Miranda Ayim, intérieure canadienne de Basket Landes, n’est pas du genre à tirer la lumière sur elle mais Parlons Basket Féminin n’a pas pu résister à l’idée de lui poser quelques questions. Voici donc les propos de ‘la force tranquille’ de Basket Landes, qui affrontera samedi Bourges Basket en match 2 des playoffs.
Parlons-Basket : Miranda, peux-tu nous parler un peu de tes origines et ton chemin depuis Chatham-Kent en Ontario – où tu es née – jusqu’à Mont-de-Marsan et donc ton intégration à l’équipe professionnelle de Basket Landes ?
MA : J’ai grandi dans la très jolie ville de London à Ontario, Canada. À l’âge de 18 ans j’ai accepté une bourse d’étude pour le basketball à l’Université Pepperdine de Malibu au Canada. Du coup, j’ai joué là-bas quatre ans avant de passer professionnelle et partir pour l’étranger. J’ai débuté ma carrière en Turquie, où je suis restée trois ans et où j’ai évolué dans trois villes différentes (Alanya, Istanbul, Ordu), avant de rejoindre la France. Une fois en France, j’ai joué deux ans à Toulouse et maintenant je me trouve à Mont-de-Marsan. Une petite « ville » qui est pleine de charme. J’y suis maintenant depuis deux saisons.
PB : Et puisque ton père et ta mère étaient tous les deux impliqués dans le basket, c’était logique pour toi de rejoindre ce milieu, ou est-ce que tu as senti à un moment donné une volonté de te révolter un peu contre cela ?
MA : Ma famille est assez sportive et amoureuse de la vie en plein air généralement, donc même si il n’y avait aucune certitude sur le fait que je jouerais au basket, faire des activités physiques était plutôt une évidence. J’ai testé plusieurs sports et j’ai été « amoureuse » du volley avant de choisir le basket au lycée, vers l’âge de 16 ans.
PB : Tu t’es toujours concentrée également sur les études et le sport ? On a d’ailleurs l’impression que tu as su gérer les deux sans trop de soucis (à l’université Miranda a été nommée Division 1 Etudiante-Athlète de l’année en basket féminin et a obtenu une licence en Relations Publiques avec mention très bien) mais est-ce plus difficile qu’on l’aurait pu imaginer ?
MA : Ma famille y est aussi pour beaucoup. Mes parents adorent apprendre et l’un de leurs passe-temps préféré est de se pelotonner en lisant un bon bouquin. Et moi, je suis pareille ! Je pense que j’étais une bonne étudiante d’abord parce que je ne voulais pas décevoir mes parents et mes professeurs, mais il y avait aussi une vraie curiosité intellectuelle. Après mes études, j’ai trouvé que ma passion pour l’apprentissage s’est grandi dix fois plus. Je pouvais me diriger vers tout ce que je trouvais intéressant. Il y a tellement de choses à voir et à entendre dans ce monde… L’explorer est passionnant.
PB : Et quand on regarde ton blog (voir mirandaayim.com), c’est clair que tu t’intéresses toujours aux livres et aux idées – tu trouves que ça te rend quelque peu excentrique en tant qu’athlète professionnelle, ou est-ce que tu te sens libre de montrer ce côté de toi-même à tes co-équipières, par exemple ? Est-ce possible d’exprimer cet aspect de ta personnalité dans le monde du basket féminin ?
MA : Je comprends que ça pourrait paraître un peu bizarre d’avoir un gros livre sur, par exemple, l’influence de la connaissance économique sur les tendances électorales sous le bras plutôt que d’être fixé sur la dernière série télé mais c’est ce qui me branche… Donc, je pense qu’on devient plus excentrique en vieillissant parce qu’on est moins gêné par ce que pensent les autres. Pour autant, je ne dis pas que je n’ai jamais envie d’une série Netflix de temps en temps… Personnellement, j’ai trouvé que les athlètes professionnels – et c’est souvent les meilleurs des meilleurs – sont incroyablement intelligents et sont au haut niveau pour cette raison précise. J’ai connu pas mal d’artistes, poètes, musiciens, philosophes et scientifiques en guise d’athlètes !
