NBA – Isaiah Thomas : Contraste entre l’attaque et la défense

Isaiah Thomas. Un petit au milieu des plus grands. Un géant parmi les plus petits. 1m75 de dynamite offensive. « IT4 » effectue une saison monstrueuse. 29.4 points par match à 46%.

2^ème meilleur marqueur de la ligue. 6.2 passes par match. Et surtout. Surtout…  Leader de la ligue au scoring durant le 4^ème QT avec 10 points (et un pic à 29 !!!! contre le Heat fin décembre) s’attribuant au passage le surnom de « King in the fourth »

 

Soir après soir, le meneur des Celtics montre que la taille ne compte pas, scorant contre n’importe qui, n’importe quand, n’importe comment. Excellent finisseur, excellent à 3pts, excellent dribbleur, excellent aux lancers-francs ; il est tout simplement indéfendable cette saison. 52. 41. 38. 37. 38. 39. 41. 35… Non ce ne sont pas les numéros du loto. Juste certaines de ses sorties du mois de Janvier.

Personne ne le pensait capable d’une telle saison. A part lui. Car là est la principale force du lutin vert. Une confiance immense et indestructible en ses propres qualités. Rescapé de la draft 2011 (60^ème choix) échangé encore et encore par des équipes doutant de ses capacités (Sacramento puis Phoenix) et cette année provoquant de vives réactions suite à sa non-titularisation au All-Star Game, il ne cesse jamais de croire en lui.

https://twitter.com/Isaiah_Thomas/status/823610527356166145

https://twitter.com/Isaiah_Thomas/status/823610607094132737

https://twitter.com/Isaiah_Thomas/status/823612468589162496

Bref. Isaiah Thomas est imbibé d’essence depuis le début de la saison, et il semble qu’un rien suffise à l’allumer. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

Sauf que. Sauf que…

ALL SIDES MATTER

Et c’est là que ça se complique pour le feu-follet. Ce que fait Thomas offensivement, vu sa taille est exceptionnel, certes. Il lui est cependant impossible de compenser cet aspect de l’autre côté du terrain.

Considéré comme le « roi du 4^ème QT » Isaiah Thomas n’est pas aussi incroyable que ne peut le laisser paraitre son nombre de points. Ou plus précisément, il est autant un atout qu’un problème.

Celtics dans le 4QT	Minutes	Offensive Rating	Defensive Rating	Net Rating
Thomas sur le terrain	321	120.6	122.3	Moins-1.7
Thomas sur le banc	207	116	95.4	Plus-20.6

Pour ceux qui ne comprendraient pas cette statistique, elle veut globalement dire que pour toutes les minutes qu’il a passé sur le terrain dans le 4^ème QT, les Celtics sont dans l’ensemble menés de près de 2 points alors qu’ils mènent de plus de 20 unités lorsqu’il est sur le banc. L’objectif étant d’avoir le plus petit score en défense et le plus grand en attaque. Cela semble inconcevable étant donné la saison de Isaiah et c’est pourtant vrai.

 

Pour voir son impact sur ses coéquipiers cette fois ci, un tableau du defensive rating des Celtics avec Thomas sur le banc/sur le terrain pendant le 4eme QT

	Thomas sur le terrain	Thomas sur le banc	Différentiel (en gras indiquant que la défense de ces joueurs est pire quand il est sur le terrain)
Al Horford	128.4	96.2	32.2
Avery Bradley	121.5	100.7	20.8
Jae Crowder	123.4	84	39.4
Marcus Smart	124.4	90.3	34.4
Amir Johnson	118.5	85.5	33
Kelly Olynyk	120.8	93.9	27.8
Jonas Jerebko	113.1	105	8.1

 

Mais comment l’expliquer ?

Le basket se joue des 2 côtés du terrain et d’aucun diront que « offense wins game, defense wins championships »

Résumé simplement : Isaiah Thomas est mauvais en défense. TRES mauvais. La première explication est celle que vous avez en tête. C’est son physique. Le feu follet, aussi énergique qu’il soit, n’est pas plus solide que n’importe qui que vous pouvez croiser dans le métro, et devoir se frotter en permanence à des mastodontes plus grands et plus lourds est forcément difficile.

