Lizanne Murphy a gentiment accepté de répondre à nos questions. Évoluant au poste d’aillière, Lizanne est une Canadienne qui est arrivé au club d’Angers en 2013. Avec l’équipe du Canada, elle a notamment participé aux JO de Londres en 2012.
PB : Bonjour Lizanne, peux-tu présenter rapidement à nos internautes ? Quand as-tu commencé le basket-ball ? Quel a été ton parcours ?
LM : Alors j’ai commencé au Canada, j’ai grandi à Montréal. J’ai une soeur ainée, et un frère plus jeune. Vers l’âge de 10 ans, ma soeur voulait jouer au basket, alors nos parents nous ont mis nous trois dans le basket, et c’est comme ça que j’ai commencé ! J’ai toujours joué à Montréal, et après au lycée j’ai reçu une bourse scolaire pour rejoindre une université aux États-Unis. (l’Université de New-York). J’ai passé mes 4 ans là-bas et j’ai été diplomée. Ensuite, je suis venue en Europe pour jouer Pro.
Parlons de toi et ton club, Angers
PB : A quoi ressemble ta journée type en tant que basketteuse ?
LM : Pour nous ici à Angers, on a deux entrainements par jour. Comme il y a plusieurs équipes sportives, on se partage la salle, notament avec le basket masculin et le hand. Nos créneaux d’entrainements sont de 11h30 à 13h, et ensuite de 17h30 à 19h.
PB : Lizanne, quel est ton état de forme actuel ? Et celui de l’équipe ?
LM : C’est un peu différent pour moi, j’ai joué tout l’été avec l’équipe du Canada. Juste après les mondiaux, je suis rentrée chez moi pendant 24h, et après je suis revenue en France. Alors oui, je suis un peu fatiguée, mais on a encore des matchs à jouer et c’est aussi le métier. Après, cette semaine, je crois que tout le monde a envie d’être en vacances, pour retrouver la famille, surtout les étrangères j’imagine. On commence vraiment à être excité à l’idée de rentrer chez nous.
PB : C’est la première fois de ta carrière que tu prolonges un contrat dans un club. Tu aimes Angers et l’UFAB ?
LM : Ce n’est pas la première fois que j’ai voulu resté mais je n’ai pas été en accord avec les contrats que les clubs me proposaient, pour une raison ou une autre. Vraiment, j’aime bien Angers, j’aime ce que le club a envie de faire. C’est excitant de faire partie du commencement de quelques chose qui est vraiment bien. Et moi, je trouve vraiment cela amusant, c’est un très bon challenge. Angers veux vraiment avoir un bon club, et souhaite faire ses marques dans la LFB (Ligue Féminine de Basket). Donc oui, je suis contente d’être ici pour le commencement de ça.
PB : Ça commence à faire quelques années que l’on te voit dans le championnat français, est ce que cela serait un souhait pour toi de terminer ta carrière en France ?
LM : En France, oui bien sûr !!! J’ai fais un tour, par le passé dans les pays de l’est, et j’ai pas envie d’y retourner. (Lizanne a joué en Finlande, Lituanie, Slovaquie, et Pologne). C’est un style de vie un peu particulier. J’ai beaucoup appris, mais ma vie en France est très bien. Je parle français, alors déjà ça aide pour une étrangère. La France est le meilleur pays pour jouer en Europe. Tu as une bonne qualité de vie, le niveau de basket est vraiment bon. Toutes les joueuses, toutes les équipes peuvent battrent n’importe qui. Pour moi, c’est vraiment “hyper” intéressant de jouer comme ça.
PB : Quels sont tes rituels ?
LM : Au début de ma carrière, j’avais vraiment plusieurs “superstitions” (en anglais bien sur). Et quand ça fonctionnait pas, ça me stressai, alors j’ai vraiment essayé de me concentrer pour ne pas en avoir plusieurs. Après j’aime bien boire un café vers 17h si l’on joue à 20h, et écouter la musique. Mais après ça, j’ai pas vraiment de routine exacte. Parfois, je fais une petite sieste, d’autres fois non. J’essaie d’être anti-routine. (Rires)
PB : Qu’est ce qui est le plus dur en tant que canadienne, et que l’on vie en France?
LM : Je crois que c’est pour toutes les étrangères pareil, le plus dur c’est d’être loin de nos familles, d’être loin des gens qu’on aime… Personnellement, ça devient de plus en plus difficile avec l’âge. Au début, c’était vachement plus facile de partir pendant 4mois / 6 mois… Mais là, c’est dur… Mais avec internet, Skype, FaceTime, j’arrive à voir les gens que j’aime presque tous les jours. C’est être loin des gens qu’on aime qui est le plus dur.
