« Trop bête pour jouer en finale NBA », selon un joueur de Cleveland. « Paresseux et fou » selon George Karl. « N’a jamais pris le jeu au sérieux » selon un exécutif de la ligue. JaVale le fou, JaVale le fool. Joueur moqué, décrié, raillé. Mais joueur champion.
En remportant une bague après une contribution solide en playoffs, lui qui ne devait pourtant qu’être le dernier joueur au bout du banc, Javale McGee a pris sa revanche sur des années de critiques. Ces critiques, il les a d’abord acceptées, avant de les combattre verbalement puis sur le terrain. Il ne s’agit pas de prétendre que le pivot est un saint. Beaucoup des reproches qui lui ont été faits sont justifiés, comme l’explique son ancien coéquipier Brendan Haywood :
« Quand il est arrivé, il pensait révolutionner le jeu. Il pensait être le premier pivot-meneur, il jouait en dehors du cadre défini. Quand t’es un pivot qui remonte le terrain puis envoie une passe dans le dos dans les tribunes, ça ne va pas marcher. Quand t’essaies de postériser des gens depuis la ligne des lancer non plus. Il a probablement mérité certaines critiques »
Rapidement, ces critiques ont été amplifiées par le phénomène Shaqtin A Fool. JaVale McGee est devenu la cible de choix de la célèbre rubrique du Shaq, qui, hilare, n’a cessé de relayer ses lay-up ratés ou ses passes manquées. Pire encore, il le faisait passer pour un idiot, alors même que ceux qui le connaissent parlent d’un homme loin de manquer d’intelligence. « Les gens qui disent que je suis débile le font toujours sur internet ou à la télé, jamais en face à face. Je ne peux pas me défendre », explique McGee. Dure situation à gérer pour un jeune joueur en plein développement, d’autant que les qualités nombreuses du joueur ont complètement été passées sous silence pour coller au cliché de l’idiot aux mains carrées. Assistant coach chez les Mavericks, Melvin Hunt explique :
« Il a beaucoup de qualités qui peuvent vous frustrer. Ce n’est pas un génie du basket mais il est plutôt bon. A l’entrainement, il faisait 5 passes dans la semaine qui vous faisaient dire « mon dieu, comment un joueur de 2m15 peut-il faire ça ? » Trois de ces passes étaient parfaites, mais les deux autres manquaient la cible de beaucoup. C’est JaVale »
McGee, c’est aussi l’histoire d’une incompréhension. On l’a toujours cru fainéant, alors qu’il souffre tout simplement d’asthme. On l’a cru désintéressé, alors qu’il a passé des étés entiers à s’aguerrir physiquement et en termes de jeu, bossant notamment 3 semaines avec le grand Hakeem Olajuwon pendant une inter-saison à Denver. Pourtant, après une blessure qui l’éloigne des parquets près d’un an, on le dit encore fainéant, à l’hygiène de vie défaillante. A ce moment de sa carrière, il a été mis dans une case dont il ne peut plus sortir. Un autre ancien coéquipier, Antonio Daniels, résume bien :
« Quand t’es mis dans une case, c’est fini. Tu peux faire 99 choses bien pour t’en éloigner, si la 100ème est ratée, on te remet tout de suite dedans »
C’est Dallas qui va finalement lui faire confiance et le relancer. Le coach Rick Carlisle avoue avoir été surpris par sa qualité de big man, et affirme que ce fut un plaisir absolu de travailler avec lui. Après cette expérience, McGee atterrit à Golden State, où Steve Kerr et son coaching staff le mettent dans des conditions qui lui correspondent. Au terme d’une saison aboutie où il aura fait taire le Shaq, JaVale décroche sa bague. A 29 ans et après près de dix années passées en NBA.
« C’est le joueur le plus incompris de toute la ligue », affirme Brendan Haywood.
Certes. Mais c’est aussi et surtout un champion NBA.