Eté 2010. La NBA s’arrache LeBron James. Au terrain d’entrainement des Bulls, un officiel de la franchise tend son téléphone à Derrick Rose et le supplie d’appeler le King pour l’attirer à Windy City. Le meneur l’ignore. Il s’éloigne du téléphone, ramasse un ballon et retourne shooter.
Le Derrick Rose de Chicago n’a jamais eu envie d’être le coéquipier de LeBron James. D’abord parce que le meneur est décrit par tous comme un homme loyal. Loyal à sa franchise, à ses coéquipiers, attaché aux valeurs de la compétition. Dans le camp du King, on respecte cette conception :
« Quand Derrick n’a pas voulu recruter LeBron, ça a été compris. Il n’est pas comme ça » – Un proche du clan James
Impensable en effet pour Rose de s’associer de la sorte à un des tous meilleurs joueurs du monde, d’autant qu’à cette période, Rose voit la conférence Est comme se dessinant autour d’une bataille pour la suprématie entre ses Bulls et l’équipe de LeBron James pour les années à venir. D-Rose est plein de confiance. Moins d’un an plus tard, il sera MVP de la saison régulière au terme d’un exercice de grande qualité. Il se voit alors lutter contre LeBron pendant des années, comme lors des finales de conférence 2011 (perdues 4 à 1 par les Chicago). Mais les trajectoires des deux hommes vont être radicalement différentes. Alors que James empile les apparitions en finale et glane trois bagues (2 avec Miami et une avec Cleveland), Rose se blesse gravement, les Bulls implosent, et il atterrit au milieu du psychodrame Knicks.
Avance rapide à cet été 2017, et, sept ans après, ceux qui voulaient croiser le fer ont maintenant besoin l’un de l’autre. Avec le très probable départ de Kyrie Irving, LeBron James cherche un meneur All-Star. Derrick Rose a beau ne plus être celui qui dominait la ligue, il n’en reste pas moins un joueur intéressant dont on attend avec impatience de voir ce qu’il donnera dans une équipe d’un tout autre niveau que les Knicks. Quant à D-Rose, ce contrat ressemble à l’opération de la dernière chance. Le natif de Chicago a proposé ses services a de nombreuses franchises cet été (Spurs et Clippers notamment), sans succès. Des équipes comme les Lakers ou les Mavericks ont drafté des meneurs, d’autres comme New Orleans ont recruté parmi les vétérans. Quand Tom Thibodeau, son ancien coach, lui a préféré Jeff Teague à Minnesota, Rose a bien cru ne plus avoir aucune valeur sur le marché. Puis Milwaukee et surtout Cleveland se sont manifestés, avec le résultat que l’on connait.
L’agent du joueur et ancien de Chicago B.J Armstrong l’assure, son client n’avait aucune envie d’être dans une équipe médiocre pour faire ses stats. Derrick Rose a signé un tout petit contrat à 2 millions (!), lui qui pensait il y a un an encore pouvoir parapher un bout de papier valant 20 millions de dollars par an. Peu lui importe, il veut être dans un environnement de sérieux et de goût de la victoire. Cleveland lui correspond à ce titre à merveille.
Quant à LeBron James, dont ESPN a rapporté qu’il était « dévasté » par la nouvelle du départ de Kyrie Irving, il a toutes les raisons de se réjouir de l’arrivée de son vieux rival dans l’Ohio, arrivée d’ailleurs saluée par un tweet on ne peut plus clair :
🌹 🌹 🌹🌹🌹 Let’s Rock G!!
— LeBron James (@KingJames) 24 juillet 2017
Bien sur, il y a peu de chances que l’histoire commune des deux hommes s’étale au-delà de cette saison 2017-2018. Mais les hasards de la vie ont réuni deux hommes qui auraient pris quiconque leur aurait prédit une telle histoire pour un fou en 2010. Reste à voir ce que le duo Rose-James va donner. Sur le papier, ça a de la gueule. Espérons pour les Cavs et pour la ligue que le terrain suivra…