Ils sont acteurs de la ProA mais ce ne sont pas les joueurs. 6 rencontres pour vous faire découvrir les partenaires méconnus du basket professionnel.
Johann Jeanneau, arbitre-formateur salarié de la FFBB, arbitre international depuis 2007, (ex-Professeur des écoles et Directeur d’école) s’est livré au jeu des Questions/Réponses pour notre 2e chronique consacrée aux Arbitres. On y apprend que dans le monde de l’arbitrage « haut niveau » rien n’est laissé au hasard, que tout est analysé et rebattu, et qu’il faut avant toute chose être passionné… et travailler, pour être à la hauteur et progresser. Un témoignage au plus près du réel.
Parlons Basket : D’après ta propre expérience, mais aussi celle de tes homologues, comment nait une vocation d’arbitre ? D’ailleurs, devient-on arbitre par vocation ?
Peut-on parler de vocation ? J’ai plutôt envie de parler de passion ! Celle du basket, celle du jeu, … Certes, l’activité d’arbitre n’est pas toujours facile, mais c’est la passion qui fait avancer !
PB : Comment se déroule une carrière d’arbitre ? Peux- tu nous parler de ton parcours personnel ?
Il faut tout d’abord savoir qu’il y a plusieurs niveaux dans le basket, donc c’est la même chose dans l’arbitrage, et comme pour les équipes, les arbitres montent dans les divisions suite à des classements basés sur les observations, les prestations pendant les stages, le potentiel, l’investissement et le travail, comme un joueur !
C’est dans mon club, à St-Fulgent, (NDLR en Vendée) que j’ai suivi mes premières formations d’arbitre, puis via l’UGSEL pour un stage national à 17 ans, grâce à Michel GADE qui a lancé ces stages nationaux scolaires. Puis j’ai passé la même année mon diplôme d’arbitre départemental sous la houlette de Régis LUCAS de Chambretaud et Régis LUMINEAU de Mouchamps. J’ai une très forte pensée pour ce dernier, ainsi que pour Michel, car ils nous ont quittés bien trop tôt, mais ont réussi à me transmettre leur passion ! Un an plus tard, j’ai passé le niveau régional, puis Nationale 4 3 ans plus tard, une saison après j’étais en Nationale 3 (la N2 actuelle), puis NM1. Je suis arrivé en ProA en septembre 2003, puis à l’international en Juin 2007. Parallèlement, j’ai toujours entraîné, et le fais encore dans mon club à l’école de basket ! C’est très important que l’arbitre garde un pied dans son club… on en reparlera certainement plus tard !
PB : Les arbitres de la PROA sont-ils professionnels en France ?
En France, aucun arbitre n’est professionnel. Cinq arbitres de ProA travaillent pour la FFBB et peuvent être apparentés à des arbitres pros, mais ils font également de la formation sur le territoire, j’ai la chance de faire partie de ces 5 ! Aujourd’hui, pour que l’arbitrage de ProA progresse, il faudrait que les arbitres puissent se libérer de leur travail pour avoir beaucoup de temps pour les matches et pour travailler en semaine… ça viendra peut-être !
PB : Comment est organisé l’arbitrage en France ? Il y a 2 niveaux, selon que l’on arbitre en PRO ou dans les divisions inférieures ?
Il y a encore plus de niveaux, on débute dans le club, puis on passe le diplôme départemental, puis régional, puis Championnat de France qui permet d’officier sur les divisions nationales, le niveau CF2 = NMF, NF2, NF1, NM3, cadet(te)s et le niveau CF1 = L2, NM2, Espoir ProA. On entre ensuite dans le Haut Niveau, avec tout d’abord la LFB et NM1, puis la ProB, puis la ProA.
PB : Comment sont désignés les arbitres sur le championnat PROA ? – Qui décide de qui va où ? – La désignation tient-elle compte de la localisation géographique de l’arbitre ou bien c’est aléatoire ?
Oui mettre des règles est une bonne chose mais les faire respecter correctement demeure très difficile. Sur un terrain de basket les choses sont claires, tout le monde peut voir les erreurs commises ou les coups vicieux même si parfois l’arbitre ne les détecte pas. Il est vraiment difficile, à mon avis, de maitriser complètement le marché des joueurs, car celui-ci regorge de trop d’intérêts.