PB : Tu réalises un très bon début de championnat, et tu portes clairement l’équipe d’Angers, comme l’an dernier. Tu as notamment été élue MVP de la 6ieme journée (28 points à 9/11, 4 rebonds, 6 passes pour 33 d’évaluation en 34 minutes (victoire 93-77 contre Lyon). Une satisfaction personnelle ?
LM : Euhh, c’est toujours amusant d’être reconnue pour un bon match surtout quand on gagne, et que ceux sont des matchs importants. Mais je trouve que c’est très marrant, car dans notre équipe, les coachs font un petit truc, un petit cadeau à toute l’équipe lorsque quelqu’un gagne le MVP. (Rires) Le plus important pour moi, c’est vraiment que l’équipe gagne. Je sais que beaucoup de monde dit ça, c’est nul si tu gagnes plusieurs titres individuels mais que l’équipe ne gagne pas. Pour moi, cette année je prends vraiment beaucoup de plaisir, l’équipe a vraiment progressé depuis l’année dernière. On commence à gagner des matchs, on montre que l’on a vraiment progressé. C’est pour ça, je trouve que c’est ça le plus amusant, le plus important. Je crois que notre équipe commence à être un peu plus équilibrée. Au début de saison, Rebecca (Tobin) et moi avons fait de gros matchs. Mais les équipes vont commencer à nous défendre fort. Ça va être amusant de voir des joueuses comme Amélie Pochet, Romana Hejdova, et Camille Aubert, qui commencent à faire de bons matchs. Je crois que c’est ça le plus cool, de voir que tous les jours, il y a quelqu’un qui joue vraiment bien, que ce n’est pas les mêmes chaque soirs.
PB : Le week-end dernier, vous vous êtes incliné face à Nantes, dans un derby plutôt serré, ce match laisse-t-il une saveur amer ?
LM : Ouais… C’est frustrant. D’une manière générale c’est toujours frustrant de perdre, surtout lorsque l’on joue juste à coté. C’était difficile, Sarah Michel a mis presque tous ces tirs (32 points, à 10/16 aux shoots). Elle n’avait pas fait un match comme ça depuis le début de saison. C’est difficile de battre une équipe quand il y a une joueuse comme ça, qui met tout. On a déjà vécu ça dans notre équipe, avec une joueuse qui mettait tout, avec moi par exemple, et on a gagné des matchs. C’est difficile de battre une équipe quand il y a une joueuse qui met plus de 30 points. Nantes, c’est une très bonne équipe. C’est quand même difficile de gagner des matchs chez elles. Dans ce championnat, tous les matchs à l’extérieur sont difficiles à jouer. Donc oui, c’est “nul” de perdre le match, mais je ne suis pas déprimée. Je n’ai pas perdu confiance dans notre équipe. Ça montre que tous les soirs, il faut venir et jouer un haut niveau si tu veux gagner des matchs.
PB : Après le derby, vous allez recevoir à domicile les Championnes de France en titre, Montpellier, puis le 5 Janvier, Bourges. Comment abordes-tu ces matchs, différemment des autres ou pas du tout ?
LM : Oh non, pas du tout. On a un planning qui est construit pendant la semaine, avant les matchs. On aborde tous les matchs de la même façon. Alors déjà cette semaine, ça a démarré de la même façon. C’est justement amusant d’avoir un challenge comme ça, surtout de les recevoir chez nous, ça va être bien. On a une des meilleures salles en France, elles doivent faire le déplacement chez nous, pareil pour Bourges. Je penses vraiment que les deux matchs vont être de bons matchs.
PB : Vous êtes actuellement 6ème du championnat à presque mi-saison. Dans les objectifs du club ou vous visez plus haut ?
LM : L’objectif du club c’est de finir dans le top 8, et d’essayer de faire une Coupe d’Europe pour l’année prochaine. Je crois que l’on a été déçu de perdre contre Toulouse et Nantes, mais bon, c’est des matchs que l’on a joué à l’extérieur. On va pouvoir les rejouer chez nous dans la deuxième partie de saison. Alors oui, je crois que vraiment ce que le club veux, c’est que l’on rentre à fond dans tous les matchs, que l’on bataille, et que l’on essaye de se donner à 100% pour gagner le plus de matchs. Et si l’on termine dans le top 8, ça va être vraiment bien.
PB : Cette année, la ville d’Angers accueillera Championnes de Coeur, tu seras à l’événement ? Dans les gradins, ou en tant que joueuse ?
