La dernière trade deadline s’est vue beaucoup plus calme qu’attendu, lorsque l’on parle de blockbuster trades. Cependant, pas moins de 31 joueurs, entre le 2 et le 21 février ont dû changer de maillot, de ville et de vie. C’est ce à quoi s’est intéressé Alex Kennedy (HoopsHype) en posant quelques questions à Jamal Crawford, Iman Shumpert, Anthony Morrow et Cameron Payne au sujet de leurs ressentis et des changements qu’un transfert en pleine saison a pour conséquences.
Même si la date limite des transferts NBA 2017 fût soft, quelques gros noms sont sortis dans les médias soit le soir même du 21 février, soit quelques jours avant. Par exemple, est-ce nécessaire de rappeler le transfert de DeMarcus Cousins vers New Orleans? On pense aussi à Jusuf Nurkic, qui a pris la destination de Portland, à Serge Ibaka devenu Raptor, à Lou Williams arrivé dans le Texas, Taj Gibson rejoignant Russell Westbrook, ou encore Bojan Bogdanovic venu compléter le banc des Wizards pour ne citer qu’eux. Mais revenons aux cas cités en introduction, les joueurs auxquels Kennedy a pu posé ses questions. Il est important de rappeler malgré tout les aboutissants des transferts de chacun :
- Jamal Crawford, en novembre 2008, quitte les Knicks pour rejoindre Golden State en échange d’Al Harrington.
- En janvier 2015, les Knicks se séparent cette fois-ci d’Iman Shumpert, dans un deal à 3 équipes : les Cavaliers récupères donc Shumpert, JR Smith et un premier tour de Draft 2016, Dion Waiters se retrouve sous le maillot du Thunder, et la franchise new yorkaise reprend Lou Amundson, Lance Thomas, Alex Kirk et un second tour de Draft 2019.
- Le 21 février dernier, Cameron Payne et Anthony Morrow, accompagnés de Joffrey Lauvergne, quittent l’Oklahoma pour rejoindre Chicago, croisant sur leur route Taj Gibson et Doug McDermott avec dans les poches un second tour de Draft 2018. De plus en 2013, Morrow avait déjà connu cette situation lorsque les Hawks l’envoyaient à Dallas pour Dahntay Jones.
Ces questions que pose Alex Kennedy semblent très intéressantes, car en effet, nous avons parfois le jugement facile lorsqu’un joueur arrive dans une nouvelle équipe mais que son rendement n’est pas forcément à la hauteur des attentes, même si ça n’est pas le cas de tout le monde. Il est donc primordial d’avoir en tête l’aspect perturbateur que peut avoir une telle situation sur le mental et le moral des joueurs. Lorsque le journaliste demande aux intéressés leur première réaction à la nouvelle, la réponse est mitigée. Jamal Crawford, alors scorant environ 20 points par match, ne s’attendait pas du tout à être envoyé valser de la sorte par sa franchise :
« J’étais choqué plus que tout autre chose pour être honnête avec vous, parce que je n’avais rien entendu dire au sujet d’un transfert. […] Je pensais ‘Mec, c’est génial. Tout va bien. C’est cool.’ J’imaginais même ‘Et si Zach Randolph et moi faisions une All-Star Team pour la première fois’ Puis, j’étais transféré. »
Il évoque ensuite le choc, se demandant si c’était vraiment réel ce qu’il était en train de vivre. L’actuel 6e homme des Clippers parle de la difficulté à changer de ville, comme si on changeait d’école, avec de nouveaux camarades qu’il faut apprendre à connaître, dans une nouvelle ville et où c’est plutôt au nouveau de s’adapter aux anciens que l’inverse évidemment. Pour Iman Shumpert, lui aussi joueur des Knicks au moment de son transfert, les choses furent compliquées aussi. Il n’a jamais eu l’habitude de déménager même dans son enfance, toujours à suivre les cours dans la même école. Il aurait souhaité que son histoire avec la franchise se termine mieux, regrettant de ne pas avoir joué les derniers matches avant son échange :
« J’avais l’impression que ne pas avoir eu la chance de les aider à sortir du trou, vous voyez ce que je veux dire? Je me sentais mal et j’avais l’impression qu’on avait laissé tombé un tas de matches. J’avais un goût amer de devoir partir sur une mauvaise note. […] Je continuais à penser à mes anciens coéquipiers : ‘M*rde, j’étais blessé et on perdait. Maintenant je viens (à Cleveland) et je joue bien et l’énergie est géniale.’ J’avais l’impression qu’ils m’avaient tiré des enfers. Tous les matches passaient à la TV et on gagnait. »
Quant à Cameron Payne, le problème était qu’il ne savait pas quoi faire, qui aller voir, où se rendre une fois le trade conclut. Il explique guetter le moindre tweet concernant son cas pour savoir ce qu’il en est au moment où il l’apprend.