PB : Qu’est-ce que le « crew-chief »?
Le crew chief (littéralement le chef d’équipe) est celui qui est responsable de l’équipe d’arbitres. Nous sommes trois et nous devons travailler ensemble. De plus, contrairement au foot ou au hand, nous changeons de collègues à chaque match. Même si sur les 35 arbitres ProA nous nous connaissons tous, nous avons besoin de vite trouver nos automatismes pour avoir une cohérence sur la rencontre et entre toutes les rencontres. C’est donc le crew chief qui est garant du bon fonctionnement de son équipe au service du jeu ! Quand il y a un souci ou une décision importante à prendre (tir au buzzer, …) c’est lui qui est en première ligne. Il doit aussi s’assurer de la bonne intégration des arbitres rookies !
PB : Comment sont gérées « les carrières » des arbitres ? Evaluations, examens, remise à niveau, promotions ou rétrogradations, sanctions, etc. ?
Chaque arbitre gère sa carrière ! L’activité est assez solitaire et chacun choisit quand il veut arrêter ! Par contre, en fonction de son niveau, l’arbitre peut être rétrogradé, ou monté ; cela dépend de ses observations, stages, … En ProA, les arbitres sont quasiment observés à chaque match entre les observations en live, les matchs télévisés, les observations vidéos …
PB : Peux-tu nous parler du Diplôme Universitaire d’arbitre ? Est ce un Diplôme obligatoire pour officier en PROA ? Ou à l’International ?
Il y a d’abord eu ce DU Cadre de fédération sportive que les 5 arbitres-formateurs salariés de la FFBB ont suivi il y a quelques années. Cette formation nous aide dans notre travail au quotidien. Nous y avons travaillé différentes matières telles le droit du sport, l’économie du sport, le travail avec les bénévoles, l’anglais, la physiologie, …Aujourd’hui, il existe un autre diplôme mis en place par l’Université de Clermont-Ferrand et qui rassemble des arbitres haut-niveau de différents sports pour optimiser leur activité.
Ce diplôme n’est pas obligatoire car il n’est pas mis en place par la FFBB mais c’est une formation de qualité permettant à l’arbitre de progresser.
PB : Quelles sont les conditions nécessaires pour arbitrer en compétitions européennes, internationales ou aux JO ?
C’est la FFBB qui choisit l’arbitre qu’elle va présenter à l’examen international FIBA, mais les places sont chères car la France n’a pas tous les ans des places disponibles pour ses arbitres. Il y a donc une compétition saine entre les arbitres français pour savoir qui va être présenté ; cette compétition crée de l’émulation et donc du travail ! C’est donc forcément bénéfique ! Une fois l’examen international en poche, c’est la FIBA Europe ou Monde qui décide qui elle convoque sur ces différents tournois.
PB : C’est un objectif courant – de vouloir être arbitre international ?
Pour ma part, je voulais devenir international. Et plus généralement quand on a un pied en ProA, on veut forcément aller plus loin, comme une équipe, comme un joueur, comme un coach !
PB : Les arbitres gagnent-ils bien leur vie ? Ils sont indemnisés comment ?
Les arbitres ne sont pas professionnels, ils n’ont donc pas de contrat. Certes l’arbitrage rapporte de l’argent, mais si l’arbitre est blessé, il ne perçoit rien. L’arbitrage apporte donc « du beurre dans les épinards », mais ce n’est pas une assurance d’un bon train de vie, tout peut s’arrêter très vite ! En ProA, les arbitres (excepté les 5 pros) sont remboursés aux frais réels et perçoivent une indemnité de 525€ par match.
PB : Comment s’entraine un arbitre ? Physiquement et techniquement.
