Une série en 7 matches qui a fait couler pas mal d’encre entre les Clippers et le Jazz. D’abord une équipe avec quelques dernières saisons en dent de scie frappée par une malédiction venant de derrière les fagots causant des blessures et des coups du sort toujours plus impactants, ensuite la renaissance d’un effectif construit de manière remarquable où le travail paye enfin. Et c’est cette franchise du Jazz qui va nous intéresser ici, puisqu’elle a passé cette nuit son premier tour de Playoffs depuis 2010.
Une victoire 104-91 au Staples Center pour le Jazz hier soir, à laquelle Dennis Lindsey assiste de sa loge avec pop-corn et boisson fraîche alors que la coutume voudrait peut-être une dégustation de caviar accompagné d’une coupe de Champagne pour fêter cette belle réussite. Mais à l’image de la reconstruction de son équipe, le Manager Général mise tout sur la simplicité et la patience. Cette place en demi-finales de Conférence Ouest est une récompense à la hauteur de son travail au sein de l’équipe, où les principaux points étaient de bien drafter, d’aller chercher un jeune et intelligent nouveau coach capable de former des joueurs, et d’ajouter à un effectif en quête d’expérience quelques gars qui en ont déjà sous le coude, des vétérans avec du basket dans les pattes et dans la tête.
Cette confrontation de style entre Clippers et Jazz a peut-être permis à la franchise de Los Angeles de comprendre ce que signifie avoir un projet sur le long-terme. Depuis plusieurs saisons, l’effectif n’a quasiment pas bougé si ce n’est quelques ajustements presque négligeables quand on pense aux problèmes posés autour de Chris Paul et Blake Griffin. DeAndre Jordan, même s’il reste assez bon, est trop faible pour titiller réellement les meilleurs à son poste, JJ Redick et son catch-and-shoot vaguement efficace ne sont vraiment pas suffisants, et la défense de Luc Mbah A Moute est un bon atout mais le poste 3 des Clippers reste trop en deçà des attentes pour une équipe concurrente au titre NBA. Et bien-sûr le banc, qui aura subi quelques changements bateaux n’est pas digne du 5 majeur déjà trop simpliste et complexe à la fois. Sur ces Playoffs, Chris Paul était seul – certes la blessure de Griffin n’aide pas – mais sa solitude est effrayante : ça devrait bouger cet été.
Et en face, revenons-en. Lindsey est un homme intelligent élevé à la bonne école : il a été assistant-GM aux côtés de R.C Buford aux Spurs, et avant de débarquer chez les Mormons il a balayé de la main quelques propositions de franchises, lui qui attendait simplement d’avoir une opportunité dans une équipe à l’image Spurs : c’est chose faite. Mais Lindsey précise que ça n’est pas son idée à la base, mais celle de Greg Miller, propriétaire du Jazz :
« Greg Miller m’a pris à part après que je sois embauché et m’a dit « Nous sommes des opérateurs, pas des commerçants. Nous avons une marge de valeur, donc nous souhaitons faire quelque chose de fondamentalement solide. » Cela donnait à un jeune cadre un peu de sérénité. »
Alors qu’il l’adorait, Lindsey a laissé filer Paul Millsap à l’été 2013 vers les Hawks où il joue encore aujourd’hui, mais c’était selon lui une décision qu’il fallait prendre. Encore une fois, Miller avait insisté avec lui sur le long-terme à privilégier, prendre son temps et s’en servir de la meilleure manière possible et où patience serait mère de sûreté au même titre que prudence. Kevin O’Connor, précédent GM, avait déjà bien amorcé le renouveau en draftant en 2010 Gordon Hayward, un jeune ailier prometteur à cette époque – ce qu’il est devenu aujourd’hui – mais Lindsey se devait de continuer dans cette optique. En 2013, c’est donc Rudy Gobert qui sera choisi en 27e position – seulement oui – avec ses grands bras et sa taille de géant. Un coup de maître pour Lindsey puisque celui-ci commence tout juste à payer, et pour Gobert aussi d’ailleurs. Un an après, Rodney Hood viendra ajouter son nom à l’effectif, drafté en 23e position. Puis ce fût probablement le vrai début du nouveau Jazz : l’arrivée de Quin Snyder à la tête du coaching.
Ensuite, ce ne fût qu’un souci de patience le temps que tout se mette en place et voilà le résultat : une place au second tour des Playoffs à l’Ouest. Bien que cela soit face aux Warriors et que l’on puisse aisément douter d’une série en 7 matches encore, le Jazz est devenu depuis hier soir une équipe à surveiller. L’intelligence du front-office devrait encore faire de belles choses durant l’été avec notamment la prolongation de contrat de Gordon Hayward. A ses côtés resteront Rudy Gobert et son contart monstre, Boris Diaw et Joe Johnson parfaits dans leurs rôles de vétérans, Rodney Hood, George Hill fraîchement arrivé à la mène et qui pourrait avoir envie de continuer dans une équipe qui gagne, Derrick Favors encore très efficace et Dante Exum qui peut être un bon role-player. Le reste sera à façonner pour continuer à mettre en place les pièces du puzzle Jazz.
Le Jazz est de retour.
Source : Adrian Wojnarowksi, The Vertical