Il y a quelques mois, Isabelle Yacoubou mettait un terme à sa carrière internationale. Pour les français fan de la balle orange, elle est et restera l’une des personnalité à nous avoir marqué. Notre voyage à Schio était donc l’occasion parfaite pour nous de revenir aussi sur ces belles années sous le maillot bleu.
REVENONS SUR TA CARRIÈRE EN BLEUES
PB : En 147 sélections en Bleues, quel est ton meilleur souvenirs ? Les JO de 2012 et la demande en mariage de ton mari ?
IY : Les Jeux sans aucun doute. Et Londres parce qu’on revient avec la médaille d’argent sur le plan sportif en plus ! (Rires).
PB : Pourquoi avoir fait le choix de stopper ta carrière internationale cette année ?
IY : C’est vraiment un tout. Si j’avais envie d’arrêter je ne serais pas revenu jouer en club. Mais à un moment, il faut faire des choix… Je suis arrivée en France à 17 ans et depuis l’âge de 17 ans, tous mes étés ont été consacré à l’équipe de France. C’est à dire que la famille, je la vois peu, je rentre peu en Afrique. Il ne faut pas oublier ma famille qui est au Bénin aussi ! Je commence aussi à monter un camp de basket avec un objectif d’académie au Bénin et il faut du temps pour ça. Malheureusement, on ne peut pas tout faire en étant occupé l’été, en jouant. J’estime également que j’ai donné… J’ai donné pour l’équipe de France et il y a des jeunes qui sont en train d’arriver… Et si personne ne s’en va, on ne libérera jamais de place donc bon… Comme disait Pierre Vincent, l’équipe de France ne nous appartient pas, on vient, on y participe, on apporte ce qu’on a à apporter, on s’en va et quelqu’un d’autre prend la place. J’ai donc estimé que c’était le moment de laisser la place à quelqu’un d’autre.
PB : Et tu as fini ta carrière en Bleue sur des Jeux Olympique (malgré la déception de la défaite face à la Serbie) avec le brassard de Capitaine.
IY : ça c’est fait tellement naturellement en fait. Quand on acquiert une expérience comme la mienne, même s’il y avait Cap’s (Céline Dumerc) en tant que capitaine, tu as une certaine légitimité pour pouvoir parler dans les vestiaires. Donc quand le choix s’est présenté pour choisir une capitaine, un choix que Valérie (Garnier) nous avait laissé faire entre nous les joueuses… Il y avait deux trois propositions, Sandrine (Gruda), Endy (Miyem) et moi… Je pense que par rapport aux filles le discours a été de dire : « Isa, pour nous, tu es déjà cette référence là… Même si tu n’étais pas capitaine sur le papier, quand tu avais un truc à dire dans les vestiaires tu le disais… ». Après, moi je ne me suis pas mise la pression plus que ça. Je suis moi et l’objectif n’était pas de faire une Céline Dumerc, parce qu’on est toutes différentes, mais d’apporter quelque chose de différent à l’équipe. On avait beaucoup de jeunes qui ne connaissaient pas l’international… Et de perdre une leader aussi emblématique que Céline deux jours avant la compétition, ça a tendance à mettre un coup au moral. Même pour moi d’ailleurs. Mais l’une de mes qualités, c’est aussi d’être capable de remonter le moral aux gens, d’être capable de communiquer une certaine énergie et le groupe a reconnu en moi ce type de leader là, le leader qu’elles avaient besoin à ce moment là. Alors après, moi j’ai fais de mon mieux.
PB : Et par rapport au résultat de la compétition ?
IY : On reste déçu, évidemment. Mais quand Cap’s s’est blessée, tout le monde disait que l’on ne passerait même pas le premier tour… On arrive là, on fait peut être notre meilleur match contre les États-Unis en demi-finale. Et en tout cas, moi j’ai été très très fière d’avoir porter ce groupe jusque là. Et ce, même si on n’a pas de médaille. Mais j’ai envie de dire, « les enfants, on est quand même aux Jeux. Et c’était la troisième participation de la France dans toute l’histoire du basket féminin. Donc quand même ce n’est pas rien. »
PB : Sur ces derniers étés, on a pu voir que le staff français cherchait au maximum à te “minimiser” pour optimiser ton jeu ? Comment gérais-tu la préparation ?