Cette question est la plus importante, car c’est l’entraînement de l’arbitre qui va faire qu’il est moyen, bon ou excellent ! Encore une fois, ce qui est difficile, c’est que l’arbitre est seul, ce n’est pas tout à fait comme les joueurs ! Mais quel que soit le niveau, l’arbitre doit s’entraîner. Tout d’abord au basket, en tant que joueur ou coach. Il est important d’être sur le terrain, le basket évolue constamment, comment peut-on entendre parfois que des arbitres arrêtent de jouer à 18-20 ans ??? Que vont-il devenir à 30 ans sans avoir mis les pieds sur le terrain depuis 10 ans ??? Donc être « basketteur » est le plus important. Ensuite il y a des stages, des camps d’été arbitres, des clinics d’entraîneurs, …, auxquels ils peuvent participer. Il y a des formations gratuites par e-learning mises en place par la FFBB. Lorsque l’on progresse, les matchs commencent à être filmés, et dans ce cas, on peut travailler suite au match.
En ProA, les arbitres doivent analyser tous leurs matchs en vidéo dans les cinq jours qui suivent la rencontre, ils repèrent leurs erreurs et leurs réussites, échangent entre eux puis envoient leur analyse et les clips vidéos à leur responsable technique de la FFBB. Je fais la même chose en FIBA…
PB : Comment prépare-t-on un match ? Un arbitre a t’il des fiches ?
Chacun prépare son match comme il le souhaite, si ce n’est que nous avons tous un briefing d’avant match dans le vestiaire où nous parlons du contexte du match, des équipes, des joueurs, des coaches, de notre travail, …
Pour ma part, la veille ou avant la sieste, j’écris les points importants sur le match à venir et les partage avec mes collègues lors de ce briefing. Je fais partie de « crew chief », et je dois donc mener ce briefing. Lorsque j’arbitre une équipe que je connais moins, je vais sur la plateforme vidéo de la LNB pour visionner un match de cette équipe.
PB : Quelles sont les qualités d’un « bon » arbitre ?
Humilité – Passionné de basket – Travailleur
PB : Comment est organisée la journée d’un arbitre le jour du match ?
C’est souvent de Nantes que débute ma journée de match, de la gare ou l’aéroport entre 8h et 9h… pour la plupart du temps j’arrive le midi dans la ville afin de déjeuner et surtout pour me poser à l’hôtel, ça me laisse du temps pour travailler sur mon PC puis de faire ma sieste d’environ 1h30. Une fois réveillé, je ne prends pas de collation, certains collègues le font. Nous partons ensuite à la salle et arrivons au vestiaire entre 1h15 et 1h30 avant le match. A H-1, nous avons un briefing avec les officiels de table de marque, puis notre briefing entre nous. La préparation est ensuite libre à chacun (pour ma part, je m’échauffe selon un rituel bien établi, toujours le même que j’ai amélioré récemment grâce au préparateur physique de l’équipe de France). 20 minutes avant le match, nous entrons sur le parquet.
Après le match, nous débriefons dans le vestiaire puis allons diner avec la personne bénévole qui s’occupe de nous. C’est souvent un moment riche d’échanges sur le match, mais aussi sur plein d’autres sujets, dans une ambiance conviviale.
La nuit est parfois courte car il n’est pas toujours facile de s’endormir… la pression doit retomber, la télé est alors notre meilleur ami ! Pour ma part, c’est l’émission de Laurent Ruquier le samedi soir !!! Le lendemain matin, on prend souvent les trains ou avions les plus tôt pour regagner notre maison ! De mon côté, c’est souvent une arrivée vers 14h.
PB : Les arbitres sifflent ….. et se font siffler aussi … que dire de cela ?
Et bien c’est que tout le monde pourrait devenir arbitre !!! (Rires)
Un arbitre est là pour que le jeu se déroule dans l’esprit de notre sport et dans le cadre de ses règles, donc forcément il doit juger et sanctionner lorsque le jeu sort de ces limites-là. Quand quelqu’un juge, il y a souvent des gens mécontents, c’est normal, la fonction implique cela ! Et puis parfois l’arbitre se trompe, il est humain que le public marque son mécontentement ! Evidemment, il est important que les sifflets des spectateurs restent dans la critique de la décision, mais pas de l’homme. En ProA, nous sommes aguerris aux critiques, mais je pense surtout aux jeunes qui débutent, qui ne sont pas encadrés, protégés, et qui sont souvent la cible facile des gens autour du terrain : parents et dirigeants.
PB : Est-il nécessaire parfois de se remettre en question ? D’oublier une salle hostile, un joueur ou un coach arrogant ?
