vincent Poirier s’est révélé cette saison comme l’un des meilleurs pivots de Pro A, et jouera l’Euroleague la saison prochaine avec Vitoria. Cependant, il lui a fallu un certain temps pour se faire sa place dans le monde professionnel, et c’est pourquoi Parlons Basket a décidé de se pencher sur le parcours atypique de l’intérieur de l’Equipe de France.
Né le 17 octobre 1993 à Clamart dans les Hauts-De-Seine, Vincent Poirier n’a pas suivi les standards de tous les basketteurs qui évoluent à ses côtés aujourd’hui en Europe. Préférant dans un premier temps manier la balle avec ses pieds plutôt qu’avec ses mains, c’est à seulement 17 ans qu’il va se mettre au basket, rejoignant le Bussy Basket Club. Après seulement une année passée en cadets, Vincent Poirier file rejoindre les espoirs du Paris Levallois, ses 2m09 de l’époque n’y étant pas pour rien.
3 saisons passées en championnat espoirs et des progrès constants, l’intérieur commence à réellement dominer et finit sa dernière saison avec un solide double-double (11,8 points et 10,8 rebonds de moyenne), ainsi qu’une place dans le top 10 du championnat à l’évaluation. Ses belles performances lui valent même quelques courtes apparitions en Pro A, toujours sous les couleurs du Paris Levallois, et la signature d’un contrat de trois ans avec le club de la capitale. Malgré tout, il se rend bien compte à l’époque de l’écart qu’il y a entre les espoirs et les pros, et d’un commun accord avec son club il se fait prêter à Hyères-Toulon en Pro B pour y trouver du temps de jeu, et revenir plus fort un an après. Il n’a alors que 21 ans et sa carrière semble toute tracée.
Hyères-Toulon réalise une saison correcte, échouant au premier tour des play-offs, mais son jeune intérieur ne se montre pas encore dominant. S’il réalise des stats correctes malgré un faible temps de jeu (3,9 points et 3,7 rebonds en 14 minutes), il sort totalement de la rotation lors des matchs décisifs, ne jouant que 4 minutes en moyenne durant les play-offs.
De retour au Paris Levallois pour la saison 2015-2016, Poirier peine à s’imposer et son coach de l’époque Antoine Rigaudeau ne lui fait pas confiance. N’entrant en jeu qu’à 5 reprises lors des 12 premiers matchs de Pro A, le club ainsi que la fédération cherchent ensemble une solution afin de développer le potentiel du géant. Début décembre 2015 un accord est trouvé : Vincent Poirier alternera les matchs avec son club en Pro A et… le Centre Fédéral (équipe de l’INSEP) en Nationale 1. S’il n’a plus l’âge pour évoluer aux côtés des jeunes pépites, la FFBB lui délivre une dérogation. Son objectif : trouver un temps de jeu conséquent et prouver que sa place n’est pas en Nationale 1 mais bien dans l’élite du basket Français.
Sept matchs plus tard, Vincent Poirier retourne à temps plein au Paris Levallois. Du haut de ses 15,3 points, 9,3 rebonds pour 21,6 d’évaluation en seulement 24 minutes de moyenne, l’intérieur aura marché sur la Nationale 1 et réussi son pari. Frédéric Fauthoux, qui a entre temps remplacé Rigaudeau, commence peu à peu à faire confiance à son joueur, le propulsant même dans le cinq de départ alors qu’il ne jouait pas en début de saison. Il finit l’année en trombe, étant même élu MVP de 29ème journée (23 points à 10/14, 12 rebonds, 2 passes décisives et 2 contres pour 34 d’évaluation).
Appelé pour disputer la Summer League 2016 avec Orlando, il revient en France avec de grosses ambitions et emmène le Paris Levallois jusqu’en demi-finale des play-offs, se faisant sortir par le futur vainqueur, Chalon. Démarrant l’intégralité des rencontres de son équipe dans le cinq de départ, Vincent Poirier a réalisé une superbe saison 2016-2017. Il termine avec 11,2 points, 8,1 rebonds pour 15,1 d’évaluation en 34 rencontres. Son pari est réussi : malgré quelques détours, il a réussi à prouver qu’il pouvait dominer au plus haut niveau Français.
Cet été, après une nouvelle pige en Summer League, cette fois avec les Nets, c’est Vitoria qui s’est intéressé au Français, le signant pour trois saisons et lui permettant de se confronter au meilleur du niveau européen : l’Euroleague. Avant cela, Vincent Poirier disputera l’EuroBasket avec l’Equipe de France, où il pourrait avoir un temps de jeu conséquent étant donné le nombre important de forfaits sur les postes intérieurs.
Si cela parait fou de se dire qu’il n’a commencé le basket qu’à 17 ans, qu’il jouait encore en Nationale 1 il y a un an et demi et qu’il se retrouve aujourd’hui avec le maillot bleu sur les épaules, rien ne nous interdit de rêver avec Vincent Poirier. On lui souhaite donc de prouver qu’il peut devenir un top player européen, avant peut être de rejoindre la NBA dans quelques années. Qui sait, rien n’est impossible pour le géant…