Fraîchement arrivé à Boulogne cet été, dans une équipe bien remaniée, Angelo Tsagarakis a accepté de répondre aux questions du Ils nous parlent Basket.
Présentation :
Parlons Basket : Peux-tu te présenter rapidement à nos internautes ?
Angelo Tsagarakis : Alors rapidement…Angelo Tsagarakis, surnommé Le Tsar, 29 ans, 1m90 pour 90 kilos, j’habite désormais à Boulogne sur mer et je joue pour le SOMB (State Olympique Maritime Boulonnais) actuel leader de Pro B au poste d’arrière titulaire.
PB : Comment as-tu découvert le basket, et à quel âge ?
AT : J’ai découvert le basket très tôt, un petit peu avant mes 8 ans, par l’intermédiaire de mon grand frère qui était féru de sports américains, et de basket en particulier. Pourtant à cette époque je pratiquais plus le foot et le tennis mais j’ai été rapidement pris par le virus et je ne me suis jamais arrêté depuis…ça fait désormais plus de vingt ans !!
PB : Oui cela va être un peu long, mais peut tu nous présenter rapidement ton parcours ?
AT : Avant de m’expatrier aux Etats-Unis et de poursuivre en professionnel je n’ai porté les couleurs que d’un seul club, Poissy-Chatou (qui par la suite est devenu Poissy-Yvelines). J’ai intégré les sections jeunes du club en 1993…en mini poussins et j’ai donc continué mon cursus avec mon club formateur jusqu’en 2002, j’avais alors 17 ans quand j’ai intégré l’équipe première à l’époque en N3. Le club avait malheureusement subi un dépôt de bilan administratif et avait été contraint de repartir en N3 alors qu’il était un club fanion de Pro B durant les années 90…
Poissy étant mon club de toujours et alors que je passais mon bac ES, ma mère et moi avions décidé que je finisse ma scolarité à la maison afin de pouvoir commencer ma carrière pro sur de bonnes bases. Le contrat maternel étant: pas de bac, pas de départ, où qu’il soit. A l’époque, j’étais encore intégré au groupe France junior sous la tutelle de Pierre Vincent, qui n’a pas soutenu mon choix de rester à Poissy (« pas suffisamment de prestige de jouer en N3 » selon ses termes…), ce qu’il m’a bien fait comprendre en ne me sélectionnant plus à partir de février 2002. L’année N3 s’était très bien passé avec le maintien pour Poissy avec qui on a fini 3ème de la poule, et j’ai fini l’année meilleur marqueur et passeur de l’équipe à 18 points et 9 passes par match.
A ce moment là mon idée principale était d’intégrer une formation de Pro A et de me positionner au sein du monde professionnel. Cependant je n’étais pas satisfait de l’option scolaire qu’offrait mon intégration en Pro A : en France à 20 ans (si ce n’est pas plus tôt), on est contraint de choisir entre le sport de haut niveau et les études, et ce choix ne me convenait simplement pas. Je me suis toujours dit que je n’étais qu’à une blessure d’une fin de carrière, et un DUT technique de commercialisation par exemple n’allait pas me permettre de m’épanouir pour une carrière post-basket. Par la suite, le hasard a fait qu’un de mes coéquipiers à Poissy, avec lequel je suis devenu proche, était américain. Il me disait toujours que j’avais tout pour réussir aux Etats-Unis et que la NCAA serait parfaite pour moi avec basket de haut niveau, structures professionnelles et études de haut niveau. Le choix s’imposait mais ne fut pas facile: Sylvain Lautié, qui me connaissait depuis l’âge de 12 ans à Poissy, m’a proposé mon premier contrat pro à Nancy à la fin de mon année N3, l’année après sa victoire en coupe Korac d’ailleurs. De plus Jacques Monclar, encore au PBR de l’époque, a essayé de me convaincre de rester et d’être deuxième meneur derrière Laurent Sciarra. Plus que le basket, les études m’ont poussé à m’expatrier. J’ai donc intégré une famille d’accueil au nord de San Francisco (des gens absolument merveilleux…) et j’ai passé un an en High School, à Casa Grande dans la ville de Petaluma.