Je crois qu’il y a peu d’activités ou la personne se remet autant en cause et s’autocritique autant que dans l’arbitrage, nous sommes parfois trop négatifs et ne retenons que ce qui s’est mal passé. Un arbitre qui ne le fait pas ne mérite pas d’être arbitre, il devrait faire autre chose, nous n’avons pas besoin d’arbitres qui se croient tout permis et se sentent intouchables !
Donc, oui, nous devons faire abstraction du public… Par contre, les joueurs et les coaches se doivent d’être respectueux de l’arbitre, c’est une condition de base pour qu’un sport puisse rester sain. Voici une anecdote qui s’est répétée plusieurs fois suite à une faute technique, le coach voulant des explications après le match. Je demande souvent au coach : « Qui dirige l’entraînement ? ». Surpris, il me répond « Ben moi ! ». Et qui dirige le match ? « Ben toi ! ». Si un joueur te disait ou faisait à l’entraînement ce que tu m’as dit ou fait pendant le match, que ferais-tu ?
Généralement, le coach me répond directement : « Pas de souci, j’ai compris ! »
PB : Est ce que cela peut aller plus loin que les sifflets ou les huées ?
Nous avons la chance dans le basket, que la plupart des mécontentements ne se manifestent que par des sifflets. Mais nous sommes tous garants de l’éthique de notre sport qui passe par le respect de la fonction arbitrale : les joueurs, les coaches, les arbitres, mais aussi les dirigeants, les journalistes, …
Malheureusement, il arrive parfois des choses plus graves, elles doivent être lourdement sanctionnées.
PB : Tu peux développer ?
Il arrive malheureusement parfois que des arbitres soient agressés verbalement ou physiquement lors du match ou après le match. Ceci est rare, mais j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de cas. Ce n’est souvent pas très grave, mais l’arbitre est souvent atteint humainement. C’est trop facile lorsque l’on est un spectateur ou un dirigeant de s’en prendre à l’arbitre lorsqu’il va au vestiaire ou lorsqu’il en sort, les arbitres ne sont que deux face à un groupe ! En ProA, ceci est extrêmement rare car la sécurité est assurée, mais je pense toujours aux arbitres dans les divisions départementales et régionales qui ne sont pas souvent accueillis, encadrés et soutenus. Que l’arbitre soit critiqué pendant le match, c’est inévitable ! Mais la critique doit rester sur la fonction de l’arbitre, mais pas sur l’Homme ! J’entends parfois des critiques sur l’honnêteté de l’arbitre, sur son physique, … ça c’est inadmissible. Que chacun mesure ses propos… et si c’était mon frère, mon fils ou un ami qui arbitrait… que dirais-je ??!!!
PB : Le match passe à la télé, il y a les micros … c’est comment ? Gênant, pédagogique, excitant, …
Pour être franc, la première fois que j’ai eu le micro, j’étais stressé en me disant « ne dis pas de bêtises ! ». Mais maintenant, je n’y pense plus et suis naturel. Je crois que cela permet aux téléspectateurs de mieux comprendre certaines de nos décisions et de vivre inside les échanges que l’on peut avoir avec les joueurs ou les coaches. Tous les crew chiefs ont travaillé sur ce point, la vidéo étant un excellent moyen !
PB : Un arbitre peut-il être influençable, influencé ? Si oui, comment y faire face ?
Il y a deux choses, un arbitre qui pourrait être influencé avant le match de manière corruptive, en 20 années d’arbitrage, je n’ai jamais vu cela à quel que niveau que ce soit. Par contre, qu’un arbitre soit influencé par l’ambiance, le contexte, un coach, … oui c’est arrivé car les arbitres ne sont que des hommes ! Parfois, un joueur rate son match, ou manque le tir décisif, parfois même, il loupe un lay up seul devant le panier ! L’arbitre manque parfois une grosse faute, il oublie de siffler la dernière faute, … !
Un seul remède pour se remettre dans le match : l’apport du collègue et la concentration.
PB : Ta position sur l’arbitrage video ?