PB : Jusqu’à quel point appliques-tu ta formation intellectuelle à ta carrière sportive ? En raison de ton éducation, c’est peut-être plus facile de relativiser, d’accepter les déceptions et les triomphes ?
MA : Le fait que je peux tout regarder d’une manière assez philosophique m’a sûrement apporté des bienfaits. Je sais relativiser, que ce soit un désaccord avec une coéquipière sur le terrain, une déception personnelle ou la perte d’un match.
PB : Et si on parlait du basket canadien… Qu’est ce que vous êtes nombreuses en ligue française, non ?! (les soeurs Plouffe, Lizanne Murphy, Shona Thorburn, etc). C’est le résultat d’un grand projet ou pur hasard ?
MA : Je vais y ajouter Kim (Smith) Gaucher, Nayo Raincock-Ekunwe et Kayla Alexander… Et oui, on monte une invasion en LFB, joueuse par joueuse !! Je crois que tout a commencé grâce à Lizanne Murphy. C’est elle qui est arrivée en France en première. Les choses se passent bien, le message passe, on en parle entre nous, et comme la France est belle nous voilà parmi vous !
PB : Et pour l’équipe nationale canadienne : la saison internationale 2015 était une grande réussite avec les victoires et en tournoi de l’Amérique FIBA et aux Pan-American Games. Après ce succès, est-ce plutôt décevant d’avoir perdu le quart de finale aux JO contre la France (dans un match très serré) ?
MA : C’est toujours décevant de ne pas atteindre tes objectifs et les nôtres étaient difficiles mais réalisables pour Rio. On a eu une très bonne énergie à la suite de l’été 2015, de même lors de nos matchs de préparations avant les JO 2016, mais malheureusement ça ne compte pour rien au final. Peu importe le fait qu’on avait déjà battu la France deux fois cet été-là. C’est bien ça, le basket : il faut être performant sur le terrain et parfois on n’est pas à la hauteur.
PB : Quelles compétitions pour le Canada cet été alors ?
MA : On va jouer le tournoi d’Amérique (qui s’appelle maintenant AmeriCup) qui aura lieu en Argentine.
PB : Et si on parle de Basket Landes – tu as trouvé la saison comment ? Après un excellent début, vous avez eu le malheur de subir plusieurs blessures aux joueuses majeures (toi-même, Kalis Loyd, Queralt Casas etc.). Qu’est-ce qui se passe dans la tête quand ces problèmes arrivent ? Comment on garde le sang-froid et trouve-t-on la force d’avancer ?
MA : C’est dur quand des choses comme ça arrivent, mais malheureusement c’est hors de ton contrôle. La seule chose à faire, c’est de se concentrer sur la récupération, le faire aussi bien que possible et de travailler avec ce qu’on à dans la main !
PB : Tu peux nous parler un tout petit peu sur Nevena Jovanovic (qui nous a très gentiment parlé il y a quelques mois) – elle a trouvé facile de trouver sa place dans l’équipe, vu qu’elle est arrivée relativement tard dans la saison ?
MA : En fait, Nevena a vite trouvé sa place avec nous. On a l’impression qu’elle est là depuis le début de la saison. C’est à la fois une grande joueuse, une grande coéquipière et une belle personne.
PB : En ce qui concerne l’élimination de Basket Landes en EuroCoupe cette saison : c’était une grande déception pour le club ? Vous aviez comme objectif d’aller plus loin ?
MA : Effectivement, c’était une déception, compte tenu de nos résultats la saison dernière. Ça nous fait un peu mal d’être en demi-finale l’année dernière et d’avoir raté entièrement la phase éliminatoire cette année. Surtout après avoir très bien commencé la saison.
PB : Basket Landes termine à la 5ème place de la saison régulière et vous avez perdu l’avantage de jouer à domicile en Playoffs d’un point (au point-average). Bourges a pris le dessus samedi dernier, comment prépares-tu le match retour chez vous à Mont-de-Marsan ce weekend?
MA : On connait bien la chanson cette saison; si près mais si loin ! On a perdu plusieurs matchs de trois points ou moins. Néanmoins, on a bien l’intention de renverser cette tendance samedi soir contre Bourges à la maison.
PB : Ça fait maintenant quatre ans que tu es en France… S’il fallait décrire la vie en France par trois mots, lesquels utiliseraient-tu ?