Après l’une des années les plus prolifiques de ma carrière, j’ai été courtisé par une vingtaine de facs universitaires de prestige avec entre autres Vanderbilt, Utah, Washington, Oregon State, Gonzaga…et c’est pour Oregon State que mon cœur a penché. Je pensais vraiment avoir l’opportunité d’y écrire de belles pages d’histoire. Malheureusement après une année freshman prometteuse j’ai subi une grave blessure à l’épaule qui m’a écarté des parquets pendant un an…et à mon retour le coach avait simplement perdu foi en moi et j’ai vécu deux années très difficiles sur le banc. Une fois mon diplôme en poche j’ai décidé de profiter de ma dernière année d’éligibilité et de transférer à Cal Poly Pomona, une des toutes meilleures universités du pays en NCAA 2. J’y ai retrouvé toutes mes sensations, et cette saison m’a permis de me préparer à un retour en France en avril 2008.
J’ai signé mon premier contrat professionnel à Bourg-en-Bresse pour finir la saison et participer aux playoffs de Pro B. Après cette expérience très positive j’ai signé avec le Paris Levallois, puis Saint Vallier la saison suivante. Je suis ensuite retourné à Bourg-en-Bresse pendant deux ans, pour enchainer avec Châlons-Reims la saison dernière…et pour finir à Boulogne sur Mer cette saison (et la saison prochaine…).
Voici mon parcours en ABRÉGÉ (Rires)
PB : Nous savons que tu es un arrière shooteur, mais peux-tu décrire un peu plus ton style ton jeu ? Quels aspects de celui-ci dois-tu encore travailler ?
AT : Mon style de jeu est basé sur le scoring, l’instinct, la création et surtout la menace extérieure…à très longue distance. Je n’ai jamais été un fort rebondeur… c’est une chose sur laquelle je ne me suis jamais concentré et ce serait LE point à améliorer. Par contre je suis fier d’être devenu un défenseur solide au fil des années.
Questions d’actualités :
PB : Pourquoi avoir choisi de signer à Boulogne ?
AT : Boulogne sur mer s’avère être le projet adéquate à ce stade de ma carrière…Châlons-Reims ayant décider d’attendre une wild-card qui n’est finalement jamais venue, la ProA ne s’étant pas manifestée outre mesure, j’ai eu la chance d’avoir un club ambitieux comme Boulogne sur mer qui a décidé d’investir sur moi sur la durée pour les aider à passer un cap supplémentaire…et je donnerai tout dans cette optique.
PB : L’effectif a clairement changé cet été, pas difficile de s’adapter alors que tout le monde arrive au club en même temps, sans forcément se connaître sur le terrain ?
AT : C’est vrai que les automatismes peuvent prendre du temps à se créer lorsqu’on arrive dans un effectif autant chamboulé… mais ce n’est pas une fatalité surtout si humainement les attaches se forment rapidement. Je pense que le staff technique a fait un recrutement intelligent et surtout cohérent. Notre adaptation s’est faite très naturellement et a été rapide je trouve. Je pense qu’au delà du basket, l’aspect humain est réellement clé. Entre parisiens on se connaît bien, Mamadou Sy et moi nous nous connaissons depuis bientôt 15 ans…Junior Mbida est passé par le Paris Levallois…ce sont des exemples simples mais c’est un ensemble. Et puis un meneur altruiste comme Loic Akono facile le jeu pour tout le monde, un autre exemple.
L’effectif version 2013/14
PB : Comment décrirais tu le début de saison de Boulogne (13 victoires en 18 matchs) ?
AT : Historique, tout simplement ! Le SOMB est leader de Pro B pour la première fois de son histoire, c’est un moment très spécial, mais il va falloir tenir la distance sur une saison rallongée de 10 matchs…
PB : Es-tu satisfais de tes performances personnelles ?
AT : Satisfait ? Je suis insatisfait de nature…c’est une des clés pour continuer à avancer, mais je le suis forcément un minimum…tant qu’elles se traduisent en victoires pour le SOMB. Être performant dans une équipe qui perd n’aurait pas la même saveur.
PB : 44 matchs en saison régulière, c’est trop ?
AT : Non ce n’est pas trop, mais par contre ça demande une gestion encore plus importante de la récupération…l’organisme est déjà mis à rude épreuve avec une saison aussi longue, et l’est encore plus avec les matchs supplémentaires. Mais ce n’est pas un secret que tous les joueurs préfèrent les matchs aux entrainements, et de loin ! En finalité tout est une question de gestion.