Nous utilisons la vidéo, et vous avez suivi les dernières histoires, pour la validation de paniers en fin de temps de jeu. L’Euroleague est plus large sur l’utilisation de la vidéo pendant les matchs. Je crois que les règles vont évoluer, j’y suis favorable. Evidemment, nous ne regarderons pas si le marcher qui a été sifflé était juste ou pas, si la faute sifflée était bien une faute, … Par contre, la vidéo doit nous aider dans les fins de rencontres sur des situations où les arbitres doutent, sur des situations de conflit, …
PB : Un arbitre peut-il déjuger un autre arbitre ? Quel est le rôle de chacun des 3 arbitres sur un terrain en PROA ?
Déjuger est un mot trop fort ! Quand un arbitre se trompe et que c’est évident, son collègue peut venir lui donner l’information, mais c’est l’arbitre qui s’était trompé qui changera sa décision. Vous l’avez certainement vu sur des erreurs de sortie de balle !
A trois arbitres, chacun a le même rôle sur le terrain, les mêmes responsabilités. Le crew chief est par contre le garant que le trio fonctionne bien, qu’il est sur la bonne tonalité. Il est souvent plus expérimenté et donc s’assure que la rencontre va bien se dérouler.
PB : Les arbitres de LFB et de LF2 sont-ils gérés de la même façon que ceux de la PROA ?
Est- ce qu’il y a des arbitres « pour les compétitions féminines » et pour les masculins ou bien c’est le même « vivier » ?
Les arbitres de LFB font partie du groupe haut-niveau. Ce sont la plupart du temps des arbitres qui officient en NM1 et ProB. Il arrive parfois que des arbitres ProA soient aussi désignés, notamment en Play Off.
Pour la L2, ce sont les arbitres qui officient aussi sur la NM2 et les Espoirs ProA. Ils sont environ 120 en France, ce qui permet d’avoir plus de cohérence sur ces trois divisions. La FFBB ne souhaite pas, et je partage cette position, avoir des arbitres qui n’officient que sur des championnats féminins. Les rencontres masculines sont souvent plus physiques, vont plus vite, et cela permet aux arbitres de travailler différents aspects de l’arbitrage.
PB : Il y a très peu de femmes qui arbitrent – aussi bien dans le haut niveau que dans les divisions inférieures, et tant dans les compétitions masculines que féminines – as tu un avis sur la question ?
C’est une vraie question que se posent autant la FIBA que la FFBB. Pour cette année, nous avons un objectif du ministère qui est une augmentation de 2% du nombre d’arbitres féminins sur le territoire. Je suis très favorable à ce qu’il y ait plus de femmes dans l’arbitrage, notamment au haut niveau. J’aime voir des matchs féminins où les arbitres sont également des femmes. Je pense toujours à la jeune joueuse qui vient voir un match de L2 ou LFB et qui se dit : « Je rêve d’être joueuse, mais je pourrais aussi faire coach ou arbitre ! ». C’est pourquoi, je suis content que Valérie GARNIER soit à la tête de l’Equipe de France, mais combien a-t-on de coaches féminins en L2 et LFB ? Nous devons faire la promotion de l’arbitrage au féminin, et la FFBB travaille en ce sens. Et je lance la perche à des joueuses qui ont arrêté leur carrière ou qui vont bientôt arrêter… C’est une superbe opportunité de rester dans le milieu, sur le parquet, en apportant son expérience !
PB : Quel regard portes-tu sur les tenues des arbitres de basket en France ? Aimerais-tu porter une tenue zébrée ?
Je trouve la dernière chemisette très sympathique, un peu de couleur donne de la vie aux arbitres ! La tenue zébrée que portent les arbitres NCAA n’est pas d’actualité, mais on peut tout imaginer !!! Un arbitre en tenue léopard aussi !!! (Rires)
PB – On entend parler de problèmes d’effectifs chez les arbitres – Que dire aux jeunes pour les encourager à arbitrer ?