C’est cependant un sport et il n’y a pas de trophée pour « meilleur joueur en dessous de 1m80 » (qu’il refuserait surement). Tout un chacun doit tirer le maximum des cartes qui lui sont offertes et avec 10 cm de plus, il ne serait peut-être pas aussi vif. Si j’avais le physique de David Beckham, moi aussi je … bref, on s’écarte.

 

Quelques exemples visuels des difficultés qu’il peut rencontrer :

Le plus gros problème étant que lors des rotations défensives, on peut presque considérer cela comme un panier automatique. Ici, il se retrouve par malheur face à Carmelo Anthony qui le bouscule comme s’il n’existait pas

 

 

Son manque d’impact sur transition est illustrée ici.

Sur la suivante, on peut observer non seulement son manque de visibilité et d’anticipation défensive mais surtout son incapacité à se défaire de tout écran.

 

Un autre facteur notable est la volonté qu’ont ses coéquipiers de le couvrir. Les Celtics possèdent d’excellents défenseurs (Bradley, Smart, Crowder…) mais même eux se retrouvent parfois limité dans leur mouvement, de par leur intention de lui venir en aide.

Observez le placement de Smart qui ne peut pas laisser son coéquipier seul, au risque de concéder un panier facile ce qui résulte par… un 3 point facile et ouvert.

 

 

« kinkinkin c’est que des vidéos, SALE HATER, IT MVP, KING IN THE 4TH, GROSSES COU– »

Déjà, du calme enfin ?

Comme a dit un grand cerveau de notre ère : Les hommes mentent, mais pas les chiffres.

La statistique défensive la plus représentative de la défense de notre cher lutin est surement son DRPM (Defensive real plus minus, soit l’impact défensif d’un joueur représenté en point accordé sur 100 possessions) Pour la petite comparaison, Gobert est premier dans cette statistique, suivi de près par Green : les deux leaders dans la course au titre de Defensive Player Of the Year…

Thomas quant à lui… est dernier de la ligue (453/453) Pour la comparaison avec ses camarades meneurs :

Joueur	Defensive real plus minus
Chris Paul	+      3.59
Lowry	+      0.63
Westbrook	–        0.02
Curry	–        0.13
Wall	–        0.28
Harden	–        1.42
Thomas	–        4.46

Evidemment, cela ne veut pas dire que Thomas est l’unique raison des problèmes défensifs des Celtics (on peut aussi parler de leur taille, problème au rebond ou bien de l’absence de Bradley sur une bonne partie de la saison) cependant il y contribue énormément et est en étroite relation avec toutes les statistiques qui fâchent les verts.

 

Que tirer de tout ça ?

Les Celtics réalisent une énorme saison et Brad Stevens fait du bon travail dans l’alternance des possessions où le meilleur scoreur celte est sur le terrain/banc mais il reste important de noter que l’effectif ainsi que l’autonomie offensive qui lui est offerte le mettent dans les meilleures conditions possibles.

L’idée n’est pas de le faire passer pour un joueur mauvais, ce qu’il n’est pas mais de détruire l’idée conçue selon laquelle il serait le seul à porter l’équipe ou qu’il ferait jeu égal avec les tous meilleurs meneurs de la ligue grace à son nombre de point. La plus grande force de IT4 n’est pas son scoring en 4eme QT comme on peut le lire, c’est tout simplement sa capacité à combler ses énormes défauts défensifs et physiques et à être malgré tout un joueur avec un impact positif.

Cela suffit-il à le placer parmi les meilleurs joueurs, la crème de la crème ? Pas forcément…

Cela suffira-t-il durant la post-season quand les défenses se renforceront et que chaque possession comptera ? A voir…

Si ce n’est pas le cas, dans quelques mois, on parlera du problème qu’ont eu les Celtics à cacher ces problèmes durant les playoffs.

Mais une chose est sure, parier contre Isaiah Thomas n’a jamais été une bonne décision jusqu’à présent…

 

 

Stats par NBA.com, Basketball-reference.com et synergy sports