PB : Tu es le plus vieux de l’effectif, et surement l’un des plus expérimentés avec Mamadou. Qu’est-ce que ça fait ? Les jeunes te demandent un peu de conseils ou pas ?
AT : J’étais le plus vieux en effet jusqu’à l’arrivée de Vedran Morovic il y a deux semaines, et je dois admettre que je ne m’y attendais pas du tout avant le début de saison. En l’espace de 4 ans je suis passé du statut de « jeune » au statut de vétéran. Mais c’est un statut qui me convient bien, et je prends à cœur mon rôle d’ancien. Le vrai plus c’est que nos jeunes sont réceptifs aux conseils, et c’est plaisant de pouvoir partager. La bienveillance est clé pour entretenir des liens sains et cultiver cet échange.
PB : Justement, à 29 ans et après avoir joué seulement en Pro B, la Pro A est un objectif ?
AT : La Pro A est clairement un objectif…et la Pro A avec Boulogne serait l’idéal.
PB : En parlant d’objectifs, l’équipe de France de 3×3. Toujours dans la tête ?
AT : Toute opportunité pour moi de porter le maillot France reste dans le coin de ma tête…si Richard Billant fait appel à moi, je répondrai présent à nouveau.
PB : Le concours à 3 points du All Star Game, on y croit hein ?
AT : Bien sûr, je ne fais le concours qu’avec l’idée de le gagner ! (Rires)
Quel est ? :
PB : Combien de shoots prends tu par jour pour être si adroit derrière l’arc ?
AT : C’est difficile de donner un chiffre exact sur une base journalière…tout dépend du niveau de fatigue sur la semaine, de enchaînement des matchs…mais ma mère me dit toujours qu’un pianiste doit répéter ses gammes quotidiennement, c’est un peu la même idée avec le shoot…je peux finir un entrainement avec 150 ou 200 tirs marqués…ou au besoin rajouter des séances individuelles d’une heure avec mon coach entre deux entraînements…
PB : Quel est ton idole ?
AT : Michael Jordan sans discussion… pas besoin de décrire mes raisons pour ce choix là, mais j’ajouterai que Joey Vickery est un joueur qui a beaucoup inspiré mon basket aussi.
PB : Le coach à remercier ?
AT : J’ai beaucoup de coachs que j’aimerai remercier dans l’absolu, car ils m’ont tous apporté des choses qui m’ont aidé à me construire…je pense en l’occurrence à François Videau et Frédéric Gravier…mais si je devais remercier UN coach, ce serait Vincent Lavandier.
PB : L’adversaire le plus coriace que tu ai rencontré ?
AT : Moi même…car je pense sincèrement que nous tous notre propre pire ennemi sur un terrain de basket…
PB : Ton rituel d’avant match ?
AT : Pour les matchs à domicile je me prépare presque toujours le même repas à midi…des aiguillettes de poulet accompagnées de pates 5 légumes.
PB : Ton match référence ?
AT : Mon prochain j’espère ! Je suis sûr que tu ne t’attendais pas à cette réponse ! (Rires)
PB : Ta saison la plus aboutie pour le moment en carrière ?
AT : Je pense que cette saison s’avère être la plus aboutie pour le moment, mais le meilleur reste à venir (et le plus dur reste à faire…)
PB : Ton pire souvenir en tant que basketteur ? Et le meilleur ?
AT : Il y a trois épisodes difficiles dans ma carrière… Je ne sais pas quel épisode mettre au dessus de l’autre mais je dirai : mes deux années sur le banc à Oregon State. Mon année particulièrement frustrante individuellement au Paris Levallois. Et de ne pas avoir pu faire les championnats du monde 3×3 à Athènes à cause de mon dos…
PB : Michael Jordan ou LeBron James ?
AT : Jordan
PB : Ton cinq idéal ?
AT : Magic Johnson, Michael Jordan, Scottie Pippen, Charles Barkley et Shaq… Injouable !
L’équipe Parlons Basket remercie chaleureusement Angelo Tsagarakis pour avoir accepté de répondre à nos questions !
Interview réalisé par Parlons Basket le samedi 12/12/2013.