On entre au cœur de mon métier de formateur, je pourrais donc vous en parler pendant des heures ! Avant de parler aux jeunes, j’aimerais parler aux clubs et à leurs entraîneurs ! La première question à se poser est : « Que mettons-nous en place dans notre club pour favoriser la pratique de l’arbitrage ? », car il existe plein de chose à faire : intégrer l’arbitrage dans l’entraînement dès le Minibasket (http://www.basketfrance.com/arbitrage/docs/memoire_jeanneau_minibasket.pdf)
mettre en place des matinées de formations avec les entraîneurs et les arbitres du club, inviter les arbitres du club à arbitrer lors des entraînements des équipes jeunes et seniors, accueillir les arbitres qui viennent le week-end, faire de la promotion des jeunes arbitres du club lors de manifestations, afficher leurs désignations à côté de celles des équipes, …
Quant aux jeunes qui voudraient se lancer dans l’arbitrage, ils peuvent tout d’abord essayer dans le club à l’entraînement, puis lors des matchs de jeunes. Puis s’ils veulent poursuivre, ils peuvent suivre une formation mise en place par leur comité départemental ou lors de camps d’été arbitres, il y en a une douzaine en France…
Quoi qu’il en soit, l’arbitrage est une formidable activité, elle permet de voir le basket sous un autre angle, de faire plein de rencontres (collègues, clubs, équipes, dirigeants, …), de se responsabiliser. Connaissez-vous beaucoup de métiers où en 40 minutes, il faut juger chaque seconde d’intervenir ou pas, de gérer des Hommes et d’être capable de se justifier ? Même un Président de la République ne prend pas une décision toutes les secondes !!!
Tentez l’aventure, vous y prendrez goût, mais surtout n’arrêtez jamais de jouer ou entraîner !
PB : Que fait la Fédération pour améliorer la formation des arbitres et encourager les vocations ?
Elle multiplie les actions comme les camps d’été arbitres, nous sommes passés de un camp en France à Cholet à une douzaine, elle crée une « Mallette du formateur d’arbitres de club » qui verra le jour en septembre, elle emploie cinq arbitres formateurs pour intervenir dans les comités départementaux, les clinics d’entraîneurs, … Les comités mettent aussi en place différentes actions autour de la Fête du MiniBasket, de tournois, …
Nous avons cependant besoin de plus de promotion et de valorisation des arbitres afin de susciter des engagements dans la fonction et fidéliser les jeunes. Chacun peut le faire, à sa place, dans son club notamment (ex : présentation des arbitres du club lors du match de l’équipe première, les inviter à un petit repas, leur consacrer un espace sur le site ou dans le journal du club, …)
PB : Un site d’évaluation des arbitres de basket www.toparbitre.com a brièvement fait son apparition sur internet il y a quelques jours, mais a finalement renoncé à continuer ; en as -tu entendu parler ? Que penses-tu de cette initiative d’évaluer les arbitres par la communauté des internautes ?
J’ai découvert ce site lors de sa création et il a disparu de la toile rapidement ; je n’en connais pas les raisons. Je n’ai pas eu assez de temps pour y surfer et mieux le découvrir. Je suis juste méfiant de ces votes car le spectateur qui a repéré les arbitres, c’est souvent parce qu’il n’est pas d’accord avec eux, il ira alors plus facilement voter que le spectateur qui a vu un beau match de basket et ne se souvent pas des Hommes en gris… et donc qui n’ira pas voter !
PB : Quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?
« L’activité d’arbitre est très solitaire, mais y a t’il des personnes que tu souhaites remercier ? »
Ma réponse aurait alors été : « Oui, bien sur ! » J
Je veux remercier tous ceux qui m’on apporté dans ma formation. J’ai la chance d’être au niveau international, mais je n’oublie pas toutes les personnes qui m’ont aidé : mes entraîneurs, mes formateurs du département (arbitres et cadres techniques), de la région (là aussi arbitres et cadres techniques), puis au niveau national. Un immense merci à mon club de toujours où je suis licencié depuis plus de 30 ans, ils m’ont toujours soutenu. Et enfin merci à mes amis qui comprennent mes absences et surtout à ma famille pour son soutien et ses concessions !
Merci à votre site d’avoir pensé à l’arbitrage. J’espère avoir expliqué au mieux notre activité afin que tous les basketteurs la comprennent un peu plus !… et aient envie d’y goûter !
Parlons Basket remercie Johann Jeanneau pour sa disponibilité, sa réactivité, ainsi que pour la qualité et la clarté de ses réponses.