Dans une société parfois polarisée par les conflits ethniques, la pauvreté et les risques de criminalité, Mike Gibson est devenu un héros local. Parlons Basket vous fait découvrir l’histoire émouvante de cet homme qui œuvre pour la communauté de manière totalement bénévole.
Mike Gibson n’est pas le genre de personne que l’on croise habituellement au coin des rues du sud-ouest de Philadelphie. La cinquantaine, le crâne chauve et un bon embonpoint, il détonne dans les rues majoritairement noires du quartier. Huissier de justice dans la vie, il ne vient pourtant pas faire des saisies. Au contraire, l’homme s’adonne à un projet qu’il a commencé en novembre dernier : se procurer des ballons de basket neufs (ou presque) et les distribuer aux jeunes des quartiers.
Comment tout cela a-t-il commencé ? Par hasard. Alors qu’il venait de gagner deux ballons dans un magasin, Mike Gibson a vu des enfants jouer avec un ballon excessivement usagé. L’homme, qui est fan de basket, leur a alors offert une gonfle, et la joie sur le visage des gamins l’a poussé à élaborer le projet. Il lui a donc donné un nom (le 6th Man Project), une page Facebook, et les ballons ont commencé à affluer. Depuis le début, il en a récupéré 550, déjà presque tous redistribués.
Ce jour-là, Mike aperçoit un groupe de jeunes (photo de l’article). Quand il gare sa voiture et s’approche d’eux, les garçons reculent, méfiants. Un rappel parmi d’autres d’une société américaine divisée où les relations entre différentes communautés sont parfois teintées de méfiance et d’incompréhension. Mike Gibson est habitué à ce genre de réactions, et sait qu’il ne doit pas perdre de temps :
« Salut les gars, vous voulez un nouveau ballon ? »
Le ton s’adoucit. Il ouvre son coffre, donne les ballons. A peine a-t-il le temps de le refermer que les jeunes se mettent à jouer. « J’adore faire ça, il y a une connexion », explique-t-il.
Non content de distribuer des ballons un peu au hasard dans la rue, Mike Gibson travaille aussi avec une école difficile du quartier. Quand il aborde la première adulte qu’il y rencontre, la méfiance est de mise. Elle avoue d’ailleurs que sa première pensée était de tenir cet homme au profil si rare dans le quartier éloigné des enfants. Une fois qu’il a pu s’expliquer, Mike gagne pourtant son billet pour le bureau du principal, Kenneth Jessup, étonné par la gentillesse du projet.
« Wow. Alors vous tournez dans le quartier et donnez des ballons aux gamins comme ça, pour le plaisir ? »
Mike Gibson acquiesce et explique le fond de son idée. Depuis, c’est un de ses lieux incontournables pour distribuer des ballons. « On apprécie vraiment énormément », renchérit le principal.
En rentrant de sa tournée, Mike voit un dernier gamin avec un ballon pourri. Il l’aborde. L’adolescent venait d’aller payer une facture de sa famille avant d’aller jouer. Mike admet que son projet a aussi fait évoluer sa vision des jeunes. « Il allait payer une facture. Il fait quelque chose de bien. On ne le conçoit pas toujours », explique-t-il. Comme à son habitude, il ouvre son coffre, lui donne un ballon, puis s’en va, heureux d’avoir contribué à créer des ondes positives dans la communauté.
Le projet est encore récent, mais son impact est déjà grand, et Mike Gibson ne compte pas s’arrêter là. Tant qu’il y aura des donneurs de ballons, l’homme sera prêt à poursuivre ses tournées et à aider les jeunes des zones défavorisées de Philadelphie.
Une bien belle histoire, et la preuve que le basket est un formidable vecteur de cohésion sociale, et cela jusque dans les quartiers les plus difficiles de nos sociétés.
D’après philly.com