LM : Je ne sais pas encore, il faut attendre l’annonce officielle. Mais c’est clair que je vais être là, d’une façon ou d’une autre, je suis vraiment excitée que cela vienne à Angers. J’étais à Toulouse l’année dernière, j’ai vu l’événement. Je pense qu’Angers fera un événement vraiment top, pour toutes les filles qui vont venir, toutes les joueuses, tous les coachs et tous les spectateurs. Ça va être vraiment bien.
PB : Cette après-midi, on a vu Camille te faire un peu de pub sur Twitter. Tu as été sélectionné pour le trophée de sportif angevin de l’année, une reconnaissance?
LM : (Rires) Ah oui oui. Oui, je trouve que c’est vraiment amusant que l’on m’ait choisie pour représenter le basket. C’est vraiment le chemin de l’équipe d’Angers au basket. En cinq ans, on a monté trois divisions. L’an dernier, tout le monde dans le pays prédisait qu’Angers allait descendre, et l’on a gardé notre place dans le championnat, et pas dans les 11ème, 12ème, 13ème, 14ème… On était vraiment là, on a garantit notre place dans le championnat. Je suis vraiment contente qu’ils m’aient reconnue moi pour le basket. C’est cool.
Parlons du Canada
PB : Parlons de ton équipe nationale, Vous terminez 5eme des derniers championnats du monde, quel bilan tirez vous de cette campagne Canadienne ?
LM : On était contente de terminer à la cinquième place. Je pense que c’est le meilleur résultat depuis 20 ans, que le basket féminin canadien ait eu, dans des championnats du monde. Alors nous étions vraiment contente. Je suis vraiment fière de l’équipe du Canada. On est en train de refaire l’histoire. En fait, il y a plus de 20 ans, le Canada était vraiment fort dans le monde. Dans les dernières années, ça a été un peu plus compliqué. Et là, nous revenons avec force. Ça a commencé aux Jeux Olympiques à Londres, et là, aux Championnat du Monde. J’espère que l’on va améliorer encore aux Jeux à Rio.
PB : Tu arrives à suivre le parcours de tes coéquipières en Europe ou en Amérique depuis la France ?
LM : Ouiiii, bien sur. Nous avons notamment une conversation sur WhatsApp, nous parlons tous le temps. Quelques unes de mes coéquipières canadiennes sont mes meilleures amies dans le monde, alors je parle avec elles presque tous les jours, enfin, au moins une fois par jour.
PB : Et avec tes coéquipières canadiennes qui jouent en France (Miranda Ayim (Toulouse), Thorburn Shona (Hainaut) et Michelle Plouffe (Arras)), vous arrivez à vous voir ?
LM : Oui, oui, j’ai notamment vu Miranda et Michelle à l’Open. J’ai revu Miranda lorsque l’on a joué à Toulouse. Après le match, nous avons généralement un jour OFF, alors on est resté ensemble et on a visité. Après le match contre le Hainaut, j’ai vu Shona, une canadienne qui est là, et qui est l’une de mes meilleures amies. Alors oui, on se voit quand on peut. En plus avec Arras, et le Hainaut, et moi qui suis à Angers, cela nous prend 1h30 pour se voir à Paris. On a déjà fait ça une fois, et j’espère bien le refaire encore.
PB : Beaucoup de membres de l’EDF jouent dans le championnat français, et donc tu les connais bien. Cela t’a aidé à préparer le match contre la France lors du Mondial ?
LM : Il faut savoir aussi que tous les étés on joue contre l’équipe de France. Je connais les joueuses, peut-être un peu plus que les autres. Mais avec l’équipe Canadienne, tout le monde connaît l’équipe de France. Vraiment on fait des tournois de préparations, ça fait au moins cinq ans qu’on les jouent tous les étés, et même parfois plus d’une fois. Je crois que des deux cotés, on se connaît très biens.
PB : Les JO 2016 sont-ils dans un coin de ta tête ?
LM : Bien sur. Je suis à fond pour les Jeux à Rio. On a une qualification, le tournoi des Amérique cette été, qui va se jouer au Canada. C’est la première fois que l’on a le tournoi chez nous (C’était toujours en Amérique du Sud, Brésil, Cuba,…). A la fin de ce tournoi, on pourra savoir un an en avance si on est qualifié ou non. J’aimerais beaucoup que l’on gagne le tournoi au Canada, et comme ça on se qualifie directement, pour que je rejoue l’année d’après.
Maintenant, Parlons de toi
PB : Penses tu à l’après-basket ?