IY : Pierre Vincent a très vite compris que j’étais peut-être la seule joueuse qu’il avait à disposition qui était capable de faire la différence en très peu de temps. Je n’ai pas besoin de passer beaucoup de temps sur le terrain pour être efficace. Et quand Pierre a compris ça, il a sensibilisé le staff pour que je puisse avoir une préparation, parce que sans préparation, on ne peut pas être performant. On a pensé à comment optimiser mon temps de jeu, comment travailler sans tirer forcement trop sur mes genoux… Et quand il est parti, c’était pareil avec Valérie Garnier car le staff médical était le même. La volonté était que je sois sur le terrain, pas spécialement pour m’entraîner mais pour faire les matchs.
PB : Aux Jeux, comment te sentais-tu physiquement ?
IY : Je n’ai jamais été aussi en forme. J’ai jamais eu une baisse physiquement alors que dans les autres compétitions à un moment ou à un autre, j’ai toujours eu un petit truc. Et là, cet année, sachant que c’était une année très longue avec les qualifications, j’ai quand même réussi à finir les Jeux sans grands bobos et surtout en réussissant à jouer le dernier match en m’exprimant sur le terrain. J’ai beaucoup appris et ça a été une expérience formidable pour moi de pouvoir travailler avec Sabine Juras (préparatrice physique de l’Equipe de France). Ce n’est quand même pas n’importe qui, elle a côtoyé les meilleures du monde à Ekat pour ne citer que ça.
PB : Une chose est sûre tes coupes de cheveux, ta folie vont nous manquer…
IY : (Rires). Il y aura peut-être quelqu’un d’autre qui va reprendre le flambeau, qui sait ! Peut-être que quelqu’un sera inspiré, peut-être pas comme moi mais avec une touche personnelle notamment aux Jeux. J’estime que c’est important aussi. On fait un sport qui déjà n’est pas très médiatisé, moi j’ai ma personnalité et c’était ma manière de m’exprimer… C’était peut-être extravagant mais c’était ma manière à moi de m’exprimer et on est là avant tout pour du spectacle ; les gens payent un ticket pour venir nous voir aussi donc je suis en représentation (rires).
PARMI TES COÉQUIPIÈRES QUE TU AS EU EN EDF
PB : Qui dors le plus ?
IY : Moi. (Rires). Non, dormeuse Cap’s ! Cap’s elle dort beaucoup quand même !
PB : Qui passe le plus de temps dans la salle de bain ?
IY : (Après quelques secondes d’hésitation) Sandrine Gruda.
PB : Qui est la plus geek ?
IY : Il y en a pas mal quand même. J’aurai envie de dire Endy, mais… Oh oui, il y avait Émilie Gomis aussi… J’ai donc envie de dire Endy ou Miss, l’une des deux !
PB : Qui est la plus “râleuse” ?
IY : Moi (Rires).
PB : Qui est la plus chambreuse ?
IY : Edwige (Lawson-Wade).
PB : Qui met l’ambiance ?
IY : Moi aussi (Rires).
PB : Qui ne peux disputer un seul match ou entraînement sans être maquillée ?
IY : Émilie Gomis.
PB : Qui est la plus bordélique ?
IY : Alors là aussi il y a concurrence ! Je dirais moi, parce que je suis vraiment bordélique mais après, je n’ai pas vu la chambre de tout le monde !
TU ES PLUTÔT ?
PB : Films ou Séries ?
IY : Les deux
PB : Sucré ou salé ?
IY : Les deux (Rires).
PB : Mer ou Montage
IY : Mer
PB : Citadine ou Campagnarde ?
IY : Outch… Un peu des deux en fait !
PB : iOs ou Android ?
IY : Je suis une fervente de l’iPhone mais depuis Rio, Androïd m’a séduite par la qualité de ces photos… Mais je suis quand même « Apple toute la vie ».
PB : Twitter, Instagram, Facebook ?
IY : Instagram ! C’est plus facile pour moi !
Retrouvez ici la première partie de cette interview ou Isabelle Yacoubou nous parle de sa rééducation et de sa vie en Italie.