MA : Très bon vin.
PB : Il existe au Royaume Uni (NDLR : Rachel, notre rédactrice est britannique) une émission de radio qui s’appelle Desert Island Discs (Disques pour une île déserte) – je sais pas si tu le connais. Nous allons honteusement voler certaines de leurs questions (!)… si tu te retrouves un jour sur une île déserte et que tu as le droit de prendre un livre, un disque et un film avec toi, quels seront-ils ? Tu as aussi le droit à un produit de luxe (mais malheureusement pas un bâteau pour t’échapper !!)… Que choisirais-tu ?
MA : Si j’étais contrainte à regarder un film pour l’éternité, il vaut mieux que ce soit un que j’ai déjà regardé mille fois : Sister Act 2 (La Mélodie du Bonheur perd d’un rien). Comme il existe déjà pas mal de musique qui met de bonne humeur dans Sister Act 2, je vais choisir ‘Tracy Chapman : Meilleures Tubes’ comme musique. Pour le produit de luxe je peux choisir une grande collection de livres ? Comme ça je peux faire d’une pierre deux coups…
Et si on reste sur des choses qui ne sont pas uniquement liées au basket…
TU ES PLUTÔT…
PB : Films ou séries ?
MA : Films. J’apprécie énormément le cinéma français.
PB : Montagnes ou mer ?
MA : Mer. C’est tellement relaxant.
PB : iOS ou Android ?
MA : Android. J’adore mon Samsung Galaxy S7 Edge, mais j’étais à fond sur Blackberry pendant une éternité.
PB : Jus d’orange, thé, café ou quelque chose un peu plus fort ?
MA : Eau. Thé. Vin. C’est pratiquement tout ce que je bois.
PB : Twitter, Facebook ou Instagram ?
MA : Instagram
ET SI NOUS PARLIONS UN PEU DE TES COÉQUIPIÈRES…
PB : Nous allons te poser une question quelque peu ridicule mais assez rigolote (enfin on l’espère!). Si tes coéquipières étaient des personnages littéraires, lesquels seraient-elles ?
MA : Je lis très peu de romans donc malheureusement j’ai pas de réponse d’esprit…Désolée.
PB : Qui est la plus drôle ?
MA : Julie Barennes. Un vrai clown.
PB : Qui est la plus geek ?
MA : Là, c’est sans doute moi.
PB : Celle qui a le plus de mal de se lever le matin ?
MA : Alors, les deux roommates qui sont les dernières à descendre pour le déjeuner quand on est sur la route, c’est toujours Julie (Barennes) et Céline Dumerc.
PB : Qui est la plus chambreuse ?
MA : Cierra Bravard, mais de la meilleure des façons. À la fin, elle finit toujours par toutes nous faire rigoler.
ET REVENONS À TOI…
Histoire de finir sur un ton léger…
PB : Ton épitaphe sera quoi ? (Peut-être pas si léger que ça en fait…)
MA : J’y ai jamais pensé en fait… J’ai strictement pas de bonne réponse là-dessus…
PB : Si ta vie était un film elle serait lequel ?
MA : Un film qui n’a pas encore été réalisé…
PB : Ta devise ?
MA : Mon mantra c’est l’équilibre. Ma devise, c’est une citation de la part de George Eliot (autrement connue sous le nom de Mary Anne Evans) : « Il n’est jamais trop tard pour devenir ce que l’on aurait pu être ». C’est un jeu de mots subtil avec une vérité profonde derrière.
PB: On sait que cela peut paraitre un peu ringard mais … imaginons qu’une jeune Miranda Ayim lit ces mots maintenant… Quels conseils lui donnerais-tu ?
MA : On m’a posé cette questions souvent et ma réponse reste toujours la même : Ai confiance en toi et reste toi-même. On apporte tous des choses différentes à notre sport, et à la vie plus généralement – donc il ne faut pas perdre ton temps à essayer d’être une personne que tu ne l’es pas. Cherches ce que tu fais bien, travailles-le et perfectionnes-le ! Voilà !
Toute l’équipe de Parlons Basket Féminin voudrait remercier Miranda pour sa gentillesse d’avoir répondu à nos questions et lui souhaite de très belles choses pour l’avenir.