« C’est le business. C’était dur. Je veux dire, bien-sûr, je n’ai pas joué beaucoup, mais quitter cette ville était compliqué de par toutes les relations que j’avais construit. Ils m’ont drafté et j’étais heureux qu’ils me donnent cette opportunité. Mais maintenant je dois bouger. Une des choses en lesquelles je crois est que tout arrive pour une raison, donc je vais prendre cette opportunité et continuer avec. »
Il parle ensuite de sa fierté à fouler le même parquet que Michael Jordan, portant presque le même numéro (le 22), et aussi la confiance que lui offrent les Bulls avec ces 15 minutes de jeu par match. Pour Morrow, à la question suivante concernant la chose la plus compliquée à vivre, il répond simplement que la famille reste une part importante dans ce changement soudain.
« J’ai 31 ans et j’ai une famille. Je viens juste d’avoir des jumeaux, ils ont 5 mois et un autre fils de 4 ans. Cela a été compliqué de leur expliquer. […] On fait beaucoup de FaceTime, mais ça n’est pas pareil, même s’ils vont venir me voir bientôt. Mais c’est vraiment la chose la plus importante que les gens ne comprennent pas dans les transferts de mi-saison. S’imaginer être à la maison et devoir tout quitter, ce qui affecte aussi la famille etc. C’est très dur. »
Jamal Crawford évoque lui aussi la vie familiale, difficile à conjuguer avec de tels changements dans l’immédiat. Mais Cameron Payne, encore jeune, parle surtout de vivre à l’hôtel en attendant de trouver un chez soi plus digne dans sa nouvelle ville.
« C’est marrant (comme expérience), mais la seule chose que je n’aime pas, c’est vivre à l’hôtel. Je voudrais juste dormir dans mon lit. […] C’est un bel hôtel évidemment, mais ça n’est pas la maison. »
Pour Shumpert, sa proximité avec notamment Kyrie Irving l’a aidé à passer des nuits plus sereines, puisque son ami l’invitait de temps à autre à venir chez lui pour passer la nuit dans une maison plutôt qu’à l’hôtel. Comme nous le disions, Cameron Payne est le plus jeune des 4 joueurs, et à seulement 22 ans, il n’est sûrement pas à sa dernière expérience du genre. Alex Kennedy propose donc aux autres de lui donner des conseils sur comment gérer le problème de la meilleure manière. Le plus intéressant reste celui de Jamal Crawford :
« Se concentrer sur le jeu et apprendre à connaître ses coéquipiers. Et aussi, quand vous avez quelques jours de repos, essayez d’explorer la ville un peu. Conduire jusqu’à la salle d’entraînement puis à l’Arène même sans avoir besoin d’y aller, pour savoir le temps que cela prend, la route à prendre. C’est comme ça que les habitudes viennent, même si c’est plus compliqué en cours de saison. »
Cette interview, que vous pouvez retrouver complète ici, est intéressante de par son aspect psychologique, dans lequel les joueurs se trouvent être dans cette situation. Lorsqu’un joueur arrive dans une équipe, il ne fait pas que changer de maillot. Sa vie change, ses habitudes, son entourage. Du point de vue du jeu, de nouveaux systèmes sont à apprendre, il faut s’adapter aux coéquipiers. Certains joueurs ont la chance de venir dans une nouvelle équipe accompagnés d’un autre joueur faisant partie du trade, comme Cameron Payne et Anthony Morrow, ce qui facilite l’intégration et les relations, ainsi que la nouvelle vie qui commence sans être seul pendant un petit moment. Mais pour d’autres, l’adaptation peut être plus compliquée, puisqu’en plus de leurs performances qui doivent être à la hauteur, il y a une vie privée à gérer ou à recommencer dans certains cas.