LM : Oui, je pense à ça tout le temps, mais actuellement je suis vraiment très concentrée à l’idée de jouer jusqu’en 2016, pour les Jeux.
PB : Avec qui rêverais tu de jouer ?
LM : Dans le monde idéal, ça serait tellement cool si l’équipe Canadienne jouait dans le championnat français, avec toutes mes amies canadiennes. (Rires).
PB : Quel est ton geste basket préféré ?
LM : Le tir à 3 points, c’est ma spécialité. Ça serait tellement cool de mettre un tir du milieu de terrain pour gagner un match.
PB : Qu’elle est la pire adversaire à défendre ?
LM : Dans le championnat, ce sont mes amies canadienne. Mais sinon, elle jouait dans le championnat l’an dernier, Kim Smith Gaucher, à Arras. Avec l’équipe du Canada, on défend l’une sur l’autre tous les jours, tous les étés, et à tous les entraînements. Je crois qu’elle est la plus dure.
PB : Quel club vois-tu Champion de France pour cette année ?
LM : Bon si ça ne peux pas être Angers… (Rires). Euh (Hésitation). Je n’ai pas encore jouer contre Montpellier et Bourges, alors je ne suis pas à 100% certaine. (Est ce que je peux donner ma réponse dans deux semaines ? Quand j’aurai vu toutes les équipes ?). Villeneuve est vraiment très costaud, Bourges défend tellement bien ensemble… Alors pour moi, ça se jouerait entre Bourges et Villeneuve, si ça ne peux pas être Angers.
PB : Comment es tu en dehors des parquets ?
LM : Je suis quelqu’un qui aime bien rigoler. J’aime bien cuisiner, j’aime avoir des gens chez moi, organiser des fêtes, et cuisiner pour eux.
Et pour finir, Parlons de tes coéquipières
PB : Tes coéquipières ne cessent de féliciter ta cuisine, mais qui est la plus grande amatrice de ces petits plats ?
LM : Romana Hedjova. Dès qu’elle voit que je fais des courses, elle me dit : “Ok, je viens chez toi manger”. (Rires).
PB : Qu’elles sont les meilleurs chefs cuisiniers de l’équipe ?
LM : Je dirais que je suis le meilleur chef de l’équipe d’Angers. Après il y a tout le monde qui fait des choses qui sont très bonnes. Par exemple, Camille (Aubert) a quelques spécialités de desserts qui sont très biens, Amélie (Pochet) aussi. Après les autres ne cuisinent pas trop… C’est d’ailleurs un peu la compétition entre nous trois, qui est le meilleur chef de l’équipe…
PB : Qui a le pire accent Anglais dans l’équipe ?
LM : Je ne sais pas trop. Mais mon accent préféré, c’est celui d’Amélie Pochet. Elle a un accent qui est tellement parfait. C’est vraiment le stéréotype de l’image qu’on a au Canada et aux États-Unis, des Français qui parlent Anglais. Elle prononce tous ces mots, elle dit tout avec l’accent français. C’est vraiment jolie. Alors je dirais qu’Amélie Pochet à le meilleur accent anglais.
PB : Enfin pour finir, nous avons une question qui provient d’une de tes coéquipières, on te laisse lui répondre, mais également devinais de qui cela vient : “Comment ouvre ton une boîte de conserve avec un ouvre canette???”
LM : ahhhhh oui, ok… (Rires). C’est drôle. Premièrement, je vais encore batailler ça, une boite n’a aucun sens pour moi. Une boite de conserve, est une canette de nourriture pour moi, donc on dit un ouvre canette. Mais personne ne m’a comprise au début. Cela doit être Camille (Aubert) qui t’as dis ça. J’ai donc appris que c’était un ouvre boite. Mon père Noël secret, qui est dans l’équipe, m’a acheté un ouvre boite, mais pour moi, dans ma tête ça reste un ouvre canette. Il y a plusieurs mots comme ça qu’on dit au Québec, et qu’on ne dit pas ici en France, alors tout le monde se moque de moi, et même plusieurs fois par jours. (Rires).
Félicitations à Lizanne pour avoir démasqué sa coéquipière. N’oubliez pas d’aller voter pour le sportif angevin de l’année, et donc pour elle !
L’équipe Parlons Basket remercie chaleureusement Lizanne Murphy pour sa disponibilité et pour avoir accepté de répondre à nos questions !
On lui souhaite une excellente saison avec Angers !
On remercie également Camille Aubert pour s’être prêter au jeu.
Interview téléphonique réalisée le 16/12/2014